Seul dans son lit, fenêtres fermées, il y avait une certaine atmosphère dans cette chambre. Le genre pas très convivial mais cosy pour les habitués. C'est-à-dire l'équipe du professeur et lui-même. Son bureau regorgeait de paperasse, et à son sommet s'y trouvait un stylo. Oui, il avait beaucoup de travail à faire. Pourtant, il préférait rêvasser dans son lit. Ebola mâchouillait machinalement un truc qu'elle avait du trouver dans la poubelle, c'est incroyable comme ce pokemon de type poison pouvait être autant fasciné par la bouffe. L'estomac mangeait absolument de tout. Le seul problème, c'est qu'une fois qu'elle termine son repas, elle se transforme. Comme une pré-évolution. Ebola deviens « Grobeauf ». Et encore c'est gentil. Grobeauf c'est quoi ? C'est celui qui après un bon gueuleton, lâche une bonne grosse caisse à la fois odorante et très bruyante. Puis, dans l'histoire, c'est toujours Grobeauf qui rigole le premier à cause du bruit, et vous fait remarquer l'odeur. Ebola c'était pareil. Et quand elle terminait son repas, généralement, le professeur déposait son Gloupti sur le rebord de la fenêtre. Ebo' aimait bien péter quand elle était au frais. Ses flatulences accompagnaient le bruit et se déplaçaient au gré du vent. Mais trêve de bavardages. Le garçon avait un rendez-vous, et pour une fois ce n'était guère lui qui l'avait fixé. La chambre d'Ortiz se décomposait en trois parties. Il y avait le bureau et une chaise unique, pour travailler. Le lit, pour se reposer ou plus si affinités avec la couette. Et un canapé en cuir noir convivial, posté devant une table basse plutôt triviale. Mais c'était toujours sympathique pour boire des coups, papoter, échanger quelques paroles.

Un bruit à la porte, son invitée était arrivée à bon port. Directement, la première chose qui s'était produite dans la salle, fut la peur bleue de la chromatique. Au moindre bruit, sachant que la porte allait s'ouvrir, elle s'était dissimulée dans sa pokeball, attendant d'être seule ou en compagnie du professeur uniquement pour pouvoir sortir. De ce côté, dresseur et pokemon n'avaient pas de point en commun. Elle avait honte de son corps, alors que lui, l'appréciait à sa juste valeur. Que ce soit le sien ou celui de sa chromatique. Blanche et rosâtre. Elle était à croquer, mais elle se voyait comme étant une aberration, une erreur de la nature. Directement, Ebola fut placée sur le rebord de la fenêtre. Il fallait à tout prix éviter le débordement, si vous voyez ce que je veux dire.

Il était détendu au possible. Un bouton à tourner, et voilà que la lumière s'était légèrement allumée. Ambiance tamisée, pour éviter une trop grosse agression des yeux par la lumière artificielle. Les rideaux protégeait Alejandro de la lumière du jour. Celle-là même qu'il évitait. La nuit avait été très blanche, ses petites cernes étaient bien évidemment visibles, et il voulait à tout prix fuir la réalité. Il faisait jour, et il ne pouvait pas se permettre de dormir à présent. Mais pourquoi ne pas dormir la nuit ? Disons qu'il avait tellement de choses à faire qu'il avait préféré consacrer son temps à cela plutôt qu'à se reposer. Le gars n'était pas trop égoïste dans le fond, car il pensait à travailler avant de penser à son bien-être. Un bon gaillard. Même s'il ne le montre pas assez.

La main sur la poignée, il ouvrit la porte et vit une charmante jeune femme sur le pas de la porte.

‘Bonjour Mr. Ortiz. Je suis là pour vous demander quelques conseils, puis-je entrer ?’

Ce à quoi il répondit sans sourciller.

▬ Évidemment. Faîtes comme chez vous hein, installez-vous ! Par contre je garde ma chaise de bureau, si cela ne vous dérange pas. Soit. Je suis tout ouïe, en quoi puis-je vous aider, miss Van Sorhen.

Un cas très classique de surévaluation du pokemon. Lorsqu'on possède une défense merdique, et que notre adversaire utilise une attaque de son propre type – boostée donc – et bien ça termine bien trop souvent comme ça. Cela arrive assez souvent. Il faut jamais sous-estimer un adversaire, bien au contraire, mieux vaux le sur-estimer ! Les statistiques font très souvent parler d'eux mêmes. Le docteur pensait qu'elle allait cramer aisément le petit volatile avec une attaque feu. Mais la vitesse de ce type, allié à très certainement une ou deux attaques physiques, et le voilà réduit en chair à pâtée. Espérons que ça n'allait plus se reproduire par le futur. Il fallait donc lui expliquer où elle avait prêchée.

▬ En fait c'est plutôt simple. Salamèche possède très peu de défense de base. Par la suite, si le volatile à exercé une ou deux attaques physiques de son propre type sur le vôtre, c'est tout à fait logique qu'il soit réduit en bouillie. Dans ce cas, il ne faut pas désespérer, au contraire, la persévérance sera la clé. Quant à un cours particulier... Et bien, disons... Que j'accepte volontiers ! Mais pas tout de suite. J'aurais besoin de me reposer un peu avant..

Le Professeur mis un petit fond sonore et pris sa cafetière bien chaude. Les plaisirs du partage d'un bon café, il n'y avait rien de mieux pour se mettre d'aplomb même après une grosse soirée à fignoler deux trois trucs. Sans même lui proposer, ou lui demander, il lui avait déposé un café, une briquette de lait ainsi que deux sucres. Lui du moins, c'est ainsi qu'il boit son café. Monsieur avait besoin de faire un petit somme. Quelques heures du moins, ne serait-ce que pour avoir les jambes moins lourdes, et moins de pression sur le dos. Il pourrait très bien demander quelques cachets à la docteur, d'un commun accord, par simple échange entre profession, mais il n'avait pas osé. Et puis bon, rien de mieux qu'une bonne sieste pour se sentir mieux. Dans le blanc des yeux, une espèce de silence s'était installé. C'était inconvenant de la part d'Alejandro, mais il épiait chaque geste qu'elle faisait. Des allures de bourgeoises. Il détestait ça. Mais, dans sa façon de parler, il n'y avait que très peu de noblesse. Pas de langage raffiné, contrairement à ce que l'on pourrait penser, rien qu'à son accoutrement, ou son nom de famille. Van Sorhen, ça fais plutôt noble.

▬ Sur ce, cela m'a fait plaisir de vous rencontrer Miss Van Sorhen. On pourrait continuer la journée à écouter du Bach tout en papotant de nos vies respectives, et cela ne me dérangerait guère, néanmoins j'ai quelques heures de sommeil à rattraper. En tant qu'infirmière vous vous doutez que c'est nécessaire pour notre future activité physique de tout à l'heure. J'entends par la, se promener et capturer un ou deux nouveaux compagnons. Par contre, je ne vous donne pas d'heure pour notre rendez-vous. Je vous appelle directement sur votre numéro de téléphone une fois que je serais réveillé.

C'est pas très cool de renvoyer quelqu'un comme ça, mais les patates sous les yeux, ça reste quand même plutôt inconvenant devant une si charmante demoiselle. Puis, bailler à s'en décrocher la mâchoire toutes les deux secondes, essuyer la petite goutte chaude qui coule le long de la joue... Il y a mieux pour papoter. Après l'avoir raccompagné à la porte, toujours souriant, le jeune homme montait légèrement le son, se laissant emporter par « Air in G », s'était allongé dans son lit. Les yeux fermés, le calme était revenu dans la pièce, et en l'espace de quelques secondes, il s'était endormi docilement.