Elle dissipa la étrange jalousie naissante d'Oliver d'un baiser, la faisant s'évaporer comme de la neige sous ce soleil ardent. La douceur de ses lèvres, ce petit goût si particulier et auquel il était devenu très rapidement accroc suffirent à faire naître un tendre sourire sur le visage du trentenaire qui manqua de s'avancer encore un peu pour profiter encore un peu du cadeau que daignait lui offrir la demoiselle. Il était possessif et ne pouvait pas le nier, ayant parfois peur de l'être trop, d'abuser de son pouvoir et de son influence pour monopoliser totalement la jeune femme. Mais comment pouvait-il faire autrement lorsque d'un simple regard, elle arrivait à capter toute son attention et réussissait à faire chavirer son cœur ? Il éprouvait le besoin irrépressible de l'avoir pour lui à chaque instant, de veiller sur elle et d'assouvir ses moindres désirs pour la simple et bonne raison qu'elle était tout ce qu'il avait de plus important dans sa vie, qu'il ne pouvait plus imaginer son existence sans elle. Alors peut-être qu'il exagérait, peut-être que les mesures qu'il pouvait prendre étaient parfois disproportionnées et peut-être aussi qu'il réagissait un peu trop vite et trop fort lorsqu'il avait l'impression de détecter une hypothétique chose qui pourrait s'immiscer entre eux... Mais c'était son moyen à lui de lui faire comprendre qu'elle n'était pas qu'une fille parmi tant d'autres, qu'elle n'était pas une aventure sur laquelle il tirerait un trait dès qu'il se serait lassé : il voulait qu'elle soit sienne et s'il ne pouvait pas encore s'avouer à lui-même qu'Elune était la femme de sa vie, il l'espérait silencieusement. Et plus encore, il faisait réellement en sorte de lui faire sentir qu'il tenait à elle plus qu'à n'importe quoi d'autre et même s'il était maladroit dans son entreprise, il priait pour qu'elle voit chez lui la tendresse et l'amour qu'il essayait de lui témoigner :

« C'est noté, la prochaine fois je trouverais un truc moins mignon pour t'avoir rien que pour moi ! »

Sonnait-il un peu niais ? Avait-il bien l'air d'un amoureux transi et abruti par les sentiments qui s'emparaient de lui à chaque fois qu'il entendait le son de la voix de son amante, sentait le parfum de cette dernière ? Certainement et il y avait fort à parier que s'il s'en rendait compte ou que s'il y avait la moindre chance pour que quelqu'un le voit, il aurait vraiment honte de lui. Mais à cet instant précis, avec Elune tout proche et le dévorant du regard, nul doute qu'il était prêt à mille et un sacrifices pour pouvoir obtenir ne serais-ce qu'un baiser de plus de sa part. Il l'avait déjà pensé plus tôt : il n'avait plus rien du grand méchant loup des premiers instants... Mais cela signifiait-il qu'il n'était plus le même ? Non, disons que tomber amoureux de la Wengyard avait changé certaines priorités mais que le fond restait inchangé : aujourd'hui, la tendresse était au rendez-vous mais il n'en était pas devenu plus inoffensif pour autant. Les méchants intimidaient peut-être plus aux premiers abords s'ils montraient les dents, mais les plus dangereux étaient ceux qui avaient un enjeu à défendre... Et avec la venue de la Wengyard, Oliver avait quelque chose pour lequel se battre : Donphan en était la preuve.

Sortant de quoi manger et boire avant de le disposer entre eux, Oliver tendit un sandwich à la jeune femme avec un sourire, s'allongeant sur la côté pour la regarder avec un air attendri. Pique-niquer semblait devenir une constante dans leur couple, chaque rencontre se soldant presque par un petit repas. C'était encore ce besoin de veiller sur la jeune femme et si cela plaisait au petit couple, c'était surtout le moment passé ensemble qui était important :

« Tu serais déçue si tu attendais de moi quoi que ce soit de ''commun''. Je te l'ai déjà dit : j'ai des goûts assez particuliers... Et cela n'implique pas seulement les moments où j'ai la chance de t'avoir allongée à côté de moi, dans les dortoirs ! »

Il lui fit un léger clin d'oeil, se redressant un peu pour s'approcher d'elle, s'appuyant sur son coude pour être à sa hauteur. Un simple baiser et la niaiserie était repartie... Au moins, ça avait le mérite de fonctionner sur la jeune femme et puis lui pouvait assouvir son besoin compulsif de l'embrasser :

« Mais je suis content que ça te plaise en tout cas... Et apparemment je ne suis pas le seul à apprécier sa journée ! Ton nouveau copain se régale ! »

Oui, cette journée allait faire beaucoup d'heureux !