La déception, voilà un sentiment qui était assez familier pour Oliver depuis qu'il était rentré à l'académie. Ce sentiment amertume qui ne cessait d'alimenter ses longs soupirs en fin de journée, cette impression de dépit qui le prenait au tripe à chaque fois qu'il se posait dans un coin pour réfléchir un peu à ce qui s'était passé depuis qu'il avait intégré l'équipe pédagogique de Primepoc. Il était rentré en tant que professeur avec comme tout le monde des espoirs, des rêves et une certaine ambition mais s'il devait faire le point aujourd'hui, tout ne pourrait se résumer qu'à une succession de désillusions et un éternel désenchantement. Que ce soit de la part des élèves tous plus inintéressants ou ennuyeux les uns que les autres, des professeurs avec qui il n'avait aucune affinité ou même de la liberté dont il bénéficiait en tant qu'enseignant, rien ou presque n'avait su être à la hauteur de ses attentes, rien ne l'avait jamais réellement satisfait...

La déception ! C'était aussi sans doute le mot qui définissait le plus ce que ressentait Oliver lorsque quelqu'un évoquait le nom d'Elune Crowley, à la fois l'objet de ses plus vicieuses convoitises et le sujet de ses plus grandes frustrations. Oui, si le trentenaire devait soulever un point crucial dans sa jeune carrière de professeur, s'il devait citer un seul événement marquant pour ces quelques mois passés à Primepoc, se serait bel et bien sa rencontre et sa relation avec la Wengyard à la chevelure bleutée. Des histoires comme la leur, il n'y en avait pas des tonnes dans le monde, nouveau comme ancien ! Une romance torturée entre professeur et élève, dans un fond de provocation sensuelle et de pulsions insatisfaites... Il y aurait certainement de quoi faire un best-seller avec ça, pouvant sans nul doute rivaliser avec l'actuel tenant du titre « Anarchy vs Democracy » ou le maintenant culte « Ma vie secrète avec mon cousin ». Lieux et situations sordides, drame et comédie, leurs aventures auraient pu mener à quelque chose si lors de leur dernière rencontre, tout ne s'était pas brusquement arrêté de la manière la plus froide qui soit. Une boule dans la gorge, un soupir de désespoir : voilà tout ce que gardait le professeur Grimm de leurs têtes à têtes torrides...

...Et il aurait peut-être préféré rester sur cette impression et l'oublier plutôt que de devoir la revoir en dehors des cours, ce qui aurait été plus aisé si seulement l'administration n'avait pas fixé à la jeune femme une punition aussi contraignante ! En effet, si Oliver avait préféré se muer dans une indifférence acerbe à l'égard de la demoiselle, Miaouss n'avait lui pas décidé de réduire la peine d'Elune, la forçant à avenir aider le professeur de survie pour encore une longue semaine. L'enseignant avait beau avoir expliqué que de toute façon il n'avait plus besoin d'elle, le chat lui avait bien fait comprendre qu'elle devait venir encore au moins une fois avec lui en déplacement pour l'aider dans sa préparation de cours... Ce qui un mois auparavant avait été amusant était aujourd'hui une plaie, un retour de bâton pour le borgne qui n'avait aucune envie de passer du temps avec ce fruit à la fois défendu et empoisonné qu'était la belle. Contraint d'accepté, il avait donné rendez-vous à l'élève près du lac gelé où il avait quelques petites choses à régler, lui demandant à contrecœur de venir passer la journée avec lui dans la zone Nord.

Ce n'était pas tant le fait de traîner avec la Wengyard qui gênait Oliver mais bel et bien ce que cela impliquait. Si sur le coup de la dernière fourberie de la demoiselle, le jeune homme avait simplement été déçu et blasé, il voyait les récents événements sous un angle différent aujourd'hui. Comment se déroulerait ce jour-là ? Quand on avait vu ce qu'avaient donné les deux premières rencontres, on pouvait être en droit de s'attendre à quelque chose de surprenant ! Mais ce qui était parfois surprenant pouvait également être dérangeant, et le trentenaire n'avait pas vraiment le loisir d'ajouter de la gêne ou du malaise dans sa vie déjà parfaitement instable ! Et Dieu savait qu'une journée entière seuls dans un endroit où personne d'autre ne rôderait était le meilleur moyen pour les protagonistes du jour de se mettre dans une situation incroyable et rocambolesque, de celle qui les enliseraient tous les deux dans une relation encore plus étrange que celle qu'ils avaient déjà.

Le seul point positif de cette journée était que comme ils seraient au lac gelé, Oliver pourrait s'occuper des affaires qui le retenaient en ces lieux. En effet, un peu plus tôt dans la semaine, il était venu là pour rejoindre un vieil ami tenant un gîte isolé dans les parages et quelques péripéties l'avait emmené à... Eh bien détruire une partie du refuge. Sans s’appesantir sur les détails, ses pokémons avaient quelques peu fragilisé le bâtiment et toute une façade de ce dernier n'était lamentablement écroulé. Souhaitant la rebâtir, il avait dormi sur place ces trois derniers jours et comptait sur cette journée pour finir la reconstruction, ayant contacté l'académie en faisant passer ça pour une sortie de préparation de cours ! Malheureusement, c'était à l'évocation de ce voyage que le staff de Primepoc avait décidé de lui coller Elune dans les pattes !

Ce fût en revenant de la forêt qu'il la croisa, cette dernière se tenant près du lac alors que lui était en chemise de bûcheron, une hache à la main et un air neutre sur le visage. Derrière lui, Héliès et Héra transportaient des bûches assez imposantes coupées un peu plus tôt, portant ça comme si c'était du petit bois. Elle le salua d'un bonjour peu enchanté et lui ne prit même pas la peine de lui faire l'honneur d'une telle politesse, se contenant de passer devant elle et de longer le lac pour aller un peu plus loin sur la rive :

« Suivez-moi... »

Ils firent une centaine de mètres jusqu'à arriver devant un chalet partiellement délabré, un pan de mur totalement effondré et en plein chantier. Oliver fit signe à ses pokémons de déposer leur cargaison dans un coin et d'apporter une bûche sur ce qui semblait être une souche d'arbre. De sa main, il désigna un endroit dénué de neige à Elune, ajoutant :

« Vous pouvez déposer vos affaires là, tâchez juste de veiller à ce qu'aucun Farfuret ne profite d'un moment d'inattention pour voler votre sac. La retenue doit durer toute la journée, donc vous pourrez retourner en ville pour prendre le train aux alentours de 18h. J'ai pris la peine de préparer des sandwichs si vous avez faim, pour le reste, vous êtes libre de faire ce que vous voulez mademoiselle Crowley... »

Sa voix était dénuée d'une quelconque intonation hostile, voir même d'une quelconque intonation tout court. On aurait presque dit un robot récitant une leçon ou un programme qu'il aurait appris. On pouvait cependant sentir son désintérêt profond pour la demoiselle ou du moins, l'envie qu'il avait de faire comme s'il n'avait plus rien qui le liait à la Wengyard. Contrairement à son habitude lorsqu'il la croisait, jamais depuis leur rencontre du jour il n'avait esquissé le moindre sourire ni n'avait plongé son regard dans le sien. C'était pour le mieux selon lui ou alors, pour le moins pire... En silence, il avait regagné la souche quelques mètres plus loin et s'en servit de billot, commençant à tailler des bûches en deux sous le regard de ses pokémons. Elune pourrait faire ce qu'elle voulait, tant que cela n'impliquait pas le professeur...

Héliès nom du pkm : Mackogneur sexe : Mâle nature : Rigide cap. spé : Cran

- Balayage (physique ; dépend du poids du pokémon) - Groz'Yeux (autre ; baisse la défense d'un niveau) - Puissance (autre ; augmente les chances de coup critique) - Poing-Karaté (physique ; 50 ; taux de critique élevé) - Clairvoyance (autre ; peut frapper les types spectre) - Balayette (physique ; 65 ; baisse vitesse ennemi d'un niveau) - Frappe-Atlas (physique ; inflige autant de dégâts que le niveau du pokémon) - Vendetta (physique ; puissance doublée si le lanceur est touché) - Corps Perdu (physique ; 70 ; priorité -1) - Réveil Forcé (physique ; 60 ; réveille le pokémon adverse) - Sacrifice (physique ; 80 ; le lanceur perd ¼ des PV infligés) - Garde Large (autre ; protège des attaques de groupe)

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Le bruit sec et répétitif de l’impact de la hache sur les bûches aida sans doute Oliver à garder son calme, restant concentré sur un seul et unique point pour ne pas bêtement s’éparpiller dans les sentiments qui menaçaient de l’envahir en présence d’Elune. Le regard fixe, la respiration lente et le corps enchaînant les mêmes mouvements encore et encore constitueraient sa manière de méditer en cette fraîche journée en montagne. Tentait-il de fuir la confrontation avec la demoiselle ? Peut-être, certainement même ! Aujourd’hui il avait besoin de calme et par expérience, il savait qu’il était impossible d’envisager une journée sereine avec la jeune femme dans les parages alors autant faire comme si elle n’était pas là. C’était sans doute un peu puéril de sa part, indigne de lui mais lorsqu’il s’agissait de la Wengyard, les agissements d’Oliver n’étaient pas forcément les plus logiques qui soient !

Parce qu’il aurait menti en prétendant que la présence de la demoiselle ne lui faisait ni chaud ni froid, qu’il était passé bien au-dessus de tout ce qu’ils avaient vécu ensemble. Il avait longtemps espéré que ce soit le cas, faisant comme si les récentes péripéties entre eux n’avaient eu aucune signification à ses yeux, que cela n’avait été qu’une relation passagère et dont il oublierait bien vite les détails. Mais en réalité, il avait beau tenter d’enfouir les souvenirs qu’il avait de leurs confrontations au tréfonds de son âme, il ne pouvait s’empêcher de les sentir bouillir en lui, animant une aigreur et une colère latentes qu’Elune arrivait aisément à faire ressortir rien qu’en se tenant là non loin de lui. Il avait été piqué dans son orgueil d’une manière inédite lors de leur précédente rencontre, blessé sans réellement comprendre comment. Qu’elle se joue de lui n’avait pas été le problème : c’était le jeu qui voulait ça… Mais que ça l’affecte un peu, ça c’était quelque chose d’anormal à ses yeux. Elle n’était rien et pourtant représentait tant, ils étaient presque des inconnus et malgré tout ils n’avaient cessé d’être comme deux aimants, s’attirant autant qu’ils se repoussaient. Et pour leur bien commun, il valait mieux qu'ils gardent leurs distances pour le moment...

C'était du moins l'avis d'Oliver, un avis pas franchement partagé par la jeune femme qui après quelques minutes à ne rien faire vint s'adresser à lui, bouillonnant d'une rage à faire fondre les glaciers. Si le professeur avait pensé qu'elle accepterait ce deal entre eux, à savoir lui faisant tout de son côté et elle faisant ce qu'elle voulait du sien, il s'était apparemment trompé ! Ruminant de colère, elle déversa son venin sur lui sans vergogne : elle n'était pas content du traitement qu'il lui avait réservé aujourd'hui et comptait bien le faire savoir ! Ses mots claquèrent dans les airs comme des réprimandes en bonnes et dues formes, une critique acerbe de qui il était par la personne qui devait certainement le détester le plus dans ce monde. Et si l'attaque dont le trentenaire était victime n'aurait d'ordinaire même pas titillé son intérêt, entendre la demoiselle lui parler de la sorte le fit rugir intérieurement de haine. Ses dents se serrèrent au même titre que ses doigts sur la hache qu'il tenait fermement, ses lèvres pincées dans une expression de retenue évidente et son regard noir plongé dans celui de la jeune femme. Il aurait aimé répliquer, lui dire à quel point il trouvait lui aussi son attitude déplorable et qu'il aurait mille fois préféré être seul plutôt que de passer la journée avec elle mais son instinct lui dictait d'encaisser et de ne rien dire... D'attendre pour une fois avant de se jeter sur elle comme un sauvage. Sa respiration plus marquée qu'auparavant, il l'écouta sans la couper avant de la voir repartir vers le lac bouder comme la gamine qu'elle était à ses yeux. Elle semblait avoir fini ses accusations et lui avait survécu à la tempête... Ou presque !

Alors qu'elle s'éloignait, Elune crût bon de rajouter une phrase, une simple phrase qui fit tout basculer dans la tête d'Oliver. Comment osait-elle parler de cette soirée comme ça ?! Comment avait-elle le cran de prétendre qu'il était celui qui avait mal digéré cette nuit ?! D'un geste brusque, il planta la hache dans la souche en serrant le poing, brûlant d'un désir de représailles ! Il se tourna vers elle, mettant les mains dans les poches pour éviter de montrer son agacement profond à la demoiselle, finissant par siffler :

« Je ne suis pas certain d'être la personne puérile ici mademoiselle Crowley et à vu d'oeil, vous semblez être celle qui digère mal notre dernière rencontre ! »

D'un pas lourd et déterminé, il s'approcha d'elle avec une colère à peine dissimulée, sous le regard de ses pokémons qui n'osaient faire le moindre geste : l'attitude de leur maître n'était pas habituelle et si elle était due à la présence d'Elune, jamais ils n'avaient pu le voir comme ça auparavant :

« Je n'ai pas voulu de vous aujourd'hui ! Vous m'avez prouvé par le passé que vous êtes non seulement décevante mais que mon jugement personnel mis à part, vous êtes incapable d'effectuer la moindre tâche qui me soit d'une quelconque utilité, ici ou ailleurs ! Vous ne devez votre présence qu'au seul désir de l'académie et certainement pas au mien et si j'accepte de vous avoir dans les environs, cela ne signifie pas que je doive vous accorder plus d'attention que nécessaire ! »

Il n'avait pas prononcé ces mots avec son calme habituel, s'emportant pour la première fois depuis longtemps. Ses sentiments, ses impressions à propos de la situation jaillissaient maintenant, crachés au visage de la jeune femme comme des dagues projetées sur une cible. Non, il n'était pas neutre à son égard, il ne l'était définitivement pas même : c'était tout l'inverse ! Elle le changeait, faisait ressortir un certain aspect qu'il avait dissimulé depuis son arrivée à Primepoc : ce n'était pas la colère ni la déception qu'elle animait chez lui principalement chez lui, mais la passion ! Une passion qui le faisait s'exprimer à cet instant, d'une manière inhabituelle et qui lui faisait autant de bien que de mal... Quelle que soit la relation étrange qu'il semblaient entretenir tous les deux, la seule chose certaine c'était qu'Oliver s'était impliqué dedans plus qu'il ne l'avait jamais fait avec quiconque d'autre à l'académie. En arrivant à sa distance, il inspira un grand coup en baissant d'un ton, ce dernier étant cependant encore plus sec qu'auparavant :

« Si vous souhaitez attirer mon attention parce que vous sentez que vous avez encore quelque chose à me prouver, allez cueillir des baies ou prenez une hache et coupez du bois, ça m'est totalement égal. En ce qui me concerne, j'en ait terminé avec vous ! »

Il était à quelques centimètres d'elle, droit comme un I et son regard plongé avec intensité dans le sien... Un mois plus tôt, il se tenait à la même distance avec l'intense envie de l'embrasser : aujourd'hui, rien au monde n'aurait pu le pousser à unir ses lèvres à celle de la Wengyard... Ou peut-être était-ce ce qu'il avait envie de croire...

Héliès nom du pkm : Mackogneur sexe : Mâle nature : Rigide cap. spé : Cran

- Balayage (physique ; dépend du poids du pokémon) - Groz'Yeux (autre ; baisse la défense d'un niveau) - Puissance (autre ; augmente les chances de coup critique) - Poing-Karaté (physique ; 50 ; taux de critique élevé) - Clairvoyance (autre ; peut frapper les types spectre) - Balayette (physique ; 65 ; baisse vitesse ennemi d'un niveau) - Frappe-Atlas (physique ; inflige autant de dégâts que le niveau du pokémon) - Vendetta (physique ; puissance doublée si le lanceur est touché) - Corps Perdu (physique ; 70 ; priorité -1) - Réveil Forcé (physique ; 60 ; réveille le pokémon adverse) - Sacrifice (physique ; 80 ; le lanceur perd ¼ des PV infligés) - Garde Large (autre ; protège des attaques de groupe)

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La proximité entre eux, chose à la fois commune et paradoxalement inédite ! Si chacune de leur rencontre s'étaient toujours soldée par un moment où ils étaient très proches physiquement parlant, l'issue n'avait jamais été similaire ! Du désir le plus bestial à la haine viscérale, de la tentation à l'indifférence en passant le dégoût le plus total, ils étaient tous deux passés par bon nombre d'états contraires mais avaient à chaque fois vécu ça avec une intensité presque exagérée. Que ce soient leurs souffles ou leurs parfums, ils avaient aujourd'hui bien meilleure connaissance de l'autre et c'était en partie grâce à ces moments uniques et presque intimes, ces plaisirs partagés et cette attraction malsaine... Mais aujourd'hui, il n'était pas question de se délecter de cela ! Non, la rage les rongeait tous les deux et à présent, l'effort le plus difficile à faire était de ne pas céder à l'envie de se sauter dessus, à la gorge pour être plus précis ! L'indifférence d'Oliver avait volé en éclats comme un miroir d'illusions qu'elle avait brisé de ses mots, libérant la bête sauvage et agressive qu'il était lorsqu'on osait le chercher avec un peu trop d'insistance. Il avait craché son venin comme un serpent  sur sa proie mais contrairement au reptile, le professeur n'avait plus de sang-froid. Il rageait, pestait contre celle qui avait osé évoquer l'interdit, qui l'avait attaqué de la manière la moins subtile qui soit. Elle voulait la guerre ou peut-être seulement attirer l'attention du trentenaire, mais quel que fut son but en agissant ainsi, elle avait eu ce qu'elle voulait !

Il la transperçait de son regard acéré, les sourcils froncés et le visage définitivement fermé. Il n'était pas là pour rire, n'avait aujourd'hui pas l'envie de se jouer d'elle comme il l'avait fait les deux premières fois. Il avait peut-être été blessé dans son orgueil lors de leur dernière rencontre et leur relation avait certainement changé aux vues des derniers événements : de fait, il n'avait plus vraiment l'intention de se comporter comme il l'avait fait auparavant avec elle. Elune en revanche semblait se délecter de la situation, un petit sourire amusé et provocateur aux lèvres. Trouvait-elle ça drôle, de le pousser à bout comme elle venait de le faire ? Se régalait-elle de la rage qu'il déversait sur elle comme une récompense à sa provocation grossière et malvenue ? Il en doutait, parce qu'il avait lui aussi senti qu'elle n'était pas dans l'indifférence, qu'elle n'était pas juste là par provocation. Il l'avait touché d'une certaine manière, tout comme elle l'avait fait pour lui. Ils avaient peut-être souffert de tout ce qui s'était passé entre eux, plus qu'ils ne l'avaient tous les deux envisagés. Ils s'étaient piégés mutuellement dans cette relation incongrue et aujourd'hui, ils subissaient les conséquences de leur jeu pervers. A trop vouloir jouer avec le feu, ils s'étaient brûlés et la marque laissée par leur insouciance semblait être plus ancrée en eux qu'ils ne l'avait laissé paraître jusque-là.

Insolente, voilà comment elle réagit aux propos qu'il avait tenu devant elle, agissant comme la peste qu'elle aimait être ! Son comportement était inapproprié et insupportable et Oliver bouillonnait de la voir ainsi, en arrivant presque au stade où une veine viendrait grossir au niveau de sa tempe pour manifester son mécontentement. Elle voulait le pousser à bout et même s'il en était conscient, elle était en bonne voie pour réussir son coup ! En survie, on apprenait à toujours garder son calme et alors que le borgne avait toujours prétendu exceller dans ce domaine, la Wengyard venait de prouver que même lui avait ses faiblesses, ses failles à exploiter. Il était tiraillé de toutes parts, son esprit hésitant entre lui sauter dessus pour l'embrasser avec fougue, lui foutre une claque monumentale ou simplement éclater d'un rire dément et incontrôlé. Au final, il se contenta de fermer son œil un moment en inspirant un grand coup, une moue énervée sur les lèvres alors qu'il l'écoutait d'une oreille distraite, sa colère bourdonnant même dans ses oreilles. Elle allait agir comme une gamine pour l'emmerder et ça, il allait avoir du mal à le supporter. Il n'avait pas besoin de quelqu'un pour le suivre partout, surtout pas elle : il voulait de la solitude ! Du moins, il essayait de s'en convaincre car s'il désirait ardemment voir la demoiselle lui foutre la paix, elle ne le laissait tout de même pas indifférent... Et c'était ça le problème : même lorsqu'elle l'irritait au plus au point, elle était capable de le faire réagir, ce qui n'était vraiment pas normal à ses yeux ! Quel que soit l'effet qu'elle pouvait avoir sur lui, il ne pouvait nier que cela entraînait une attirance malsaine entre eux... Une attirance dans laquelle il s'était enlisé encore aujourd'hui et dont il n'arriverait pas à se dépêtrer, à son plus grand déplaisir... Ou pas ?

« Oh je ne suis pas là pour vous prouver que je suis un bon professeur, vous ne méritez même pas que j'essaye ! Et je sais pertinemment que vous êtes là par ma faute et croyez-le bien, je regrette énormément de vous avoir piégé de la sorte... J'aurais plutôt dû m'arranger pour que vous soyez expulsée ! »

Il avait prononcé ses mots en serrant les dents de colère, suffisamment audible cependant pour qu'elle en discerne le sens général. Ses mots avaient dépassé sa pensée mais c'était la haine qui parlait pour lui, alors qu'elle s'éloignait pour se rapprocher du billot. Elle allait vraiment se mettre à lui pourrir la vie de la sorte aujourd'hui ? Il la suivit en se tenant suffisamment loin d'elle pour être certain que si l'envie lui en prenait, il ne pourrait pas l'attraper pour l'étriper d'un geste. Rangeant de nouveau ses mains dans ses poches, il sourit sarcastiquement en écoutant sa remarque, la première once d'un amusement amer pour aujourd'hui :

« Si m'éloigner de l'académie pouvait me permettre d'avoir un peu de paix, j'accepterais volontiers de vivre dans la nature ! Mais apparemment, même dans les coins les plus reculés d'Idryss, je trouverais toujours quelqu'un pour me casser les pieds et décider de me suivre partout... Et vous semblez particulièrement forte à ce jeu ! »

Il s'avança un peu jusqu'à la dépasser, se tenant non-loin du chalet en regardant la façade détruite. Il resta pensif un court instant, essayant de retrouver un calme relatif en évitant tout contact visuel avec elle. Qu'est ce qui lui arrivait ? Comment pouvait-elle avoir une si forte influence sur lui ? De mémoire, il ne se souvenait pas de gens ayant réussi à le chambouler autant avec de simples mots... Elle était le point central de sa vie d'aujourd'hui, même s'il ne l'avait pas choisi et qu'il le veuille ou non, il ferait avec ! Pour répondre à la question de la jeune femme sur sa raison d'être ici, il se contenta d'un simple :

« Disons que je dois bien ça à un vieil ami... De plus, je suis en parti responsable de la casse, c'est la moindre des choses que de réparer ça ! »

Il se retourna vers elle, légèrement plus serein que quelques minutes auparavant. On pouvait encore sentir sa haine, mais elle s'exprimait un peu moins que lors de sa crise de colère. Il arriva de nouveau à sa hauteur, la toisant du regard en la fusillant légèrement de ce dernier, inspirant profondément une nouvelle fois :

« Je vous ait laissé une chance d'être tranquille aujourd'hui mademoiselle Crowley, mais je commence à croire que malgré toute la haine que vous éprouvez à mon égard, vous prenez du plaisir à souffrir de mes traitements, à aimer tout ça... A aimer être avec moi ! »

Il eu un petit sourire sadique en prononçant ces mots, la défiant du regard alors qu'il s'approchait de nouveau d'elle, avec cette même démarche d'approche, intrusive et sournoise mais terriblement délicate, comme un serpent. Il la pointa du doigt en enfonçant ce dernier doucement au niveau de son épaule, finissant par murmurer :

« Je ne le répète donc une dernière fois... Restez en dehors de mon chemin aujourd'hui... »

Le message était clair, la réponse qu'elle lui fournirait l'était un peu moins, même s'il se doutait qu'elle ne s'éloignerait pas gentiment pour lui faire plaisir...

Héliès nom du pkm : Mackogneur sexe : Mâle nature : Rigide cap. spé : Cran

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Il pouvait sentir la rage qui brûlait en elle au moins autant que celle qui le consumait quand l'élève osait prendre la parole, lui tirant ces petites piques mesquines et qui le blessaient plus que de raison. Il percevait dans les mots de la jeune femme tout le mépris et l'irrespect qu'elle n'hésitait plus à lui cracher au visage, mettant de côté l'inégalité du rapport élève professeur pour simplement faire face à l'homme trentenaire et qui l'avait dupé lors de leur première rencontre. Comment pouvait-il se laisser parler sur ce ton ? Pourquoi se sentait-il aussi vulnérable aux attaques verbales dont elle avait pu l'assaillir depuis son arrivée ? D'ordinaire, il était vraiment la dernière personne à se vexer d'un tel traitement, s'amusant même des éventuelles critiques dont il pouvait être victime et retournant aisément ces dernières contre ses opposants. Il l'avait prouvé pendant son cours : il se fichait pertinemment de l'avis de gens, en particulier de ses élèves. Mais qu'il en ait conscience ou non, il était évident qu'Elune ne faisait pas vraiment partie de la catégorie des gens insignifiants pour lui. Pire, l'avis de la jeune femme avait d'une manière ou d'une autre un impact sur sa façon d'être et d'appréhender les choses, ayant ainsi réussi là où tant d'autres avaient échoué : elle avait de l'influence sur Oliver. Il avait le choix -ou l'erreur c'est selon- de la laisser pénétrer dans le cercle très fermé des gens dont il se souciait et si aujourd'hui il était en train de le regretter assez amèrement, il ne pouvait pas faire marche arrière... Et ça le faisait rager ! Pourquoi n'arrivait-il pas à avoir le contrôle total des événements, comme il l'avait toujours eu ? Cela aurait été tellement plus facile : elle aurait subi, craqué et lui en serait ressorti satisfait ! À la place, ils étaient tous deux enlisés dans cette situation qui les liait dans la haine de l'autre et rien n'était plus inconfortable que ça. Une dispute, c'était le fruit de leur relation et leurs paroles étaient comme un concentré de tension et de frustration qu'ils avaient dû retenir pendant tout ce temps et qui venait d'exploser comme une bombe à retardement en cette matinée de Mars, après un mois d'attente silencieuse. Des moments passés ensemble, ils ne semblaient n'avoir retenu que l'aigreur et l'amertume et aujourd'hui, ils réglaient enfin leurs comptes... Apparemment définitivement !

Mais s'il détestait le fait de devoir entrer en confrontation permanente avec elle dans cette joute verbale violente et submergée par les sentiments éprouvés par les deux partis, Oliver semblait intérieurement encore plus regretter que les choses ne se soient pas passé autrement. Pendant un moment, il avait cru en la possibilité qu'autre chose se construise entre eux, une sorte de relation au moins aussi malsaine que celle actuelle mais moins conflictuelle, plus intime. Elle avait du charme et il avait bien malgré lui céder à ce dernier, au moins autant qu'elle avait succombé au sien dès les premiers instants de leur rencontre. Il ne se l'était jamais vraiment avoué jusque-là mais il s'était un peu piégé ce jour-là, acceptant de prendre des risques pour pouvoir continuer à la fréquenter et à se jouer un peu d'elle. Si ce n'était pas de l'amour, on aurait presque pu penser qu'il s'agissait de son équivalent glauque, une sorte de désir irrépressible qu'il avait pu avoir pour la Wengyard, une pensée lancinante, perpétuelle et doucereuse à laquelle il s'était fait et qui surgissait à chaque fois que quelqu'un évoquait son nom, à chaque fois qu'il pensait l'apercevoir au détour d'un couloir. Elle occupait son esprit, avait le don de le faire tressaillir d'un souffle et en avait parfaitement conscience... Elle en abusait même !

Oui, elle ne le laissait pas indifférent et oui, elle arrivait à le perturber rien que par sa présence ! Mais elle espérait vraiment pouvoir le provoquer ainsi, alors qu'il en était de même pour elle ? Il avait vu l'énervement naître dans ses yeux, grandir jusqu'à devenir une haine viscérale qu'elle ressentait en lui parlant. Mais cette animosité à son égard, c'était aussi la manifestation du désir qu'elle éprouvait pour lui, ce même désir qui l'avait poussé à le séduire dans la forêt interdite et à pratiquement craquer alors qu'ils se défiaient mortellement. S'il était embrouillé par ce que lui ressentait, il n'était pas dupe de ce qu'elle éprouvait : elle ne voulait pas se détacher de lui malgré le fait qu'elle dise le contraire...

« Ne poussez pas votre chance en tentant de me séduire mademoiselle Crowley, le charme de votre insolence ne m'amuse plus vraiment... »

C'était faux, il savait encore trouver ça très séduisant, trop même ! Elle avait cette façon d'agir qui allumait un feu ardent en lui, celui qui l'aurait facilement poussé à lui sauter dessus si seulement il n'était pas aveuglé par l'aversion qu'il éprouvait à son égard en ce moment. Elle avait refusé de fuir et était prête à passer la journée avec lui malgré tout ce qui lui ferait endurer, osant même le pousser encore un peu pour qu'il craque. Elle n'avait pas tenu compte de ses mises en garde et il lui ferait regretter ça, il lui ferait regretter tout ce qu'il jugeait qu'elle ait fait de travers... Il la punirait à sa façon et après tout, c'était ce qu'elle semblait vouloir ! Alors qu'elle s'avançait vers la maison, elle frôla son bras et il s'en mordit la lèvre inférieure, résistant à la tentation de l'attraper... Il ne savait pas vraiment ! Il se contenta de la regarder sans rien dire, écoutant ses propositions en restant le plus stoïque possible :

« Si je dois assumer mes responsabilités en tant que professeur, ne croyez pas que je vais vous laisser choisir ce que vous allez devoir faire ou non ! »

Il attrapa d'un geste le manche de la hache et la retira vivement du billot, la tenant fermement dans sa main alors qu'il s'approchait de lui. Elle l'avait poussé à bout, dans tous les sens du terme et s'il était à deux doigts de craquer mentalement, il se rendit compte que c'était le meilleur moment pour se ressaisir. Un sourire exagéré aux lèvres, le regard brillant d'une perfidie avérée, il arriva à sa hauteur comme un prédateur près de sa victime :

« Après tout ce temps à m'éviter et à éviter mes cours, tout porte à croire que vous êtes soit peu intéressée par l'idée même de survivre, soit qu'au contraire vous en maîtriser les moindres particularités ! En tant que professeur, c'est mon rôle de vérifier que les notions que je suis sensé vous apprendre sont retenues... »

Il tira son couteau de chasse de l'arrière de sa ceinture, le même qu'ils avaient tous deux utilisé lors de leurs ''préliminaires'' dans la forêt. Il le fit glisser dans la main de la jeune femme en plongeant son regard dans le sien, toujours souriant :

« Faites en sorte de nous allumer un feu, vu qu'apparemment vous avez vraiment envie de vous réchauffer...  Utilisez ce couteau pour trouver du bois afin de l'entretenir : je vous le laisse sans craindre qu'il ne soit retourné contre moi, j'ai déjà eu la preuve que vous êtes assez inoffensive avec une lame dans les mains... »

Il était de retour, avec ses sarcasmes, sa provocation gratuite et ses paroles dérangeantes. S'il bouillonnait toujours autant, s'il était encore un peu instable mentalement et s'il n'avait jamais été aussi proche de perdre le contrôle qu'aujourd'hui, il le masquait suffisamment pour ne pas qu'elle en profite trop. Lâchant l'arme pour retourner vers le billot, il se contenta d'ajouter :

« Tâchez de m'impressionner pour une fois, je commence à avoir l'habitude d'être déçu par vos tentatives de me chauffer... »

Sans plus attendre, il fendit une nouvelle bûche et reprit le travail : ouvrir des trucs en deux avec une hache quand on est énervé, ça aide vraiment à passer ses nerfs...

Héliès nom du pkm : Mackogneur sexe : Mâle nature : Rigide cap. spé : Cran

- Balayage (physique ; dépend du poids du pokémon) - Groz'Yeux (autre ; baisse la défense d'un niveau) - Puissance (autre ; augmente les chances de coup critique) - Poing-Karaté (physique ; 50 ; taux de critique élevé) - Clairvoyance (autre ; peut frapper les types spectre) - Balayette (physique ; 65 ; baisse vitesse ennemi d'un niveau) - Frappe-Atlas (physique ; inflige autant de dégâts que le niveau du pokémon) - Vendetta (physique ; puissance doublée si le lanceur est touché) - Corps Perdu (physique ; 70 ; priorité -1) - Réveil Forcé (physique ; 60 ; réveille le pokémon adverse) - Sacrifice (physique ; 80 ; le lanceur perd ¼ des PV infligés) - Garde Large (autre ; protège des attaques de groupe)

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S'il y avait bien quelque chose à laquelle Oliver ne s'était pas attendu, c'était bel et bien le fait qu'elle tente de l'impressionner ! Avec toute la haine qu'elle éprouvait à son égard, avec la rage qui s'emparait d'elle à chaque fois qu'elle lui parlait, il était assez étonnant de voir qu'elle allait se plier à sa volonté, comme une élève docile acceptant sa punition sans rien dire. Un tel comportement de la part d'Elune lui fit lever un sourcil d'étonnement, abasourdi et déstabilisé par une telle initiative de sa part : pensait-elle qu'elle avait quelque chose à lui prouver ? Voulait-elle se rattraper pour tout ce qu'elle lui avait fait subir ces derniers temps ? Il n'en savait rien mais même s'il se mura dans un silence imperturbable, il n'en resta pas moins surpris. Peut-être qu'après tout, elle n'était pas aussi indifférente à son sujet qu'elle voulait bien le laisser croire, peut-être qu'elle portait de l'intérêt à ce que le professeur pensait d'elle, comme lui était affecté par l'avis qu'avait la demoiselle à son égard. Ils jouaient les durs, entraient en confrontation constante comme des enfants rivaux mais au final, il était probable que dans leur façon de penser ils étaient bien plus semblables que ce qu'ils ne voulaient l'admettre. Si c'était le cas -et il y avait de fortes chances que ça le soit-, ils étaient encore plus bêtes qu'ils ne l'étaient déjà...

Il la laissa s'éloigner pour aller chercher de quoi faire un feu, se contentant de couper d'autres bûches et de commencer son travail de rénovation. Ordonnant à ses pokémons de déblayer le terrain et de commencer la reconstruction du mur, il tenta de se concentrer sur le travail à effectuer et à boucler au plus vite : avec un peu de chance, il finirait suffisamment rapidement pour rentrer avant la nuit et ainsi se séparer de la Wengyard. Mais était-ce ce qu'il désirait réellement ? Plus les minutes passèrent plus il sembla hésiter, son esprit se repassant en boucle chaque moment qu'il avait partagé avec Elune. Elle avait cette emprise sur lui, cette capacité à occuper toutes ses pensées, surtout lorsqu'il ne le désirait pas vraiment. Elle l'avait humilié, frustré, poussé à bout et blessé dans son orgueil et malgré tout il imaginait difficilement un futur dans lequel il n'aurait plus aucun contact avec elle. S'il était logique qu'après tout ce qu'ils avaient vécu il tente de couper les ponts avec cette dernière, par exemple en l'ignorant dans les couloirs et dans les cours auxquels elle ne participait de toute façon plus, il n'en avait aucune envie ! Parce qu'il appréciait leur rivalité malsaine, leur provocation tendancieuse et cette attirance unique qu'ils avaient l'un pour l'autre. C'était plus qu'un jeu pour lui : c'était un besoin incontrôlable, un plaisir interdit mais incomparable, un attachement intense et addictif... Comme une drogue, leur relation avait ses bons et ses mauvais côtés, ses avantages et ses inconvénients. Mais plus que tout, elle entraînait une dépendance qui nécessitait d'être assouvie, abreuvée par une passion sans borne et un désir ardent. Ils pouvaient fuir la vérité autant qu'ils le voulaient, mais ils ne pouvaient fuir éternellement l'évidence même : ils avaient une liaison ! Une liaison étrange et malsaine, qui les consumait et faisait ressortir le pire chez eux... Mais une liaison bel et bien réelle, animée par l'envie de l'autre, le besoin d'exister pour l'autre et Oliver aimait ça autant qu'il le détestait...

Il se perdit dans ses pensées alors que son Mackogneur rebâtissait le mur et que son Kangourex s'occuper de déblayer la zone. Peu à peu, le début des réparations pris forme et il mit lui aussi la main à la patte, jusqu'à ce qu'Elune resurgisse des bois chargée de brindilles à faire flamber. Si la tâche n'était en soi pas difficile, il fut presque étonné de la voir revenir en un seul morceau... Soulagé aussi, pas qu'il s'inquiète particulièrement de sa santé ou quoi... Enfin, peut-être que oui mais là n'était pas la question ! Elle semblait plus joyeuse, manifestant un engouement presque encore plus étonnant que sa détermination lorsqu'elle était partie. Sans s'arrêter de travailler, Oliver la regarda discrètement faire, réunissant les bûches coupées entre elles pour réussir à faire une façade robuste et étanche. Elle mit un petit moment pour y arriver mais le feu finit par prendre, animant chez lui une joie qui réussit à faire sourire le trentenaire. Elle avait du charme, même en dehors de son attitude habituellement provocante et séduisante. Ils n'avaient pas appris à se connaître en dehors de leur jeu dangereux mais le peu qu'il avait vu d'elle comme elle était réellement avait suffit à séduire le professeur. Il aurait presque été attendri s'il ne se bornait pas à garder son attitude neutre et sa mine presque patibulaire. Était-il en train de se ramollir, de la laisser l'amadouer comme un dompteur dressait une bête sauvage ? Non, jamais il ne laisserait quelqu'un le domestiquer... Mais peut-être n'était-il plus aussi hostile à sa présence qu'il l'avait été jusqu'à présent ? Lâchant un peu son activité pour retourner vers elle, Oliver fit quelques pas vers le feu en applaudissant lentement, un sourire narquois aux lèvres :

« Moi qui avait parié que vous mettriez le feu à la forêt, je dois admettre que vous avez mieux réussi que ce que je l'espérais ! »

Il arriva enfin à sa hauteur, moins agressif qu'il ne l'avait été plus tôt. D'un regard, il la jaugea avec un petit sourire bien plus franc qu'auparavant, plongeant dans ses yeux avec le même intérêt que celui qu'il avait éprouvé avant que tout dégénère entre eux. S'il s'était écouté, il n'aurait sans doute pas hésité et se serait jeté sur elle comme un ouvrier en manque mais il se retint, encore un peu sous l'effet de la rancœur qu'il avait à son égard.

« Apparemment, vous avez encore suffisamment de ressources pour me surprendre mademoiselle Crowley... »

Il s'abaissa au niveau du feu et utilisa quelques bâtons et son souffle pour raviver la flamme faiblarde afin de la faire partir en un feu un peu plus éclatant, les flammes se mettant à danser sous leurs yeux alors qu'il se relevait, sortant une cigarette et se servant de leur feu de camp pour l'allumer.

« Ne vous méprenez pas cependant, vous n'êtes pas encore indispensable à mes yeux... Et vous avez encore pas mal de choses à apprendre en matière de survie ! »

Il eut un petit rire taquin, tirant sur sa clope avant d'en proposer une à la jeune femme. C'était un acte de paix, le premier qu'il avait pour elle depuis... Le premier qu'il avait pour elle ! S'ils devaient cohabiter ensemble au moins pour aujourd'hui, quitte à ne plus se revoir par la suite, autant que cela se passe bien ! Et puis... Qui sait ce qu'un acte aimable pouvait entraîner par la suite ! Le karma pouvait être quelque chose de vraiment étrange parfois...

Héliès nom du pkm : Mackogneur sexe : Mâle nature : Rigide cap. spé : Cran

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Elle avait raison : ce n'était pas une catastrophe, au même titre que leur rencontre qui se passait finalement mieux que prévue ! Certes, ils avaient eu un départ difficile, réglant leur conflit de manière assez... Brutale et indélicate. Ils s'étaient détestés, se détestaient certainement encore un peu au fond d'eux, leur rancœur n'ayant pas pu disparaître aussi facilement ni aussi rapidement. Mais tous les sentiments négatifs avaient été enfouis, le temps ayant fait son œuvre durant la courte période qu'ils avaient passé éloignés l'un de l'autre aujourd'hui. S'il ne lui avait pas fait l'insigne honneur de la complimenter sur la création de son feu de camp, il s'était au moins retenu de la descendre froidement comme il en aurait eu envie un peu plus tôt. Le professeur prendrait donc un peu sur lui, essayant d'être le plus pédagogue possible, du moins tant qu'elle ne le cherchait pas trop ! Bien sûr, inciter l'élève à fumer n'était pas réellement l'une des choses que l'on apprenait lorsqu'on désirait devenir enseignant mais être professeur ne signifiait pas être stupide : certains étudiants fumaient, c'était un fait et il aurait été idiot de leur interdire cela alors qu'ils avaient fait un choix ! De plus, Oliver lui-même avait l'habitude de s'en griller une dès qu'il en avait l'occasion : qui était-il pour dire aux autres que c'était mal ? Sans grande surprise, Elune accepta sa proposition et tous deux restèrent un moment silencieux, avant qu'elle finisse par le questionner sur son habituelle pipe. Il ne s'était pas attendu à une telle remarque de sa part mais en y réfléchissant, il pouvait comprendre sa curiosité :

« Vous pensiez qu'après seulement deux rencontres, vous seriez capable de dresser un portrait totalement fidèle de moi ? Les gens ne sont pas toujours comme ils paraissent lors du premier contact mademoiselle Crowley, je pensais qu'après nos premiers déboires, vous aviez compris que les apparences peuvent-être trompeuses... »

Il écrasa sa cigarette au sol, enfouissant cette dernière dans la neige. Pour un homme qui respectait la nature, le geste n'était pas vraiment écologique mais ce n'était pas vraiment la logique qui étouffait le professeur. Un léger sourire aux lèvres, il fit face à Elune :

« Ne vous imaginez pas que ce que j'ai pu faire lors de nos précédents entretiens constitue l'unique facette de ma personnalité... Je n'utilise pas toujours ma pipe par exemple, je sais apprécier les autres façons de fumer ! »

Était-ce un message qu'il essayait de lui faire passer ? Peut-être, lui-même n'était pas certain du but de cette conversation. Aujourd'hui, il planifiait un peu moins les choses que d'ordinaire, se laissant un peu porter par le courant. Avec la Wengyard, rien ne se passait totalement comme prévu alors il avait arrêté de réfléchir, se contentant de suivre son instinct tout en refrénant ses désirs. Car si à présent la haine avait disparu, l'envie elle avait un peu refait surface. Il sentait toujours son parfum, admirait toujours ses courbes et appréciait sa façon d'être, aussi détestable qu'attirante. Il essayait de faire comme si de rien n'était, mais c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Heureusement pour lui, elle reporta le dialogue sur son Mackogneur, sur sa possible évolution. De mémoire, les deux protagonistes n'avaient jamais eu un sujet de conversation aussi banal que celui-là, ce qui marquait sans doute un niveau tournant dans leur relation ambiguë. Il était facile de deviner l'objet de la curiosité d'Elune et Oliver ne voyait pas de mal à la satisfaire :

« En réalité, je n'ai pas réellement décidé de tomber sur Héliès, c'est plutôt lui qui a choisi de le faire... Littéralement parlant ! J'ai récemment fait l'acquisition d'un vieux manoir à rénover, près de l'île Mystille, presque totalement coupé du monde... Je n'avais pas réalisé qu'il y avait élu domicile aussi et quand j'y suis entré pour la première fois, il m'a attaqué ! Ce n'était qu'un Machoc à l'époque ! Mais je suppose que ce n'est pas tant la rencontre qui vous intéresse... »

Il inspira un bon coup avant de porter son regard sur le pokémon en train de travailler, se remémorant leur rencontre avec un sourire presque nostalgique alors qu'elle ne remontait pas à si longtemps que ça. Le fait qu'il ait une couleur différente des autres, Oliver ne le voyait pas ou du moins, il ne le prenait pas vraiment en compte ! Nombreux étaient ceux qui portaient un vif intérêt aux chromatiques, mais ce n'était absolument pas son cas. Pour lui, c'était un compagnon de qualité, le reste importait peu :

« Je ne comprends pas la curiosité qui anime les gens à propos des pokémons un peu différents du reste de leur congénères... J'ai vu trop de dresseurs se monter la tête à cause de ça pour y voir autre chose qu'un attrait malsain. Je veux dire... Je possède trois pokémons chromatiques et je n'en fais pas tout un plat ! »

Elle voulait être curieuse ? Il lui donnerait une raison de l'être ! Mais il se devait d'être suffisamment subtil pour pouvoir s'amuser de son intérêt. Aussi, se dirigeant vers son propre sac, il sortit des sandwichs : s'il devaient parler, autant qu'il le fasse autour d'un bon repas !

« Par ailleurs, vous avez faim ? Je suis certain qu'après les efforts que vous a demandé ce feu, vous devez mourir de faim ! »

Ironie quand tu nous tiens !

Elle avait mal pris ses piques au sujet de la cigarette mais n'en avait pas fait non plus grand cas, preuve qu'elle ne s'était pas offusqué tant que ça et qu'ils avaient ainsi retrouvé une certaine stabilité dans leur discussion. Quand on pensait que quelques minutes plus tôt ils étaient à deux doigts de se sauter à la gorge juste pour un regard de travers, on pouvait considérer qu'à présent le gros de la tempête était passé ! Certes, il persistait un léger nœud dans la gorge d'Oliver lorsqu'il devait s'adresser à la Wengyard, mais ses propos se déchargeaient peu à peu de cette animosité qu'il avait eu à son égard pour reprendre un ton plus décalé, presque charmeur. C'était comme ça que leur relation avait commencé et il aurait été dommage qu'un différent vienne nuire à ce petit jeu qu'ils avaient entamé un mois plus tôt. De plus, elle avait abordé un sujet qui tenait particulièrement à cœur au professeur et il ne pouvait pas faire autrement que de parler avec enthousiasme et engouement : car on pouvait reprocher bien des choses à Oliver, mais certainement pas de ne pas aimer ses pokémons ! Et le fait que la demoiselle se mette à s'intéresser à sa petite équipe était sans doute l'angle le plus adéquat pour apaiser les tensions qui existaient entre eux !

Oliver était un amoureux des pokémons depuis sa plus tendre enfance, les jugeant avec autant voir plus d'estime que les humains. Que ce soit durant son enfance paisible, son adolescence tumultueuse ou sa vie de trappeur mouvementée, il avait toujours considéré que ses compagnons de poches étaient la seule chose sur laquelle il puisse vraiment compter. De son petit Grenousse qu'il avait depuis des années à son Mackogneur fraîchement capturé, il essayait d'entretenir des liens forts avec ce qui s'apparentait le plus à sa famille. Qu'Elune se mette à en parler était une agréable surprise et un bon moyen pour eux de... Recoller les morceaux ! Elle aussi avait certainement beaucoup de travers, notamment ce don inouï pour mettre le trentenaire hors de lui, mais il pouvait tout de même voir qu'elle était une dresseuse au moins aussi passionnée par les pokémons que lui et même si cela semblait peu, c'était un point suffisamment important pour le professeur pour qu'il se sente plus proche d'elle... Un peu comme s'il profitait de la moindre occasion qu'il avait pour trouver quelque chose qui les lierait !

Elle se mit à parler de son Absol, lui aussi chromatique, soulevant un point assez important : souvent, ces derniers étaient considérés comme des parias pour leur espèce et étaient rejetés, un peu comme certaines personnes différentes de la masse. Il n'y avait jamais réellement réfléchi, mais en ressassant les rencontres qu'il avait fait de ses pokémons chromatiques à lui, il se rendit compte qu'en effet, ces derniers avaient été isolés : Skelenox seul dans une grotte de la plaine des esprits, Lampéroie en plein combat autour du lac gelé et Machoc vivant seul dans son manoir. C'était peut-être pour ça qu'ils s'étaient entendus avec leur nouveau maître, voyant en lui une possible famille. Il les avait recueilli malgré leur différence et surtout en ne la prenant pas en compte et pour cela, ils lui étaient fidèles :

« Je dois admettre ne pas m'être posé beaucoup de question sur l'origine de mes pokémons : on s'est rencontré, le courant est passé et ça s'arrête là ! Je ne les juge pas sur leur passé : aujourd'hui, on forme une équipe, c'est tout ce qui compte... Ils sont là pour moi autant que je suis là pour eux et si cela leur permet d'être motivés lorsqu'il s'agit de retaper une cabane : tant mieux ! »

Il sourit à la suite de ses quelques paroles, un sourire sincère et surtout dénué de tout sarcasme ou de toute provocation. Il était bien à discuter avec elle, il n'avait même jamais été aussi calme et naturel qu'à cet instant là avec Elune. Pour la première fois depuis leur première rencontre, ils partageaient le même avis sur un sujet et que grâce à cela, ils n'avaient pas envie de se défier agressivement comme ils avaient l'habitude de le faire. L'espace d'un instant, il hésita même à lui demander de faire sortir son pokémon mais se ravisa, ne souhaitant pas paraître trop intrusif. Il se contenta de la regarder, cherchant les sandwichs dans son sac avec une mine réjouie. Elle avait définitivement beaucoup de charme, encore plus maintenant que la situation entre eux s'était apaisée. Lorsqu'il la voyait, il sentait une attraction indescriptible le pousser vers elle, lui donnant envie de lui parler, de rire, de l'embêter... Même si c'était parfois malsain, ils avaient une complicité unique et à laquelle Oliver était attaché et s'il avait à un moment émis le désir de la voir partir loin, il priait à présent intérieurement pour elle reste à ses côtés pour le reste de la journée. Définitivement, il n'avait aucune idée claire de ce qu'il voulait entre eux. A la place, il se contenta de continuer de parler, comme si le fait d'entretenir la conversation chassait la possibilité qu'ils se séparent :

« Hey ! Je vous rappelle que j'ai aussi dû rattraper votre petit feu, j'estime que ça mérite aussi une petite récompense et vu que vous ne semblez pas très enclin à me remercier pour tout ça, je me console avec un peu de nourriture ! »

Il lui tendit la baguette de pain en se relevant, se retrouvant à sa hauteur tout sourire, un peu provocateur dans son attitude. S'il s'écoutait, sans doute recommencerait-il à flirter avec elle avec une subtilité toute relative, cherchant à la tenter autant qu'il souhaitait l'être... Mais cela ne leur avait pas réussi auparavant et si la situation d'aujourd'hui était bien différente, il n'osa s'adonner à une quelconque tentation. Non, il se contenta de la regarder, cherchant à dissimuler son envie de la dévorer du regard alors qu'elle lui faisait un clin d’œil : cherchait-elle à démarrer ce petit jeu auquel ils étaient si familiers ? Si c'était le cas, elle le regretterait... Ou pas, les choses ayant bien évolué depuis le temps et les menottes n'étant plus vraiment à l'ordre du jour, du moins pour la piéger.

« Disons juste que satisfaire votre estomac sera mon premier pas vers la reconquête de votre confiance ! Et aussi que l'académie me mènerait la vie dure si savait que je laisse crever de faim mes élèves durant leur punition ! »

Il avait prononcé ces mots sur le ton de la plaisanterie mais un peu trop de vérité s'était glissé dans ses paroles : il voulait un peu prendre soin d'elle, à sa façon et même s'il ne l'avouerait jamais. Et peut-être qu'en effet, son subconscient lui avait fait préparer de quoi bien manger pour deux car il savait que ça lui ferait plaisir... Qui sait ! Afin de détourner la conversation, il refouilla dans son sac pour sortir des bols qu'il remplit de nourriture pour pokémon, les disposant alors autour du feu. Durant la manœuvre, il donna l'air d'être très occupé avant de reporter son attention sur la Wengyard :

« Je vous le répète, à moins que vous ayez une formation en maçonnerie charpenterie, vous ne m'êtes d'aucune utilité aujourd'hui ! Mais peut-être que vous avez une idée de que vous pourriez faire pour me rendre service ! »

C'était presque un sous-entendu très osé, c'était même peut-être fait exprès, mais si une chose était sûre, c'était qu'Oliver n'avait pas vraiment prévu quoi que ce soit pour la demoiselle. Pire, plus il passait du temps avec elle et moins il avait envie de faire ce que lui avait prévu ! Elle semblait aspirer toute son attention, occupant ses pensées jusqu'à lui faire oublier le reste. Et si ce n'était pas forcément bien, c'était délicieusement agréable ! Eternel solitaire, Oliver se surprenait à vouloir autre chose qu'un simple face à face avec la nature, à espérer une autre forme de face à face...

Entamant son sandwich pour penser à autre chose, il siffla Mackogneur et Kangourex avant de jeter trois autres pokéballs au sol, laissant sortir son Amphinobi, son Démolosse et son Lampéroie. Comme des affamés, ces derniers se ruèrent presque sur les gamelles pour se nourrir alors que le dresseur s'asseyait près du feu en tailleur. La poche de sa chemise se mit alors à bouger et la petite tête de Bianca, sa Dedenne, en sortit. D'un bond, elle sauta sur l'épaule de son maître qui prit un morceau de sandwich et lui tendit avant de lui caresser la tête en murmurant des paroles agréables à son égard. L'espace d'un instant, il sembla déconnecté du reste du monde alors qu'il souriait presque bêtement, nourrissant sa petite équipe et titillant amicalement sa gerbille. Puis, comme s'il reprenait conscience du lieu dans lequel il était et de qui il était accompagné, il se tourna avec Elune en ajoutant :

« Vous pouvez sortir vos pokémons, j'ai prévu assez de nourriture pour tout le monde normalement ! Et puis, au moins votre Absol ne se sentira pas seul ! »

Encore une fois, partager sa passion des pokémons était un bon moyen pour lui de se rapprocher de celle qui partageait aujourd'hui sa journée...

Elle n’avait pas tord en disant qu’Oliver était un homme plein de surprises, des bonnes comme des mauvaises, de celles que l’on ne découvrait qu’après avoir longuement creusé dans sa vie et dans son passé. S’il se disait souvent inatteignable et s’il avait une réputation d’homme très secret, Elune avait d’une certaine manière réussi à fissurer la robuste carapace qu’il s’était forgé au fil des années, arrivant ainsi à rentrer dans le cercle très fermé de ses proches, à l’exception près que la relation que le trentenaire entretenait avec sa cadette était trop ambiguë et malsaine pour qu’elle soit réellement traitée de « proche ». Mais c'était grâce à cette alchimie qui les liait qu'elle arrivait à lire aussi bien en lui, même si cette dernière n'était pas évidente à déterminer. Depuis les premiers instants de leur rencontre, il n’avait jamais été facile de qualifier correctement ce lien qu’il existait entre les deux énergumènes, ce mélange entre désir et haine, entre passion et rejet. S’il avait toujours considéré leurs rencontres comme un jeu, Oliver abordait chacune des secondes qu’il passait avec Elune avec plus de sérieux que n’importe quoi d’autre, portant une attention toute particulière à chaque mot qui sortait de sa bouche, à chaque geste qu’il effectuait lorsqu’elle était à proximité. Mais malgré son besoin de tout contrôler, il finissait toujours par se laisser guider par son instinct, par la passion qui l’animait lorsque son regard croisait l’azur des yeux de la belle. C’était ce mélange entre planification et spontanéité qui rendait chaque moment unique, chaque contact électrisant, chaque baiser torride... C'était pour cela qu'il était accroc à elle...

… Et c'était également pour cela qu'il était naturel que leur petit jeu de séduction reprenne, qu'ils puissent discuter comme aux premiers instants, chaque phrase trahissant leurs désirs cachés, chaque geste entraînant une réaction chez l'autre. Plus que quelque chose de logique, c'était surtout quelque chose d'important et qu'Oliver souhaitait intérieurement sans pour autant le formuler. Il sentait que cela pouvait être réciproque, interprétait le moindre mouvement d'Elune comme une invitation à la séduction, mais se retenait de céder à son imagination. Il restait relativement stoïque, ne laissait transparaître aucune émotion qui pourrait trahir son affection et son attirance pour elle. Au mieux, il se contenta de sourire lorsqu'elle lui parla de ne pas le décevoir de nouveau. C'était à ses yeux un message clair, une incitation au vice à laquelle il céderait avec facilité si une petite voix dans sa tête ne lui soufflait pas de ne pas envenimer les choses maintenant que tout allait mieux entre eux :

« Jamais je ne vous empêcherais d'essayer de me surprendre, au contraire, j'aurais tendance à vous encourager ! Les dernières fois n'étaient pas si horribles que ça... »

Oui, il désirait tellement qu'elle tente encore, qu'elle LE tente avec ses courbes, ses lèvres, son souffle... Rien que d'y penser, il sentait son cœur s'emballer légèrement. Comment pouvait-elle avoir un tel pouvoir sur lui ? Alors qu'il chassait les idées déplacées qui parcouraient son esprit, elle sortit alors ses pokémons, libérant enfin son Absol chromatique et son Tylton, ce dernier se mettant à virevolter autour d'elle avec grâce. Elle avait beau avoir une petite équipe, elle n'en restait pas moins intéressante : son Absol avait une prestance et une élégance rare, typique des pokémons de son style et elle pourrait plus tard avoir un bel Altaria. Quand il y réfléchissait, Oliver n'avait pas vraiment de partenaires ayant une telle classe, choisissant ces derniers plus pour leurs capacités en matière de survie que pour leur beauté extérieure : on pouvait presque conclure qu'une équipe était à l'image de son dresseur en somme. Saluant à son tour le chromatique, le professeur finit par croquer dans son sandwich tout en nourrissant sa gerbille de compagnie, la petite gourmande avec qui il était si liée. En silence, il écouta la jeune femme lui faire un bref historique de sa carrière de dresseur et de l'utilité de son entourage en milieu sauvage. C'était un bon début, même si elle n'était pas encore prête au pire :

« Vous n'avez même pas encore vu tous les membres de mon équipe, j'ai laissé une partie à l'académie ! Mais la vôtre est vraiment sympathique et ne pensez pas qu'avoir un grand nombre de pokémons est une preuve de la force du dresseur... J'ai vu trop de collectionneurs délaisser ses compagnons pour associer quantité et qualité... »

Alors que Khan venait réclamer un peu d'attention qu'Oliver accepta de lui donner avec grand plaisir, passant une main sur son museau avec un sourire, le trentenaire écouta la jeune femme parler de la capture qu'elle voulait réaliser dans les parages, un pokémon glace après lequel elle souhaitait courir. Du peu qu'il avait vu, le jeune homme n'avait pas vraiment croisé de bestioles de ce type dans les parages mais il était évident qu'il y en avait, cachées quelque part. Il savait que des Farfurets sortaient de temps en temps mener la vie dure aux voyageurs et peut-être qu'avec un peu de chance, ils en croiseraient avant de partir. Bianca finit par se mettre à tourner autour de son maître, s'accrochant à ses habits et escaladant l'intégralité de son corps comme pour essayer d'avoir encore plus l'attention. S'il ne la connaissait pas aussi bien, il se serait demandé si elle ne faisait pas de charme à Elune : les joues parcourues par de petites étincelles inoffensives, montrant ses talents de grimpeuse... Difficile de savoir où elle voulait en venir. Peut-être qu'au contraire, elle essayait de marquer son territoire et d'exprimer la jalousie qu'elle avait à l'égard de cette humaine qui tournait subtilement autour de son dresseur. Le spectacle fit rire le borgne qui finit par s'exprimer :

« Ahah ! Ne pensez pas que Bianca est une Dedenne adorable, c'est sans doute la pire peste que vous puissiez rencontrer ! Maline, fourbe et avec un fort caractère... Je suppose que c'est pour cela qu'elle et moi nous entendions si bien ! »

A l'écoute de son maître, la gerbille arracha un dernier morceau de son sandwich avant de retourner dans la poche de sa chemise, au niveau du cœur d'Oliver : seul un petit bout de sa tête dépassait encore pour signifier sa présence. De son côté, le professeur de survie finit son repas, jetant un œil à son équipe qui arrivait également à la fin de la petite dégustation improvisée :

« Drôles de compagnons que les pokémons, n'est-ce pas ? Surprenants et pourtant indispensables... Pour ma part, je préfère largement leur compagnie à celle des humains... A quelques exceptions près ! »

De nouveaux sous-entendus, peut-être pour relancer l'intérêt entre eux, pas vraiment celui de la conversation mais celui de leur désir réciproque, la tentation subtile de leur intérêt partagé. Il voulait qu'elle déduise que malgré tout ce qu'il pouvait dire sur le fait qu'il se sentait mieux seul, peut-être qu'elle était l'exception qui confirmait la règle. Il ne l'avouerait certes pas clairement mais aurait au moins eu le mérite d'essayer de le faire comprendre à mi-mots. Se relevant doucement, il s'étira un instant avant de lui tendre la main pour l'aider à son tour à se lever, un sourire sincère aux lèvres :

« Si vous tenez tant que ça à ramener avec vous un pokémon glace à l'académie avant la fin de la journée, je vous propose d'aller faire un tour voir si certains ne rôdent pas dans les alentours ! Mon Mackogneur et mon Kangourex ont encore un peu de déblayage à faire avant que je finisse la rénovation et une petite marche autour du lac nous aidera à digérer... Si vous êtes partante bien sûr ! »

Un repas, un feu, des pokémons et une ballade autour d'un lac gelé... Que de romantisme pour ce qui devait-être une punition scolaire...