L'EXIGENCE DES TROIS NUITS
PV ELUNE CROWLEY
Il s’était laissé faire comme une vieille merde, il s’était laissé tomber sur le lit, la pression de sa partenaire sur le corps. Il aurait voulu répliquer, parce qu’il n’aimait pas cette situation dans laquelle il ne contrôlait plus rien, et surtout, il se rendait compte qu’il avait été pris pour un con.
Un véritable abruti.
Elle jouait.
‘ Pourquoi moi ? ’, c’est ça qu’elle avait dit quelques minutes auparavant ? Quelle garce sans visage. Pire que lui, pire que Victoria— non. On ne peut pas faire pire que Victoria, mais quand même. Elune n’avait pas de face.
Il sentit les lèvres de la jeune fille sur les siennes, son souffle chaud, leur proximité qui l’aurait excité en d’autres circonstances, mais ses pensées étaient bouillantes, abrutissantes, trop nombreuses, il ne réalisait même pas vraiment. Les mains de la Wengyard glissaient dans ses cheveux. Tout se passait tellement vite et il ne savait même pas s’il saisissait les événements dans le bon ordre, il bougeait à peine et son corps demeurait totalement inanimé malgré la présence d’Elune à moitié allongée sur ce dernier. Son coeur, ceci dit, était animé de soubresauts incontrôlables.
Il ressentait quelque chose qu’il n’avait pas envie de ressentir lorsqu’elle posait les mains sur lui, alors que c’était une garce qui ne faisait que jouer. Lui aussi, n’est-ce pas? N’était-ce pas ce qu’il voulait ? Jouer ?
Non. Il aurait voulu la briser. La briser comme Victoria avait pu le briser, en mille morceaux. Tellement de frustration s’emparait de lui, tellement de sentiments contradictoires. A peine cinq minutes auparavant, il se sentait mal à l’aise par rapport à ce qu’il avait fait, et là, il était empli d’une colère sans nom. Il avait ce qu’on pourrait appeler une naissance de sentiments pour cette garce immonde qui était sur son corps, et il se détestait pour ça. C’était une pute. Une connasse, comme l’autre, comme lui l’était devenu. Il avait fait ça à tellement de filles avant Elune, et après Victoria.
A aucun moment il ne la regarda dans les yeux. Mais au deuxième baiser qu’elle lui offrit, il ne resta pas de marbre. Tout d’abord parce qu’elle avait entreprit plus qu’un baiser timide et chaste, mais aussi parce qu’il était animé par tellement de sentiments à la fois qu’il voulait juste évacuer. Tout perdre dans ce baiser. Collés, serrés et animés d’une passion jusque là retenue, ils étaient deux à déverser leur haine.
Il fit pression sur le dos d’Elune avec sa main alors que l’autre était dans les cheveux de la Wèngyard, et continuait de la chercher avec avidité. Il était tellement en colère. Ou autre chose, il n’aurait su dire. Leurs langues se caressaient de gestes presque violents et tellement passionnels qu’ils auraient pu tous deux sombrer dans le vice tellement vite, mais il n’en fut rien.
Après un moment, Elune se recula. Jace n’arborait qu’une expression difficilement descriptible, mais rien ne se rapprochant de la déception ou de la tristesse. Il s’agissait de tout autre chose, quelque chose de tellement fort. Tous deux essoufflés, ce fut Elune qui prit la parole — Jace n’aurait de toute façon pas eu quoi que ce soit à dire.
« Tu as intérêt à te souvenir du goût de celui-là, parce que ce sera la dernière fois. »
Un sourire s’était affiché sur le doux visage empli de sadisme de la jeune fille, ce qui n’était pas commun dans leur relation. Pour le moment, tout ce que Jace savait arborer comme expression sur le sien était totalement neutre: sans goût, sans couleur, sans l’ombre d’un sourire mais surtout, sans l’ombre de tristesse.
Il l’observa se lever et se changer. Il l’aurait volontiers poussée contre le mur pour continuer leurs ébats. Même si c’était une pute. Il voulait la faire tomber. Et en même temps, son coeur battait plus vite que d’habitude, et pas uniquement parce qu’ils venaient de s’embrasser furieusement. Un petit picotement se faisait ressentir aussi. C’était une pute.
« Je dois quand même te le dire, ton frère embrasse mieux que toi. Il est plus sauvage, c’est amusant. »
Sale pute.