Cœur battant à tout rompre, main tremblante. Elle était épuisée. En manque serait plus précis. Elle avait une irrésistible envie de cigarette, et le piètre paquet que lui avait donné un ami avait fondu comme neige au soleil. Elle n'était pas dépendante, mais le stress et la fatigue accumulée lui avaient fait comprendre qu'il valait mieux qu'elle consomme un de ces poisons. Elle n'était pas spécialement fière de fumer, mais certaines choses sont malheureusement immuables. Elle secoua la tête, et continua sa funeste marche, menant tout droit à sa perte. Ses converses boueuses foulaient le sol en répandant une traîné de terre sur leur passage. Elles semblaient impossibles à nettoyer, et c'est donc avec ces baskets sales qu'elle est sortie de sa chambre, avec pour seule et unique attention de rejoindre la chambre de Lieven. Lieven. Un frisson glacé lui parcourut l'échine, et son cœur se mit à battre à tout rompre presque immédiatement. Sa poitrine semblait saigner, et son organe vital martelait sa cage thoracique dans un bruit sourd. Tant de sentiments se mélangèrent en elle. Passion, envie, désir, amour, peur, doute, colère, manque. Oui, au final, elle était aussi en manque de lui. De ce qu'il lui apportait, du bien-être qu'il lui procurait. Elle ramena ses mains vers ses avant-bras et se les frotta avec force, dans le but d'évaporer cette chair de poule qui était venue la hérisser. À mesure qu'elle avançait, son pas se faisait plus effréné, plus saccadé, tant l'envie de goûter à ces merveilles et de le voir se faisait plus fort.

Même si au fond d'elle, elle savait pertinemment qu'il n'était pas dans sa chambre. À cette heure-ci, il devait sans nul doute être en route pour la cafétéria à prendre son café. Elle pourrait donc lui chaparder une ou deux cigarettes en toute tranquillité. Il ne lui dirait rien, du moins, elle priait pour qu'il ne lui en veuille pas. Elle s'arrêta net dans sa folle course et se retourna vers la lourde porte de bois. Elle hésita, puis toqua trois coups plutôt violents et réguliers. Aucun son, aucune réponse ne s'échappa de cette pièce qui devait être vide. Soulagée, mais également dépitée de ne pouvoir voir son bien-aimé, elle appuya sur la poignée et s'engouffra dans cette obscure pièce. Elle s'étonnait de la voir toujours aussi impeccable, et propre. Elle se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les volets. Immédiatement, la chambre passa d'obscure à illuminée, ce qui lui permit de voir plus facilement autour d'elle. Elle se précipita vers le lit de son précieux amant, et s'assit dessus dans un soupir. Sa présence était devenue comme une drogue dont elle ne pouvait s'en passer, de le voir, de l'entendre était quelque chose d'indispensable. Elle se laissa tomber en arrière, et s'étala sur ce matelas aux draps blanc et immaculés. Elle pria pour qu'il vienne, qu'il arrive et qu'elle puisse se délecter de sa présence. Sans doute était-elle devenue folle ? Oui, du moins, il n'y avait même plus de doute. Elle se releva d'un bond, se rappelant furieusement la raison de sa venue ici. Elle s'agenouilla sur le sol glacé, et ouvrit le tiroir de la petite commode se trouvant à côté d'elle.

Elle y trouva le paquet tant adulé, heureuse, elle poussa un rire victorieux et le sortit de son antre. Elle tapota légèrement dessus, et sortit la petite merveille de sa cage cartonnée. Elle la porta directement çà ses lèvres, et chercha autour d'elle une flamme pour allumer ce poison. Elle trouva un paquet d'allumettes dans le tiroir en dessous, et se pressa d'allumer la cigarette. La fumée grisâtre s'engouffra immédiatement dans ses poumons, l'apaisant instantanément. Elle laissa la toxine remonter dans gorge, pour venir s'échapper de ses lèvres dans un rond de fumée. C'était agréable, cette sensation de chaleur et de paix, même si le goût était immonde. Ces poisons feuilletés étaient de véritable péché mignon, en plus d'être une drogue au fur et à mesure du temps. La cigarette crépitait, et se consumer doucement, rythmé par les respirations de la jeune blonde. Ses iris azur se portèrent à nouveau sur le tiroir devant elle, et quelque chose s'alluma en elle. Une bague était à l'intérieur, et la curiosité rythma le rapprochement de sa main avec ce bijou. La main tremblante, elle attrapa la bague du bout des doigts, et l'étudia longuement. C'était un bijou masculin, assez élégant d'ailleurs. Elle fut surprise, car elle n'avait jamais vu le jeune homme la portait, et s'en fut bien dommage, car elle était de toute beauté. Elle était assez troublée que ce bijou pourrisse au fond d'un tiroir lugubre. Elle avala d'une dernière fois la fumée empoisonnée, et écrasa la cigarette sur le cendrier à côté d'elle. Elle était maintenant levée, et contemplait cette bague. Elle était comme hypnotisée par ces contours et sa forme. Plus rien ne comptait à part la vision du bijou, et les pensées qu'il lui aspirait.

Il est étrange de voir les différentes réactions de chaque personne en ce monde. Certains dirons que notre façon de penser n'est pas la même selon la personne que l'on croise, ou si elle nous est inconnue ou non. À cet instant précis, Elijaa ne savait pas comment réagir à cette situation. Elle était désemparée, et sentait comme l'enfant prit dans un délit mineur, mais honteux. Son cœur manqua de bondir hors de sa poitrine quand le bruit de la porte s'ouvrant à la volée se fit entendre. Sa main tremblante, et ses doigts se crispèrent sur le bijou. Elle savait qu'elle ne devait pas être là, et si sa curiosité ne l'avait pas poussé à ouvrir et à contempler cette bague, elle ne serait plus là et déjà loin de cette satané chambre. Elle se cambre, et tenta de cacher l'objet volé contre sa poitrine. Elle ne savait pas qui était derrière elle, et la pression se fit encore plus fort, ainsi que la montée d'adrénaline provenant de l'inconnu. Oui, le mystère entourant d'un voile blanc la personne derrière elle. Bien que l'ombre fugace se projetât et dansât dans un rythme irrégulier sur le lit devant elle, le corps difforme et humanoïde était bien trop flou pour qu'elle puise devinait avec lucidité à qui appartenait ce corps. Le crime parfait n'est-ce pas. Elle voyait déjà dans sa tête un scénario digne des plus grands films, et d'autant plus que le décor et la scène convenaient parfaitement pour faire fleurir son imagination si fertile. Même si la chambre était illuminée de la lumière solaire, son corps était plongé par la poutre opaque qui traversait la pièce, projetant un voile sombre sur elle. Elle semblait aussi difforme, du moins pour celui la regardant dans un angle bien précis. Sa position de voleuse voulant à tout prix garder son trésor y participait longuement, et si ses cheveux blonds ne tombaient pas en cascade sur ses épaules, l'on aurait tout aussi pu bien penser qu'il s'agissait d'un homme. Qu'importe, les mains tremblantes, le cœur battant à tout rompre et le sang bouillonnant vigoureusement dans ses veines, elle se redressa et se redressa dans un mouvement fluide, sec et rapide. Ses longs cheveux blonds ont volé afin d'agrémenter ce retournement, ou du moins, ce changement brutal de position. De son masque de voleuse faible et tremblante, elle avait récupéré son caractère fort et arrogant. Malheureusement, cette brusque reprise de confiance en soi - ou plutôt d'arrogance et de fierté, s'écroula aussitôt quand elle reconnut le visage de l'inconnu, qui n'était plus un inconnu, qui ne l'était pas du tout même. Lieven. Elle crût défaillir quand elle reconnut les traits de son doux visage. Oui, la peur, la colère, la honte, la joie, la peine, le désir. Un désir, quel désir ? Celui de le prendre dans ses bras évidemment. Ce désir vint pourtant être stoppé, de manière plutôt brutale d'ailleurs, par celui de la prise de conscience de la bêtise et de la position gênante dans laquelle elle était. Ce qui la frappa était qu'il ne regardait pas ses mains crispées sur le bijou, mais plutôt ses converses boueuses. Elle poussa un soupir, et se rendit compte que le regard accusateur qu'il lui lançait venait de son esprit maniaque et de la boue qu'elle avait répondue partout dans les couloirs. Fort heureusement, elle avait pris soin d'essuyer ses chaussures avant de rentrer dans sa chambre, ne voulant pas le froisser d'avantage d'autant plus qu'elle venait de lui chaparder une cigarette.

▬ Elijaa ! Tu te fous de ma gueule. Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ?

Ta gueule pensa-t-elle. Elle ne supportait pas qu'on l'agresse de cette façon, et cela l'irritait d'autant plus que c'était la personne qui comptait le plus à ses yeux qui lui parlaient de cette façon. Elle fronça les sourcils et se mordilla la lèvre inférieure, avant de laisser retomber ses bras le long du corps et ses poings se crisper. Elle n'arrivait pas à lui en vouloir, Elijaa ne pouvait pas s'en prendre ni même avoir une quelconque pensée négative envers lui. Même si les yeux de Lieven étaient glacés et lancé des éclairs, Elijaa ne pouvait pas cacher l'amour que portaient ses yeux bleus pour le jeune homme. Elle n'avait pas trouvé la force de lui répondre, elle voulait se défendre, lui balançait quelques insultes en lui criant que ce n'était pas la peine de débarquer de cette façon et lui causer une telle peur. ( chose qu'elle fait d'ailleurs le plus souvent ). Mais à ce moment, Elijaa savait qu'elle était en faute. Que cela ne servait d'avoir le dernier mot, elle ne pouvait qu'admettre ses torts - chose rare d'ailleurs. Elle baissa les yeux d'un air coupable, de la même façon qu'un bambin prit en flagrant délit de chapardage de chocolat dans la réserve familiale. Son cœur battit un peu plus fort quand elle entendit le bruit de ses pas sur le sol. Ses yeux s'écarquillèrent un peu plus, et son étreinte se fit un peu plus forte. Un géant. Pour la première fois de sa vie, elle eut réellement peur. Elle connaissait sa réputation, et même si elle était-elle aussi d'un tempérament colérique et bagarreuse ( il n'y a qu'à voir l'état de certaines personnes pour s'en rendre compte ) elle se savait incapable de tenter la moindre chose contre lui. Elle l'aimait trop pour cela, beaucoup trop. L'amour rend aveugle et con me diriez-vous, et vous avez tout à fait raison. Elle se surprit à reculer d'un pas quand il s'avança près d'elle, elle ne savait pas si lui pouvait retenir ses coups. Malgré tout, sa fierté et son arrogance refirent surface, à son plus grand damne. Même si tout ceci n'était qu'une parade pour couvrir l'immense sentiment de peur qui l'habitait à ce moment précis. Elle se sentit partir en avant quand la main de jeune homme rencontra son poignet. Elle était légère, frêle, lui était fort et baraqué. La jeune femme ne pût se défendre ou rester sur place, elle ne pût que partir en avant et se laisser malmener par Lieven. Il n'avait pas conscience de sa force ni du fait qu'il lui faisait mal. Elle se courba, avant de se redresser brutalement. Cela ne la gênait pas qu'il lui prenne le poignet pour lui faire la morale, mais la douleur était insupportable et elle se sentait particulièrement offensée. Elle ne le regardait pas dans les yeux, ils étaient, au contraires, incapables de le fixer, ou même de plonger son regard dans le siens comme elle aimait si bien le faire. Non, elle faisait une grimace de gêne, comme un enfant. Son caractère puéril refaisait surface, et même si ses sourcils étaient froncés, l'on ne pouvant déceler qu'une infime trace de colère dans ses iris azur.  

▬ Comment oses-tu fouiller dans mes affaires sans me demander la permission.

Ces paroles étaient secs, et fortes. Il lui criait dessus, et cela l'insupportait. En plus de faire saigner son cœur amoureux. D'une part, il lui faisait mal de façon physique, mais également de façon psychologique. Elijaa se sentait brisée, honteuse, triste et d'une colère noire. Elle vit, ou plutôt sentit le jeune homme resserrer son étreinte, et la douleur se fit plus forte, plus ambiguë. L'expression qu'affichait Lieven était quelque chose qu'elle n'avait jamais vu. Il était dans une colère noire, et c'est en voyant sa lèvre pincée qu'un frisson glacé lui parcourut la colonne vertébrale. Elle faillit lui pincer le poignet de toutes ses forces afin de se défaire de cette étreinte douloureuse et terrifiante. Il était le loup, elle était la brebis. Elle n'avait jamais connu un tel sentiment de faiblesse, c'était bien le premier à lui faire autant de peur, et même l'unique personne à lui avoir fait peur.

▬ Lieven, lâche moi. Tu me fais mal.

Bien évidemment, elle ne pouvait lui faire aucun mal. D'une part parce qu'elle savait qu'elle n'avait aucune chance, et de l'autre parce qu'elle avait trop d'amour pour lui pour ne serait-ce que penser lui faire mal. Néanmoins, une pensée lui traversa brutalement l'esprit. Elle avait une chance, elle était fine et agile. Il suffisait de lui asséner un coup rapide, brutal, sec, donc efficace. Elle chassa bien évidemment cette pensée de son esprit, de sa mémoire même. Elijaa ne pouvait se résoudre à savoir qu'elle avait l'idée de lui faire mal, et sacrément mal d'ailleurs. C'est incroyable ce que l'amour rend faible et geignard, il suffisait de voir que le jeune homme réussissait par sa simple présence de calmer le tempérament colérique et démarrant au quart de tour de la jeune demoiselle. À la place de tout ce film qu'elle s'était fait pendant ces quelques secondes interminables, elle posa son autre main sur le poignet du jeune homme. Cette main était douce, venant toucher la peau du jeune homme d'un caresse, avant de venir l'entourer de ses doigts et de crisper avec légèreté sa main sur le muscle de Lieven. Elijaa avait ramené le bijou entre deux doigts, laissant transparaître sa quasi-totalité aux yeux du jeune garçon. Elle regretta presque immédiatement ce geste, se rendant avec horreur qu'elle n'était pas censée avoir touchée à cet objet non plus. Le visage, le regard, l'expression, il lui avait suffi d'un regard, d'une seconde pour que le visage de son Roméo se décompose. Ses yeux se sont écarquillés, et elle a éloigné la vue, la vision de la bague de lui.

▬ Cette bague... Tu as osé fouiller dans mon tiroir...

Dieu, Cher Dieu qu'avait-elle fait ? Elle était en faute, elle était désolée, elle était morte. À l'intérieur tout se mélangeait, pour ne former qu'un noir cramoisis symbole de sa détresse et du sentiment d'horreur qu'elle éprouvait à cet instant précis. Dieu, par pitié, venait moi en aide. Elle ne pouvait plus le regarder en face, elle ne pouvait plus rien faire, hormis le regarder et repasser en boucler l'image d'elle sortant de la pièce et ne touchant jamais à ce maudit bijou. Il ne représentait que le malheur pour elle à ce moment, et dans ses mains l'acier brûlait. Il brûlait d'une flamme, comme s'il se ventait du sentiment qu'éprouvait la jeune femme. Elle releva la tête, inquiète, dépitée, et en colère. Oui, toujours cette unique colère revenant à cause de sa stupide fierté de son arrogance et également alimenté par l'inquiétude qu'elle éprouvait pour lui à ce moment-là. Il relâcha son étreinte, et ses poignets rouges purent respirer et se nourrir de la lumière qui bombardait la pièce. Tout se déroula lentement, et pourtant, cela lui parut ressembler à une boucle infinie qui se répète encore dans sa tête aujourd'hui. Disparues. Ses émotions avaient disparu, ne laissant place qu'à un pantin désarticulé incapable de pensée ou de sentiment.

▬ Lieven ...

Elle voulait le rappeler, elle voulait s'excuser. Elle voulait le prendre dans ses bras. Elle voulait l'embrasser. Elle voulait se dire que ce n'était qu'un rêve. Elle voulait se dire que tout ceci n'était pas grave. Elle voulait qu'il ne lui en veuille pas. Elle voulait lui dire, je t'aime. Elle voulait effacer tout ses doutes. Mais elle ne pouvait pas. Tout ceci n'était que des propos tenus par une femme affolée par le comportement de son amour et de la frustration de ses actions inutiles. Idiot. Elle s'en voulait, d'une façon telle. Pour la première et unique fois de sa vie, elle comprenait que ce qu'elle venait de faire était mal, idiot et aurait pût être évité. Ses jambes faillirent céder sous son poids quand un bruit se fit entendre. Lieven. Que fait-il ? Il était là, devant elle, le poing contre le mur. Ce dernier tremblait de toute part, et le choc avait dû être d'une violence inouïe pour qu'elle ait, l'espace d'un instant, la terrible peur qu'il se fissure.

▬ Lieven arrête je t'en prie. Je suis désolé, désolé, désolé.

Des larmes coulèrent le long de ses joues. Désolé, désolé, désolé.. Elle se répétait ces mots dans sa tête, ricochant pour revenir sous un cri. Désolé. C'était donc cela le sentiment de pleurs ? Le sentiment de culpabilité ? Sa voix était tremblante, et son menton tremblait lui aussi. Une de ses mains formait une coque contre sa bouche, l'empêchant de montrer sa respiration saccadée, et pour cacher sa bouche formant un ô magistrale. Elle était surprise, et ceci n'était qu'un des innombrables sentiments qui l'habitait à ce moment-là. Cette fois-ci, ses jambes s'écroulèrent, la laissant tomber délicatement sur le sol. Un clapotis se fit entendre, et le sol glacé fut bientôt parsemé de gouttes d'eau. Elle n'était pas le genre qui faisait couler des larmes pour un oui ou pour un non, elle avait l'habitude d'enfouir sa tristesse et de la transformer en une colère noire. Mais à ce moment précis, la tristesse n'était pas la seule chose lui faisant couler ces misérables larmes. Sa gorge était sèche, et avait une boule, qui était également présente dans son ventre. Elle s'en voulait tellement d'avoir une telle bêtise, une telle idiotie. Cette curiosité qui lui avait déjà causé bien des torts, auparavant, était arrivé à la faire pleurer. Elle se repassa à nouveau une image d'elle prenant une cigarette et sortant de la chambre, sans poser ne serait-ce qu'un regard sur le bijou. Oui, si seulement cela s'était passé ainsi, si seulement. Elle ramena ses mains sur ses bras, et les pressa avec force. Elle voulait que la douleur prenne le pas sur la douleur morale, et ainsi effacer ses maux. Elle n'en pouvait plus, elle était épuisée, faible et triste. Le sentiment de faiblesse était absolument détestable, mais il ne montrait que la puissance de l'amour qu'elle éprouvait envers lui.

▬ Cela est de ma faute...

Elle releva la tête, les yeux encore brillants de larmes. Même si ses dernières avaient arrêté de couler, ses iris azur étaient encore flous. Elle se redressa, et effaça d'un revers du bras ses larmes. Ne restait plus que la femme forte, celle remplaçant sa tristesse par une colère. Un colère passionné, brûlant de son amour. Elle était sombre, les poings serrés, les épaules fixes. Elle ne pouvait s'approcher de lui, elle savait que cela ne ferait que l'irriter encore plus. Elle ne savait quoi dire, pourtant - et fort malheureusement, quelque chose jaillit de sa bouche, passant de sa pensée à sa parole.

▬ Calme toi, je t'en prie pour l'amour de dieu calme toi.

HRP:

Elijaa venait de perdre espoir quant à sa compréhension du sexe opposé. Elle était triste, et une colère immuable faisait bouillir le sang dans ses veines. Elle serra les poings, et contempla le sol d'un air sombre. Ne restait sur ses joues que des larmes séchées, vestige d'une tristesse passé. Même si ce sentiment perdurait encore dans son cœur, tout avait plus ou moins été transformé en une colère noire. Aucune haine bien entendue, une simple colère rongeait ses os et son esprit. Elle serra les poings, et pendant un instant, elle crut que ses épaules allaient trembler, mais rien n'y fit. Elijaa regardait simplement le sol, sans mot, se repassant en boucle les événements qu'il venait de se produire. Elle se sentait vide, sale. La honte submergeant son petit corps, lui traversant chaque muscle, chaque veine. Elle voulait juste que tout ceci s'arrête, ce stop enfin pour qu'elle puisse respirer et enfin retrouver sa bonne humeur. Elijaa releva la tête, voulant voir à nouveau son bien-aimé, espérant au fond d'elle que tout ceci était fini et n'était qu'un souvenir. Elle voulait le revoir à son habitude, elle voulait juste retrouver celui qu'elle aime, et non celui qu'elle aime en colère. Elle voulut s'avancer, mais quelque chose se brisa en elle quand elle vit le poing du jeune homme en sang. L'espoir que tout ceci était fini, venait d'être brisé. Elle serra les poings, et pendant un instant, elle crut que ses épaules allaient trembler, mais rien n'y fit. Tout ce qu'elle savait sur elle semblait s'être envolé, ne restait qu'une nouvelle facette de sa personnalité. L'amoureuse en sang. Son cœur saignait abondamment à mesure que la flaque rougeâtre s'agrandissait. Malgré tout, elle ne bougea point. Restant là simplement, les yeux écarquillés. Elle ne savait que faire, à part rester là et le regarder se vider de son sang. Elle détourna les yeux, la vue de ce liquide était insupportable.

▬ T... Tout est de ma faute...

Elle le regarda à nouveau, essayant de faire abstraction à son sang se déversant sur le sol. Une colère lui rongeait le sang, et tandis que celui-ci bouillonnait dans ses veines, elle tenta de comprendre et d'essayer de trouver une logique à ce qu'il venait de dire. Son regard vide montrait clairement qu'il n'avait plus conscience du monde qui l'entourait, et pendant un bref instant, elle se demanda s'il n'avait pas perdu l'esprit. Elijaa secoua la tête, sachant que Lieven était tout sauf fou, et s'insulta elle-même d'avoir pensé ceci. Une irrésistible envie de le prendre dans ses bras la saisie à ce moment précis, et bien qu'avec toutes les peines du monde, elle parvint à se contrôler. Elle voyait et comprenait parfaitement que le jeune homme était perdu dans ses pensées, et mieux ne valait-il pas l'en extirper de manière si violente.

▬ Arrête de te faire du mal Lieven, ça ne sert à rien.

Elijaa avait dit ces mots sans réfléchir, ne sachant pas réellement le pourquoi de son comportement. Elle ne pouvait que lui dire cette phrase, quelque chose d'autres aurait put le froisser ou l'énerver encore plus. Elle n'osait même plus le regarder en face tant elle cela lui faisait mal, mal de le voir dans un tel état. Elle sursauta quand le poing ensanglanté du jeune garçon vint de nouveau heurter le mur dans un fracas assourdissant. Une nausée. Oui, ce sentiment de dégoût mélangé à la culpabilité. Elle savait que tout était uniquement de sa faute. D'autant plus que son sentiment d'impuissance renforça son sentiment coupable envers cette situation. Elijaa désirait plus que tout le réconforter, réussir à le calmer, à apaiser sa tristesse et sa colère. Mais elle savait qu'elle n'y arriverait pas. C'était la triste vérité implacable qui s'offrait à elle.

▬ Je ne te mérite pas, je ne mérite rien... J'aurais dû mourir avec eux.

Mourir. Voilà un mot qu'elle n'employait jamais, et qu'elle n'avait probablement jamais employé. La mort n'a jamais jeté son dévolu sur sa vie, et sans doute était ce mieux ainsi.Mourir. Ce mot lui fit l'effet d'un coup de poignard droit au cœur. Sa main vint immédiatement presser sa poitrine, essayant de comprimer sa douleur et d'empêcher qu'elle se propage.Mourir. Non. Comment un mot peut-il faire tant d'effet ? Elle était surprise, triste, coupable. Elle n'était pas bien. Il n'était pas bien. Et le plus désolant et qu'elle n'en connaissait pas les raisons, elle ne savait pas ce que ce bijou avait pu rappeler de si choquant et de si traumatisant à Lieven. Et cela la mettait hors d'elle. Oui, elle était en colère et frustré. Frustré de rien savoir, de rien comprendre. De ne rien pouvoir faire à part pleurnicher sur son sort alors qu'il n'était pas bien, qu'il avait besoin d'aide chose qu'elle était incapable de faire.Mourir. Que savait-elle de la mort ? Rien. Que savait-il de la mort ? Tout.

▬ Lieven, pourquoi te mets-tu dans un tel état ?

Sa voix était tremblante, malheureusement. Elle se voulait rassurante, alors que c'était elle qui avait besoin d'être rassurée. Elle voulait qu'il dissipe ses doutes, et que tout ceci se termine enfin.Mourir. Ces mots revinrent telle une flèche dans son cœur, alors au fond d'elle même, elle comprit. Il ne pourrait jamais dissiper ses doutes.

▬ Je t'en prie Lieven dit le moi.

Ses iris azurs étaient floues, brouillées. Les larmes coulèrent toute seule, alors que son visage était impassible. Non, il n'y avait aucune expression de tristesse sur son visage, juste de la surprise. Oui, elle se surprit elle même à verser des larmes. Elle contempla ses mains sur lesquelles ricochaient des larmes. Sa voix était tremblante, et elle se rendit compte de ceci après que ses mains furent mouillé par l'eau salé qui se déversait de ses yeux. Elle se sentait faible, geignarde et se dégoûta d'elle même. Elle devenait tout ce qu'elle méprisait chez une fille, et pourtant elle n'arrivait pas à faire autrement. Elle serra ses poings, et détourna quelques secondes ses yeux du visage de Lieven. Elijaa s'essuya d'un revers de la manche ses yeux, et fixa son bien aimé. Elle voulait avoir une explication. C'était tout ce qu'elle demandait. Je t'en prie.

HRP: