L’orage, le prétexte parfait pour tout faire. Tout, sauf être productif. L’environnement gris, baignant dans une demi pénombre, le claquement des gouttes de pluies contre la fenêtre. Amorphe, Adam se calait au fond de son lit, caressant le Darumarond qui dormait en boule sur son ventre. La chaleur qui émanait de ce dernier le forçait à somnoler, gravitant à quelque part entre l’éveil et le sommeil. Brutalibré et Farfuret, quant à eux, s’étaient trouvés un endroit pour dormir, sur le lit de ses colocataires. Ces derniers n’étant pas trop affectés par la journée morose, pas autant que lui du moins, ils étaient sans doute occupés à plein d’autres trucs, ce qui lui lassait le champ libre pour végéter en paix dans son coin.

Il aimait la traquillité apportée par le temps orageux. C’était serein et du temps où il vivait chez ses parents, c’était le moment idéal pour passer du temps en famille. Quelle que soit l’activité, ils trouvaient toujours un truc à faire. C’était moins évident maintenant, du coup, mais il fallait bien qu’il s’y attende. Il était livré à lui-même dans cette académie, avec des gens d’agréable compagnie qui se comptaient sur les doigts d’une main. Il se laissait donc sommeiller en paix, rejoignant doucement le royaume des rêves.

Avait-il seulement commencé à se sentir bien que la porte s’ouvrit sans trop de cérémonie, laissant entrer une blonde qui n’avait malheureusement pas sa place ici. C’était Kanra, «amie» qui s’est imposée à lui plutôt que l’inverse. Elle a un caractère bien à elle et prend sans doute un malin plaisir à lui faire savoir, comme en ce moment, mais c’est également un des rares personnes de sa propre maison avec qui il arrive à entretenir une conversation, lorsqu’il ne fait pas semblant de l’écouter bavasser ses histoires ridicules. Accompagné d’un sursaut, tous les êtres vivants présents dans la pièce se levèrent au même moment, Adam étant le plus fatigué d’entre eux. Sorti de force de son sommeil léger, il bâilla un coup avant de l’écouter parler, une fois de plus.

Si elle était venue lui parler que de la météo, elle pouvait partir. D’ailleurs, comment savait-elle qu’il était là? Un coup de chance, sans doute. À moins qu’elle ne stalke ses colocataires, mais ça ne serait qu’encore plus étrange.

«T’es sérieuse, là? J’étais en train de dormir. Qu’est-ce que tu viens faire ici? T’aurais pu au moins faire de toi une femme utile et m’apporter à manger ou j’sais pas.»

Grognon un peu, mais c’est normal, étant donné le timing de l’autre. Il n’était vêtu que d’un short et d’un t-shirt, témoignant en sa faveur. Darumarond se laissa rouler à l’intérieur des couvertures. Elle vint s’asseoir sur son lit, attrappa un oreiller qu’elle lui lança en pleine figure. Pourquoi? Pourquoi?? C’était quoi le but derrière tout ça, mis à part le faire chier.

«Calmes-toi deux secondes, merde. Tu veux quoi au juste, mis à part me mettre la misère? T’en as après mon argent, c’est ça? T’auras rien, je te le dis tout de suite. Par contre, je mangerais bien de la pizza. Si tu veux gagner ma clémence, ce serait un bon point de départ.»

Après ces paroles, il se réfugia sous sa couette, encore un peu sonné du traitement qu’elle venait de lui infliger. Ça se fait pas, d’entrer chez les gens comme ça.