Alexia s'ennuyait. Elle venait de faire connaissance il y a peu d'Asano, un Minspic qui était son colocataire et qu'elle n'avait finalement pas si mal perçu que ça malgré la façon dont ils avaient fait connaissance. Enfin bref, sa chambre était vide, donc personne à qui parler. Elle ne savait pas ce que faisait son coloc', probablement en train de faire ses devoirs ou d'entraîner ses pokémons, il vivait sa vie quoi, et elle ferait mieux d'en faire autant. C'est pourquoi elle pris la pokéball de Yuna et la fit sortir histoire qu'elles puissent se dégourdir les jambes ensemble. Elle sorti de sa chambre et constata étrangement que les couloirs étaient complètement déserts. Peut-être que tout le monde était dans sa chambre en train de travailler ou dehors en train de faire elle ne sait pas trop quoi.

Elle choisit de descendre, pour rejoindre la salle commune, espérant éviter qu'il y ait du monde car préférant être tranquille avec Yuna. Mais de toute façon les élèves Minspic n'étaient pas les plus bruyants de Primepoc, donc ça lui irait tout aussi bien s'il y avait quelqu'un. La brune entendit alors du bruit, puis en pénétrant dans la salle elle vit un garçon brun en train de faire quelque chose de louche avec ses pokémons. Immédiatement il lui adressa la parole :

- Qui êtes-vous ? Est-ce que vous venez en paix ?

Il se moquait d'elle ou... ? Ce type était déjà bizarre. Mais avant qu'elle puisse lui répondre, un bruit de verre que l'on casse se fit entendre, et la cause était manifestement ce farfuret et ce brutalibré qui semblèrent désolés d'avoir commis un tel crime. Ceci eut le don d'arracher un sourire à Alexia. Puis le brun en face d'elle sembla tout aussi désolé que ses pokémons, lui adressant un simple sourire, lui disant qu'il pouvait tout expliquer. La demoiselle eut un rictus amusé, avant de lâcher un :

- Tu entraînes tes pokémons ici ? C'est pas malin ! T'a de la chance de tomber sur moi et pas sur quelqu'un de coincé, dit-elle sur un ton ironique.

Elle venait juste de sous-entendre que les Minspic étaient des gens coincés. Mais n'en faisait-elle pas partie pour s'être retrouvée dans cette maison ? Quoi ? Mais pas du tout.  Yuna choisi alors ce moment pour sortir de l'ombre, consciente qu'elle ne pourrait pas faire plus de grabuge que les pokémons de cet étrange personnage qui les entrainait en pleine salle commune.

- Voici Yuna, ma fidèle Caninos.

Yuna venait de faire son apparition, et malgré son caractère méfiant elle ne sembla pas ressentir quelque chose de mauvais par rapport à cet étrange personnage. Ce dernier entrainait d'ailleurs ses pokémons dans une salle remplie de trucs fragiles, comme des vases ou des bouteilles en verre, sûrement pour plus de fun, ce qui laissait Alexia légèrement perplexe. M'enfin, ce n'est pas non plus comme si il avait explosé une poutre et fait s'effondrer tout l'étage. Elle eut toutefois un sourire lorsqu'en s'approchant, elle vit le cadre cassé contenant la photo du secrétaire du directeur, Miaouss. Ce Minspic était dans de beaux draps si ça se savait. Peut-être qu'ils perdraient des points à cause de lui. Si seulement il avait été plus vigilant avec le portrait de cet infâme chaton. Mais pour le moment, elle constata que ce n'était plus trop sa première occupation lorsque le pokémon de la brune était entré dans la salle. Elle le vit faire signe à ses pokémon d'arrêter de ramasser les débris pour s'approcher de plus près, afin qu'ils puissent dire bonjour aux demoiselles, à savoir elle et sa caninos. Alexia sourit en voyant le Brutalibre du jeune homme faire des acrobaties avant de s'incliner en signe de respect, alors que son Farfuret semblait un peu plus réservé, leur disant simplement bonjour.

- Alors, voici Rawk le Brutalibre, qui m'a suivi depuis toujours à peu près et voici Klaus le Farfuret que j'ai rencontré lors d'un blizzard dans la zone nord, il y a quelques semaines de cela. Ils ont l'air un peu macho comme ça, mais ils sont adorables.

La brune hocha la tête. En effet, ils en avaient tout l'air. Puis le Minspic se pencha vers Yuna, qui ne fit aucun mouvement devant la main qu'il lui tendit. Elle se laissa fébrilement faire lorsqu'il lui caressa la tête. Et alors il lui demanda son nom à elle, avec son petit commentaire qui se voulait amusant. Elle le fixa de ses prunelles noires, tandis que lui répondit à sa toute première question :

- Je m'appelle Adam et oui, je viens souvent ici.

Elle se mit à sourire, toutefois pas totalement à l'aise :

- Je suis Alexia. Je dois dire que je ne m'attendais pas à trouver la salle commune aussi… vide.

La brune porta son regard autour d'elle, jusqu'à ce que celui tombe sur un canapé près d'une fenêtre, à côté d'autres. D'ici, on pouvait probablement une jolie vue sur le dehors de l'académie, des arbres sur lesquels étaient probablement collés un ou deux Chenipans, jusqu'aux jardiniers se servant de leurs arrosoirs et leurs cisailles pour entretenir les jardins environnants de Primepoc. Elle s'était déjà rendu dans l'un d'eux il y a peu, pour voir si elle pourrait trouver le lieu reposant. Mais elle avait mal choisie son jour puisqu'à ce moment-là l'endroit était remplis d'amoureux roucoulant sur les divers bancs du jardin, ce qui eut pour mérite de la déboussoler tant elle avait eu du mal à comprendre pourquoi. Elle aurait préférée qu'ils fassent ça derrière un buisson plutôt qu'à la vue de tous, même si c'était soi disant la « Saint-Valentin ».  Mais ce n'était pas comme si elle était allergique à ce genre de démonstration, c'est juste qu'elle ne comprenait pas trop, grande ignorante qu'elle était. Elle devrait arrêter de penser à ce genre de chose, sinon elle finirait par devenir bleue à force de faire circuler autant de sang vers son cerveau pour de telles broutilles, un peu comme un consanguin. Même si en fait ça n'avait aucun sens. Cessant de ruminer ce genre de pensées, elle porta à nouveau son regard sur le Minspic en face d'elle.

- J'espère que tu vas arranger ça avant que quelqu'un ne vois ce sacrilège envers Miaouss et nous pénalise, dit-elle en souriant.

La voilà qui ne pensait qu'à la réputation de sa maison et de ses points. On aurait cru entendre un de ces Wèngyard puants. Quoiqu'elle allait peut-être un peu fort sur le terme, mais elle ne les portait pas spécialement dans son cœur. Même si pour le moment, elle ne leur avait pas beaucoup parlé, s'appuyant sur des préjugés réels et des ragots. Elle s'exclama ensuite :

- Je peux t'aider si tu veux, je pense que ça devrait facilement se réparer tant que la photo n'est pas déchirée, ajouta-t-elle sur un ton sérieux.

Elle n'avait pas spécialement l'habitude de proposer son aide, comme ça, mais il ne semblait pas lui vouloir de mal, à elle et à son caractère beaucoup trop méfiant pour rien finalement.

Il reconnaissait dans les airs d'Alexia l'emblème des Minspic, fièrement gravé dans sa psyché. Elle ne parlait pas pour ne rien dire, elle ne saupoudrait pas ses paroles de qualificatifs bien pensants et dans ces airs modestes on pouvait contempler une sorte de supériorité innée, latente. En d'autres mots, elle était de ces personnes dont l'éloquence simpliste suffisait à faire comprendre la place où elle se tenait. Même Adam, à cet instant précis, se sentait légèrement inférieur. C'était d'un naturel aberrant qui, par la force des choses, lui arrachait un sourire. S'était-il déjà senti autant étranger à sa maison qu'à cet instant? Sûrement pas. En rétrospective, il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait dans cette maison. Malgré lui sans doute, par ses talents à l'école, parce qu'il se considérait vif d'esprit. Il était pourtant d'un naturel extravagant et affectionnait par-dessus tout ce sentiment d'être contre le courant, contre les autres. Un plaisir masochiste qui prenait racine dans son enfance où il a dû se créer une place qu'on ne le lui avait pas accordé au préalable. D'ailleurs, cette même réflexion s'est faite en l'espace d'une seconde. Peut-être deux, si on extrapole.

Pourtant, elle n'avait rien dit de mal. Ses paroles, néanmoins, soulevaient des propos accusateurs. À la fois désintéressé, intéressé. Méfiante? À première vue, oui. Il se permit d'être plus sérieux ce qui, pour lui, impliquait uniquement de laisser tomber les frivolités, l'espace d'un instant. Effectivement, des habitudes, ça ne se change pas du jour au lendemain, encore moins sur un coup de tête. Il s'assoit sur le canapé, répondant à sa première constatation.

"C'est les Minspic tout craché. Pourquoi relaxer si cela n'apporte rien de concret et ne fait que retarder les travaux? Mieux encore, pourquoi chercher à socialiser lorsqu'on peut éviter tout contact humain?"

Le ton était accompagné d'un sarcasme qui, pour la plupart des élèves de la maison, s'avérait être tristement vrai. Il y en avait trop, de ces élèves dont les seuls intérêts étaient les travaux et leur performance académique et qui oubliaient de vivre, entre les deux. Il nota une certaine préoccupation dans le regard de la Minspic alors qu'elle observait l'extérieur de l'académie par la fenêtre. Une pensée sur le paysage? Sur les gens visibles de leur salon? Il n'en avait aucune idée. Il était intéressé, du moins, par ce qui pouvait la troubler. Il y avait certainement quelque chose de plus implicite. Il avait toujours été comme ça. Toujours vouloir connaître les autres, sans trop se compromettre. C'était par besoin d'avoir une longueur d'avance sans paraître fermé.

C'est elle qui le rappela à l'ordre en premier, abordant une fois de plus le sujet tabou, celui du cadre brisé. La bonne nouvelle, c'est qu'il n'était pas en trop de morceaux. Peut-être qu'ils vendaient des cadres similaires à Pom'depik. Ça ne devrait pas être trop dur à trouver.

"Ça ne devrait pas être si pire. Il y en a des millions, des cadres de Miaouss. Puis, c'est pas comme si c'était du vandalisme, non plus."

En effet, ce n'était rien de plus qu'un accident. Bien aimable d'elle, d'ailleurs, que de proposer son aide dans une telle situation.

"Ce ne serait pas de refus. J'ai beau avoir des tonnes de qualités, les arts plastiques ça n'a jamais été mon truc. Restaurer des cadres brisés non plus."

Maintenant qu'il avait son aide, elle était officiellement complice de son méfait. Ça lui enlevait un poids de moins des épaules même si, au fond, il prendrait le blâme sur lui-même au cas où les choses devaient tourner au cauchemar.

"Te voilà désormais complice d'un crime grave, Alexia. J'espère que tu sais quoi faire pour réparer le cadre."

Les Pokémons, eux, regardaient leur bêtise avec un air piteux tandis qu'Adam ramassait les derniers morceaux de verres. Il ne pouvait pas les laisser opérer, de peur qu'ils se coupent. À présent qu'il partageait son espace personnel avec quelqu'un, aussi bien en profiter pour en savoir un peu plus.

"Qu'est-ce qui pousse une délinquante à se promener sans but jusqu'à la salle commune alors qu'elle pourrait tenter de devenir une première de classe? La plus grande compétition, c'est entre Minspic, tu sais."

Évidemment, les termes étaient choisis exprès pour susciter une réaction quelconque. Il espérait de l'émotion, pas cette distance qu'il avait sentie. Enfin, la réaction typique de quelqu'un qui couvre ses arrières.

"D'ailleurs, peut-être que ça va t'intéresser, mais ça parle d'une soirée d'intégration organisée par des élèves. Sauf qu'il va y avoir de l'alcool, je suppose que c'est pas ton genre?"

Tactique express pour connaître une personne: connaître ses goûts. Adam semblait plutôt intime, sans doute trop pour le temps qu'ils se connaissaient. Mais il a toujours été comme ça, le sera toujours. C'était dans sa nature à lui. Voilà, plus de vitre au sol. Maintenant, que faire de ce cadre?

Elle avait exprimé son étonnement quant au vide de la salle commune des Minspic, et alors il lui avait répondu sur un ton assez sarcastique.

- C'est les Minspic tout craché. Pourquoi se relaxer si cela n'apporte rien de concret et ne fait que retarder les travaux? Mieux encore, pourquoi chercher à socialiser lorsqu'on peut éviter tout contact humain?

Elle était bien obligée d'avouer qu'il marquait un point sur ce coup-ci, de ce qu'elle en avait vu en tout cas. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle elle ne s'était pas dirigée vers les autres élèves de sa maison, déjà parce qu'elle se méfiait d'eux et de leur caractère distant, et parce qu'ils ne se présentaient que peu d'intérêt à elle, en dehors de lui et d'Asano. Elle soupira ; parfois elle se demandait pourquoi elle avait atterrit ici. D'un autre côté elle n'appréciait pas spécialement les autres maisons, alors peut-être que c'était la verte qui lui correspondait le mieux finalement. Elle ne répondit rien à Adam, ne sachant quoi dire à part qu'il avait malheureusement raison pour une bonne partie d'entre eux, puis après un moment de réflexion, le regard posé sur la photo de Miaouss, elle lui dit qu'il vaudrait mieux qu'il arrange ça avant qu'on le remarque, ce à quoi il lui répondit que ce n'était qu'un cadre parmis bien d'autre de toute façon, et puis il ne l'avait pas fait exprès. Elle proposa alors son aide, qu'il accepta volontiers.

- Te voilà désormais complice d'un crime grave, Alexia. J'espère que tu sais quoi faire pour réparer le cadre.

Le cadre était foutu, explosé comme il l'était, c'était impossible de le réparer, à moins de trouver une technique pour qu'il se répare de lui-même à l'aide d'un pokémon, ce dont elle n'était bien sûr pas capable. Elle eut malgré tout un rictus amusé à sa déclaration. Autant se procurer un nouveau cadre, Miaouss n'y verrait aucune différence, tant que sa personne continuait d'être ainsi gratifiée. Et puis, ça ne la dérangeait pas d'être complice d'un tel « crime ». La demoiselle lui répondit un "Bien sûr." ironique, avant qu'il n'enchaîne sur autre chose.

- Qu'est-ce qui pousse une délinquante à se promener sans but jusqu'à la salle commune alors qu'elle pourrait tenter de devenir une première de classe? La plus grande compétition, c'est entre Minspic, tu sais.

Une délinquante, elle ? Elle se mit à rire légèrement. Qu'est-ce qu'elle en avait à faire de la compétition ? Etre première de la classe ne lui apportait que peu d'intérêt, elle laissait ça aux autres si ça les amusait, mais très peu pour elle. Alexia n'avait pas envie d'être cataloguée comme intello auprès des autres, même si elle avait bien conscience que c'était ainsi que les verts étaient vus. Elle reporta son regard sur Yuna, qui était allongée sur le tapis de la salle commune, l'air las. Quelle flemmarde, pensa sa maîtresse avec amusement.

- D'ailleurs, peut-être que ça va t'intéresser, mais ça parle d'une soirée d'intégration organisée par des élèves. Sauf qu'il va y avoir de l'alcool, je suppose que c'est pas ton genre?

Une soirée d'intégration, pourquoi pas, ça pourrait s'avérer intéressant. Quant à l'alcool, elle ne savait pas, elle n'en avait bu que peu au cours de son existence et avait trouvé le goût bien étrange. Tandis qu'il finissait de ramasser les derniers bouts de verre au sol, elle s'exclama :

- Je me fiche de cette stupide compétition entre les autres Minspic, s'ils veulent être premier de la classe et se déchirer sans raison, tant mieux pour eux, dit-elle d'un ton sarcastique. Je me demande même ce que je fais ici, mais j'imagine que c'est toujours mieux que d'être chez les Wèngyard.

Ah, ces Wèngyard. Fourbes et manipulateurs. Elle ne les appréciait que peu à cause de leur nature qui s'opposait complètement à la sienne. Mais si l'un d'eux l'approchait, elle ne saurait vraiment pas comment réagir. Peut-être froidement, probablement.

- Pour la soirée d'intégration, je suppose que j'y serais, ça peut être intéressant après tout, avait-elle dit simplement.

Il avait finit de ramasser le verre au sol, et elle le fixa de ses yeux noisettes quand il se tourna vers elle.

- On ferait mieux de trouver un autre cadre, il doit bien y en avoir un qui ne sert pas à glorifier ce chat, si c'est possible, ajouta-t-elle d'un ton ironique. Et... Tu supposes bien, l'alcool c'est pas vraiment ce que je préfère, Adam. J'imagine que toi si ?

Elle avait cessé de se méfier à l'instant où il lui avait montré qu'il était différent des autres Minspic. Peut-être allait-elle finir par l'apprécier.