Elle se réveilla en sursaut. Alexia venait d'être tirée avec brutalité de son sommeil, et bien qu'elle n'ait pas crié elle était malgré tout en sueur. Etait-ce à cause d'un cauchemar qu'elle avait fait ? Elle ne s'en rappelait plus, et en vérité elle venait simplement d'être victime d'une terreur nocturne. Et en plus elle avait faim. Elle s'était endormie une heure avant à cause d'une fatigue soudaine, et à son réveil elle constata que tous ses colocataires dormaient à poings fermés. Elle releva sa couverture et descendit de son lit, avant de sortir de la chambre numéro deux, toujours en pyjama. D'un pas las, elle se dirigeait vers les salles de bains de l'étage à cause d'une envie pressante, et une fois qu'elle eu fait ce qu'elle avait à faire, elle prévoyait de se diriger vers les cuisines pour essayer de voler un petit quelque chose qui lui permettrait de se sustenter. En retournant dans les couloirs du deuxième étage, elle remarqua que l'absence de monde était beaucoup plus frappant la nuit qu'en journée, même si de jour il n'y avait pas grand monde de sorti chez les Minspic, bien que ça dépendait des heures. Et alors qu'elle trainait en toute innocence dans un couloir, elle fut interrompue par une présence tout à fait néfaste qui la fit sursauter.

- Vous n'aurez pas ma boîte ! Qui que vous soyez je ne cèderais pas !

Qu'est-ce que c'était ce mec qui était posé dans un carton au beau milieu de ce couloir vide ? Et surtout pourquoi il beuglait pour sa boite ? Elle n'en voulait pas, elle ne savait même pas ce qu'il faisait ici. Est-ce qu'il travaillait ici ? Dans ce cas il était carrément chelou. Surtout avec son arme qu'il brandissait sur elle et qui semblait faite de papier journal. Elle ne pouvait voir que peu de choses avec la pénombre mais la lumière de la lune qui passait au travers des fenêtres lui offrit quelque chose de suffisant. Il dormait dans son carton ou c'était l'imagination de la brune qui lui jouait des tours ?

- J'en veux pas d'votre boîte, elle est moche.

Avait-elle dit d'un ton froid. Si il dormait ici c'était soit un paumé, soit un sans-abri. En tout cas il en avait la dégaine. Et l'odeur aussi, pas très forte mais c'était quand même pas mal. La demoiselle était complément blasée face à ce mec qui avait l'allure d'un sdf.

- Vous bossez ici ? Pourquoi vous êtes dans un carton en fait ? Vous attendiez qu'un élève passe pour l'agresser c'est ça ?

Elle l'avait assaillit de questions, premièrement parce qu'il la déstabilisait rien qu'avec la façon dont il s'était accroché à sa boite quand elle est apparut devant lui, et aussi parce qu'il était beaucoup trop bizarre.

Une élève. Ca va, l'Hasegawa s'attendait à un truc plus incroyable, genre un duo de sbires d'une association de personnes malveillante. L'une avec une longue chevelure violette et son acolyte cheveux bleux, accompagné d'un pokémon ayant apprit le langage des hommes. Non, rien de tout ca. Juste une fille en pyjama remontant tranquillement dans sa chambre. Sans doute était elle parti prendre un verre d'eau ou déambuler dans le couloir en tout bon somnambule qui se respecte. Scary M alla s'installer contre le mur de la façade, juste à côté de la fenêtre, tandis que Shin reposait doucement son carton sur le sol, fixant bien comme il faut la perturbatrice. Elle disait ne pas vouloir prendre le bien le plus précieux du surveillant, mais il n'était vraiment pas convaincu de sa franchise.

C'est ce qu'ils disent tous, avant de te poignarder dans le dos et de repartir avec après.

Il attrapa un journal et se fit une seconde arme, avant que son compagnon laisse échapper un grognement. Le sans abri se ravisa donc, déposant les journaux dans son carton. Si Scary disait de ne pas faire continuer dans cette voie, c'est qu'il avait certainement raison. La situation était assez grave quand même. Un pokémon qui a plus de perception qu'un humain en relation sociale, c'est que ya un gros problème sur la santé psychologique du monsieur. Enfin bon, son cas était à part. La vie ne lui avait pas fait de cadeau ces derniers temps. Et c'était certainement pas cette fille en chemise de nuit qui allait arranger les choses.
Elle le suspectait aussi d'une certaine fourberie, ne l'ayant jamais vu auparavant. Bon sang, ce que les situations s'enchaînent et se ressemblent. Ca n'était pas le jour la rentrée, et pourtant tout s'y prêtait. Quoiqu'un peu plus louche vu l’obscurité du manteau qu'avait revêtu la nuit. Le clair de lune semblait si beau, mais la température extérieure rendait impossible la sieste à l'air libre. Et puis bon, il n'avait pas non plus trente mille tenues, suffisait qu'il tombe sur une déjection pour foutre en l'air son unique habit. Une petite douche ne serait pas de refus, mais après avoir terminé la discussion avec la demoiselle à peine réveillée.

En tant que surveillant, je faisais simplement une ronde nocturne. Et je me servais de ce carton pour.... dissuader les élèves dans ton genre de sortir. Ce qui n'a pas réussi malheureusement. - remet ses lunettes de soleil en place - Je ne fais que mon travail, navré que vous penser de cette façon sur ce que je fais chaque jour.

Suffisait de broder un peu, et il passerait presque pour un surveillant normal. Ce qu'il n'était pas bien sur, les traces d'urine sur son pantalon l'auraient de suite fait griller, mais heureusement pour lui, la nuit était de son côté tout comme l'odeur. Ya de bons côtés finalement à pas se laver quotidiennement. Même si les gens l'évitaient pour sa forte odeur corporelle. Toute façon, il n'y a que dans sa maison qu'il n'est pas dérangé. Scary M était habitué maintenant à toutes les frasques de son dresseur, et n'y trouvait plus rien à dire. Il en avait vu des vertes et des pas mûres avec lui, donc plus rien ne le choquait désormais. Quant à la jeune fille, pas sûre qu'elle apprécie les manières d'un homme tel qu'Hasegawa.

- C'est ce qu'ils disent tous, avant de te poignarder dans le dos et de repartir avec après.

Avait-il répondu à sa remarque sur cette boîte auquel il semblait tant tenir. Parce qu'elle avait que ça à faire de la lui piquer ? Qu'est-ce qu'elle en ferait ? Elle ne laisserait même pas Yuna dormir dedans. Ce mec était juste très parano. Et alors qu'il avait l'air de s'emparer d'un journal pour en faire elle ne savait pas trop quoi, à part peut-être tenter de lui taper dessus avec, elle entendit un grognement provenant non loin d'eux. Elle comprit qu'il appartenait à un pokémon, probablement celui de ce type très bizarre. Par ailleurs, après qu'elle l'ait assailli de questions, il se fit un plaisir de lui répondre, lui faisant ainsi savoir qu'il était un surveillant qui faisait une ronde nocturne, son carton étant destiné à dissuader les élèves dans « son genre » de sortir de l'académie, sans réussite.

- Je ne fais que mon travail, navré que vous penser de cette façon sur ce que je fais chaque jour.

Ces excuses semblèrent bancales à la Minspic. Donc il tapait avec son carton et du papier journal sur les élèves qui voulaient s'échapper le soir de l'académie ? Seems legit. De plus elle n'aurait jamais cru que ce serait un surveillant, avec son allure de sans-abri, tout du moins de ce qu'elle en avait vu malgré la pénombre. Elle se gratta la tête avant de s'excuser platement après l'avoir autant offensé.

- Désolée. Mais j'avais pas l'intention de m'enfuir de l'académie en fait. On dirait pas que vous êtes un surveillant n'empêche. Je savais pas qu'ils faisaient des rondes, je pensais que Miaouss gérait très bien ça tout seul en faisant sauter les points des maisons.

En effet, le petit chat semblait avoir des yeux absolument partout. Fumer dans l'enceinte de l'école, sortir après le couvre-feu, aller dans la forêt interdite ou encore se rendre aux dortoirs des professeurs, toutes ces choses-là Miaouss les voyait très bien sans qu'on les lui rapporte forcément, bien que certains s'amusait à balancer les élèves qui faisaient entorse au règlement. Et les points des maisons étaient retirés en conséquence et sans aucun préavis, donc mieux valait être vigilant et pas faire la connerie de sortir de l'académie en pleine nuit.

- En fait j'avais faim, et je prévoyais de piquer un truc en cuisine ou quelque chose comme ça. De toute façon il y a personne alors votre ronde sert un peu à rien.

Autant être directe et franche avec lui. Elle se doutait bien qu'il ne faisait pas une ronde et qu'il avait balancé cette excuse pour qu'elle ne soupçonne rien. De toute façon la nuit était longue alors elle aurait bien assez le temps de savoir de quoi il en retourne, et surtout qui était ce type qui se prétendait être surveillant et qui n'en n'avait absolument pas l'air.

Bon, elle n'en voulait pas à son carton en fait. Bon point pour lui, ça lui permettait de regagner un peu de confiance. Jusqu'à ce qu'elle le descende de nouveau un peu plus loin. Les rondes ne servaient à rien ? Pourquoi l'avait on engagé alors ? Par pitié ? Chaque réplique de la jeune élève était comme une lame chauffée à blanc juste avant, qui transperçait un peu partout le corps mal entretenu du dit surveillant. Déjà qu'il n'avait pas confiance en lui, si en plus il se faisait descendre par les étudiants, ca n'arrangeait en rien ses problèmes.
Quelques pas en arrière afin de dissimuler de la lumière lunaire son pantalon possédant une énorme tâche en plein milieu, Shin jugea la demoiselle après l'avoir regardé de la tête aux pieds, pour le peu qu'il réussisse à distinguer sa silhouette.

Et bien, vu que je vous ai surprise debout hors de votre dortoir après l'heure du couvre feu. Vous n'êtes plus une enfant je le sais parfaitement. Néanmoins, manger en dehors des repas nuit à votre corps. Après si vous souhaitez me ressembler, je ne peux que vous encourager à poursuivre votre petite manie.

Se servir de soi comme exemple dans ce genre de situation n'était pas très bien vu pour quelqu'un ayant un minimum de fierté et d'égo. Mais Hasegawa avait dit adieu à ce genre de frivolités le jour où Miss Fortune avait décampé de sa vie. Et pour appuyer ses dires, il s'avança jusqu'à la fenêtre, dévoilant ainsi son accoutrement dont il avait préféré ne pas montrer auparavant. La lune éclaira le haut puis le bas, mais vu que son pantalon était déjà sale avant l'incident, la tâche était complétement absorbée par la crasse amassée durant ces derniers mois. Par contre, l'odeur se voulait assez forte. Le mélange d'urine et de crasse ferait souffrir ceux dont l'odorat est surdéveloppé, à commencer par les pokémons eux même. Un Medhyèna tomberait inconscient rien qu'en reniflant une bouchée de cet air nauséabond, quand un Tadmorv ou un Miamiasme se sentirait dans son environnement. Voilà donc de quoi servir de leçon à cette donzelle se permettant de défier l'autorité du pion.

Alors, convaincue ?

Si ca ne tenait qu'à lui, il serait parti en pleurs, dévalant les marche jusqu'à aller crier son désespoir au monde extérieur pour revenir ensuite se blottir dans sa maison portative bien trop petite pour lui. Son Arcko était toujours présent, écoutant les propos tenus par son dresseur. Décidément, il avait certaines qualités insoupçonnées en tant qu'homme. Cela devait forcément cacher quelque chose. A tout les coups.

Alors qu'elle lui avait expliqué qu'elle s'était levée pour se sustenter de manière parfaitement illégale, il s'était décalé de plusieurs pas en arrière, pour elle ne savait quelle raison, avant de s'adresser de nouveau à elle. Il lui fit savoir qu'il l'avait vu debout hors de son dortoir après l'heure du couvre-feu et se mit à la paternaliser, lui signalant qu'elle nuirait à son corps en mangeant en dehors des repas habituels.

- Après si vous souhaitez me ressembler, je ne peux que vous encourager à poursuivre votre petite manie.

Qu'il ajoute cette remarque attira un peu la compassion de la demoiselle, et lorsqu'il s'avança à la lumière émanant de la fenêtre, elle vit ses vêtements usés et tâchés, qui firent dès lors de lui un personnage un peu plus triste que bizarre. Elle n'était pas assez proche pour sentir l'odeur qui pouvait émaner de lui, mais elle était certaine que ce n'était pas bien ragoûtant.

- Alors, convaincue ?

Alexia ne comprit pas en quoi cela était censé la convaincre qu'il faisait son boulot, à moins qu'il sous-entendait que cela lui arrivait de passer des nuits entières dehors dans la saleté pour faire ses rondes. Auquel cas il devrait songer à changer de vêtements et les laver.

- Non.

Elle n'était pas plus convaincue que ça par cet argument, mais il venait de confirmer le fait qu'il avait peut-être bien tendance à dormir dans son carton. En tout cas, ça ne changeait rien au fait qu'il avait tout sauf l'allure d'un membre du personnel qui prenait soin de sa personne.

- Vous dormez souvent dehors ? demanda-t-elle sans aucune gêne, même si il pouvait bien avoir dix ans de plus qu'elle, cette question la titillait un peu depuis un léger moment déjà, Je suis désolée si je vous ai offensé en tout cas, ce n'était pas mon intention. Mais vous ne direz rien pour ma petite faim nocturne n'est-ce pas ?

Oui elle lui demandait de se taire, car de toute façon ils ne se connaissaient pas et ça ne profiterait à personne de savoir qu'elle avait violé le couvre-feu et qu'il dormait dans les couloirs / dehors alors qu'il pouvait avoir une chambre en tant que membre du personnel. Elle ne doutait pas réellement du fait qu'il puisse en être un, après tout que gagnerait-il à lui mentir, mais elle ne comprenait pas pourquoi il ne cherchait pas à en donner l'impression. Et surtout pourquoi il n'avait pas l'air de prendre soin de lui, au vue des tâches et de l'usure de ses habits.

- Pourquoi vous gardez des vêtements aussi abîmés en fait ? demanda-t-elle à nouveau. Elle posait décidément beaucoup de questions à cet étrange homme qui l'avait surprise dans le couloir des Minspic. La demoiselle se demandait d'ailleurs pourquoi avoir choisi celui-ci et pas un autre. Peut-être était-ce un endroit plus confortable pour faire une « ronde » ?

Décidément, cette fille s'avérait être coriace. Ou têtue, mais pas comme le magazine. Pourquoi il n'y avait pas des élèves gentils, respectueux de leurs ainés (et pas de leurs nénés) dans cette fichue école ? Quoi qu'il en soit, il était quasiment à deux doigts de s'énerver et menacer d'un rapport au directeur jusqu'à ce qu'elle lui posa LA question. Le souffle coupé, Hasegawa s'arrêta net. Comment elle savait ça ? Quelqu'un l'avait dénoncé, c'était sur. La méga honte à tout les niveaux. Scary M se décida à bouger, se mettant entre les deux personnages avec sa brindille en guise d'arme. Son dresseur avait beau être un abruti fini avec aucune manière, les insultes se répercutaient directement sur le lézard verdâtre. Shin ouvrit la bouche pour exprimer sa surprise, pour transformer son étonnement en sourire. Ca n'était pas tout les jours que le reptile montrait ses émotions, et le dresseur fut ravi de voir celle ci. Bien que cela était très humble de la part de son partenaire, Hasegawa calma le jeu et dissuada son allié de faire ce qui serait une énorme erreur, surtout la nuit.

Scary, tout vas bien.

Relevant la tête vers son interlocutrice, il poursuivit sa réponse pour la demoiselle en pyjama, avec quelques miettes autour de la bouche.

Je ne dirais rien pour ta fringale nocturne. D'ailleurs, il t'en reste un peu d'ailleurs. Fais-y gaffe, on pourrait croire à quelque chose d'autre.

Ce genre de choses là, il connaissait bien. Après s'être rué sur un pot de pâte à tartiner goût choco-noisette, l'Hasegawa s'était vu affublé du nom peu flatteur de HaseCaca. Même après avoir déclaré plusieurs fois qu'il s'agissait pas d'excréments et que ca n'avait pas du tout le même go... Que ca n'était pas du caca. Bref, sortons vite de ce sujet assez étrange car il n'a pas sa place içi.
Vint une autre question, cette fois un peu plus recherchée. Pourquoi gardait il ses vêtement tout abimés ? Question bête, réponse bête.

Bah j'ai que ceux là, donc j'peux pas faire autrement.

Il aurait pu se trimbaler nu dans les couloirs, mais s'il serait tombé sur un élève, ça aurait été très bizarre et il aurait certainement dû perdre son poste si jamais le directeur l'apprenait. Mais pour essayer d'amadouer un jeune avec son engin à l'air, caché par un rayon de lumière ne sortant d'on ne sait où, pas sur que ça marche à cent pour cent. Au pire il avait son carton maison à côté, ce qui serait moins glauque et tendancieux. Là n'était pas la question de toute façon vu qu'il était habillé et en présence d'une fille dans un couloir.

Tu as souvent ce genre d'habitude la nuit ?

Histoire de voir s'il devait éviter d'aller se remplir le bidon dans le garde manger sans se faire prendre. Parce que oui, être un sans abri, ca demande beaucoup d'énergie !

Elle lui avait demandé si il dormait souvent dehors, et il n'avait pas répondu. Soudain, elle entendit un brusque déplacement, et un petit Arcko avec une brindille dans la bouche se plaça entre elle et le surveillant. L'air hargneux, il la regarda avec un air méchant, et alors qu'il semblait être sur le point d'attaquer, l'homme le calma aussitôt, l'appelant Scary en lui faisant savoir que tout allait bien. Elle avait bien comprit qu'un pokémon se trouvait près d'eux mais désormais qu'il s'était montré à la lumière de la lune elle avait saisi qu'il s'agissait bel et bien de celui du surveillant. Toujours est-il qu'il n'avait pas répondu à sa question, et peut-être ne le ferait-il pas vu la réaction du pokémon plante. Elle avait par conséquent touché un point sensible.

- Je ne dirais rien pour ta fringale nocturne. D'ailleurs, il t'en reste un peu. Fais-y gaffe, on pourrait croire à quelque chose d'autre, dit-il en ayant dès lors cessé de la vouvoyer.

Elle se figea sur place. Qu'est-ce qu'il racontait ? La brune s'essuya la bouche, remarquant que rien de suspect ne se trouvait près de celle-ci. Il voyait mal à cause de la pénombre peut-être ? Et puis son « on pourrait croire à quelque chose d'autre » était très très louche. Non mais, qu'est-ce qu'il s'imaginait qu'on pourrait penser qu'elle ait fait ? Alexia était une fille très correcte voyons ! Mais elle ne dît rien à ce sujet, préférant demander pourquoi il conservait ses vêtements abîmés, ce à quoi il lui répondit qu'il n'avait que ceux-là et qu'il lui était impossible de faire autrement. Elle baissa les yeux. Ce n'était pas qu'il lui faisait de la peine, mais il semblait être quelqu'un de triste, rien qu'avec la façon dont il s'était montré à elle, peut-être avec un peu de honte, elle n'avait pas bien vu, mais elle avait remarqué le piteux état dans lequel il avait l'air de se trouver et ce n'était pas normal. De toute façon il ne répondrait peut-être pas à ses questions indiscrètes, puisque ça demeurait un sujet sensible. De plus elle venait à peine de le connaître, pour qui se prenait-elle à être aussi sans gêne ? Et puis il lui posa à son tour une question.

- Tu as souvent ce genre d'habitude la nuit ?

Non bien sûr que non, c'était même la première fois qu'elle allait faire quelque chose comme ça. Ce soir, elle avait fait un mauvais rêve et avait subi une effroyable sensation de chute, avant de se réveiller avec l'estomac noué et réclamant qu'on le remplisse. Elle s'apprêtait donc à le faire, en violant le couvre-feu et en ayant fit part du méfait qu'elle allait commettre à ce surveillant. Elle avait juste un peu faim, et chipper un petit morceau dans les cuisines n'était pas si mal que ça, si ?

- Non, c'est assez exceptionnel ce soir.

Alexia s'étira. Elle n'avait pas fait plus attention que ça au fait qu'elle était en pyjama devant un surveillant plus âgé qu'elle et elle s'en fichait, elle n'était pas si pudique que ça non plus. Et puis elle n'était pas du genre à porter des nuisettes transparentes non plus. Par ailleurs, il était toujours tard et sa petite faim commençait à se changer en une énorme. Si au moins elle avait mangé quelque chose avant de s'endormir, elle n'en serait pas là.

- C'est la première fois que je vais voler dans les cuisines et je sais que j'ai des chances de me faire griller, mais j'ai super faim.

Ahlala, sa vie était compliquée, vraiment. On aurait presque dit une enfant gâtée avec son air insouciant de pouvoir se faire attraper en train de prendre de la nourriture en cuisine. Non mais à quoi elle jouait ?

- Et vous, vous n'avez pas faim dites ? Vous devez être loin de votre chambre en plus, non ?

Bon elle devrait commencer à se calmer sur les questions à l'avenir parce qu'il n'allait peut-être pas trop apprécier qu'elle soit aussi curieuse. Mais si il avait aussi faim qu'elle alors il pourrait l'aider à se sustenter. Et dans le pire des cas, s'ils se font chopper, elle n'aurait qu'à le balancer.

Se tromper, ça arrive à tout le monde. Mais voir des miettes là où il n'y en a pas, c'est un problème de vision. D'autant plus que le mendiant possédait des lunettes de soleil, donc l'excuse de la mauvaise vue était exclue tout comme le fait qu'il faisait nuit. Bon, ses lunettes ne lui donnaient pas accès à la vision nocturne non plus, mais quand même. Quelques mètres les séparaient, et puis il n'avait pas fait plus attention au visage de la demoiselle. C'était juste un moyen de détourner la conversation sur un autre sujet que sa personne, il était suffisamment dans l’embarras comme ça. Et puis, il avait pu placer cette réplique qu'il avait lue dans un magazine, ça lui regonfla une parcelle de son égo qu'il pensait inexistante. Mais encore une fois, la jeune fille vint lui enlever cette goutte de plaisir en le corrigeant. Elle ne revenait pas de la cantine, mais s'y rendait. Le va-nu-pied baissa la tête à nouveau, persuadé que le sort s'acharnait sur lui. Scary M laissa échapper un gloussement, supposant un amusement certain pour la peine de son dresseur. Il ne semblait pas si gêné que ça pour lui, bien qu'il avait prit sa défense quelques instants plus tôt. Il y avait un certain degré à ne pas dépasser, et cette boutade était clairement la bienvenue pour rire un peu.

Le miséreux préféra ne pas s'exprimer, risquant de s'enfoncer plus bas dans les méandres du ridicule. Pourtant une blague lui était venue immédiatement après que la fille ait déclaré que c'était sa première fois en ce qui concernait le vol de nourriture. Il fallait qu'il la fasse maintenant, après ça serait foutu. Allez bonhomme, vas-y, c'est ton moment de gloire.

Je sais pas s'il y a un grille pain là bas, donc pas sur que tu te fasses griller.

Il eut comme un son de batterie, une sorte de BADUMTSS dans la tête du nécessiteux, pour accompagner cette mauvaise blague .Le gecko tourna les yeux l'air de dire "ok j'ai rien entendu", et Hasegawa tenta de faire sourire la jeune fille. Ils étaient tout deux seuls dans le couloir triste, et un peu de gaieté était nécessaire pour détendre l'atmosphère. D'ailleurs, son estomac émit un grognement particulier. Celui de l'appétit qui se faisait de plus en plus imposant et tout l'organisme de Shin lui implorait du stock. Enfilant son carton, le gueux accepta l'invitation de l'élève en prétextant que s'il y avait un problème la concernant, il s'en occuperait. En réalité, c'était l'inverse qu'il voulait. Mais il se contenta de la première version, sans en dire plus.

Ok je t'accompagne, mais c'est donnant donnant. Plus de questions sur mon carton et je me taierais sur cette escapade. Ce sera notre petit secret en gros.

Déclara t'il un doigt sur la bouche. Hi-Mi-Tsu comme le diraient les nippons, accompagnant cela d'un clin d’œil. De toute façon, cette virée lui permettait d'avoir un moyen de pression sur elle au cas où elle retourne sa veste. Mais vu sa mémoire de poisson rouge, d'içi un ou deux jours il aurait oublié, préférant garder en mémoire les répliques cinglantes de ses personnages de manga préférés. Notamment celles de l'homme à la permanente argentée. Une de ses idoles depuis quelques années.

Scary M leur ouvrait le passage, servant de garde aux avant poste. Il était doué ce gredin, Hasegawa n'avait pas eu besoin de le former vu qu'il était discret de base. Rapide, fort. Digne de tuer n'importe quel personnage endimanché d'une capuche avec des couteaux aux poignets. Rien que ça. Et après quelques minutes de marche, ils arrivèrent dans les cuisines.

- Je sais pas s'il y a un grille pain là bas, donc pas sûr que tu te fasses griller.

Alors là elle ne savait plus quoi dire. Il avait dit ça de manière sérieuse, et cela lui avait arraché un léger sourire, bien que ça devait être la blague la plus pourrie qu'elle ait jamais entendue. Il n'avait pas honte des fois de sortir ce genre de chose ? Même son pokémon semblait s'être détourné de lui, comme s'il avait fait mine de n'avoir rien entendu. C'était pitoyable et drôle. Elle préféra ne pas faire de commentaire. Et puis elle entendit un bruit qu'elle identifia comme un grognement. Qu'est-ce que c'était que ça ? C'est alors qu'il se leva, emportant avec lui son carton. Il s'adressa de nouveau à elle, et si cette fois-ci il ne lança aucune blague moisie sur des grille-pains, il lui dit qu'il allait l'accompagner, à condition qu'elle cesse de poser des questions sur son carton, après quoi il ne dirait rien sur leur escapade. Elle ne comprit pas pourquoi il disait ça.

- Mais j'ai pas demandé de... Bon ok ça me va.

Elle avait finalement accepté, puisqu'ils semblaient avoir tous les deux faim. Et il valait mieux qu'elle se trouve avec lui en cas de problèmes, puisqu'ils étaient tous les deux dans le même bateau, il écoperait de toute la responsabilité et serait forcé de le défendre s'il ne voulait pas qu'elle refasse mention du carton et du fait qu'il semblait, semblait était ici un mot doux pour exprimer ce qui n'était que la réalité, dormir dans les couloirs dans ce dit carton. Mais elle n'aurait pas besoin de faire ça, car ils avaient de toute façon grandement intérêt à être discret. Qui sait si Miaouss rodait dans le coin, après tout ce sale chaton avait les yeux et les oreilles dans toute l'académie, et cela s'étendait peut-être même au-delà. Cette escapade fut ouverte par le petit Arcko du surveillant, tel un éclaireur qui leur ouvrait la voie en la rendant plus sûre. Car même si les couloirs étaient silencieux et vides de monde, ils devaient se rendre au rez-de-chaussée, donc deux étages plus bas, pour accéder aux cuisines. Tout ceci se fit dans le silence, la Minspic restant à une certaine distance du surveillant qui n'avait même pas pris la peine de décliner son identité et dont elle gardait une certaine méfiance. En quelques minutes, ils descendirent le grand escalier du rez-de-chaussée et accédèrent rapidement et discrètement aux cuisines, dont la porte n'était surveillée par rien ni personne. Situées sur le côté droit du hall de l'académie, elles étaient simple d'accès. Tant mieux, Alexia avait vraiment faim.