21h30, dortoirs de Namethia à l'Acédémie de Primepoc.
Début des préparatifs.

Un filtre grillé entre les doigts, la feuille et la conso désormais dans les veines, tu jettes un coup d’œil dehors, la nuit tombée depuis longtemps sur l'île. Tu envoies ce qui reste de preuve à l'entrave du règlement contre les produits illicites par la fenêtre. C'est pas comme si c'était la première fois que tu venais à transgresser ses lois à la con. Tu suis sa chute de ton regard injecté de sang avant de te lever et de fermer les volets derrière toi. Tu t'avances lentement vers ton lit, Mysterion roulant dessus en poussant des petits bruits. Du bout des doigts, tu effleures ton adorable pokemon en guise de caresse, celui-ci te répondant par une sorte de ronronnement, son « gaz » violet venant chatouiller ta main, comme des petites tentacules sans matière. Tu t'assois à côté et l'observe te faire la fête, l'air un peu pensif. C'est fou comme cette chose pourrait être le fruit d'un poisson œuvé mais qui a été par la suite possédé par un quelconque esprit. Wow, la drogue te fait penser des choses mystiques, ça va plus.

Tu quittes ton lit en tapant dans tes mains, remontant ensuite ton pantalon convenablement sur tes hanches avant de te tourner vers ton fantominus.

« C'est l'heure ma grosse patate ! L'heure de rétablir notre règne nocturne. T'es pas d'accord ? »

Tu lâches un éclat de rire qui se veut machiavélique, mais à vrai dire ça ressemble plutôt à un hennissement de poney  malade. Le pokemon te suit dans ta folie démente en tournant dans la pièce à toute vitesse, passant à travers les murs avant de faire de même dans ta poitrine.

« AH PUTAIN. Arrête de faire ça, je te l'ai déjà dit plein de fois ! Je déteste cette sensation, j'ai l'impression qu'on me viole de l'intérieur. »

Mysterion fait mine de se renfrogner mais tu sais très bien qu'il fait semblant ce petit enfoiré, et qu'il recommencera encore et encore. Jusqu'à ce que tu vomisses tes poumons. Ew.
Tu te diriges vers ton étagère pour poser ton briquet dessus, juste à côté de ton pétroglyphe fait maison. Par contre, on va pas préciser quel genre de dessin soit disant symbolique tu as gravé sur cette pierre issue d'un mur de l'école.

T'enfiles ensuite un haut de pyjama avec une tête de couaneton pour motif dessus, histoire de couvrir un peu ton torse. Le genre d'habit pas très sexy quoi. Tu prends la peine de le cacher sous un gros sweat ensuite. Sweat ensuite. Sweat ensuite. Ok c'est grave pas drôle, casse toi d'là.

21h35, couloir menant aux dortoirs des Drathem.
Début de l'excursion en territoire ennemi.

Tu sors de ta chambre sur la pointe des pieds, te glissant le long des parois. Putain qu'il fait froid dans ce bahut, ils devraient vraiment penser à changer les chauffe-eaux pour mieux alimenter les radiateur ou quelque chose dans le genre. Tg Kenny, avance.

Aussi discret qu'un tractopelle et adroit qu'un unijambiste, tu pénètres dans la chambre de ton bff. IAGO COUCOU C'EST MOah il dort. Déjà. Tu plisses les yeux pour essayer d'y voir clair dans ce foutoir, écrasant sous tes pieds ce que tu penses être des céréales et en tâtonnant au hasard autour de toi. Tu entends des objets tomber sur le sol derrière toi et tu jettes un regard accusateur à Mysterion. Avant de réaliser que c'est débile. Parce que c'est un putain de spectre. Well.

Tu arrives enfin au lit de ton complice et te penche au dessus de lui. Regarde moi ça, pire qu'un Ronflex ce mec. Et bruyant en plus de ça. Tu lorgnes sur le coussin à côté de lui, ton regard vaguant entre l'objet et ton ami. L'asphyxie te tente mais tu te renfrognes pour caresser ses cheveux doucement à la place.

« Iagoooo, mon chériiii, il est temps de te lever... » tu commences à lui susurrer à l'oreille avec une voix mielleuse.

Tu te redresses un peu devant ce manque consternant de réaction, reculant ton bassin et pliant légèrement les genoux. L'une de tes mains s'élève au dessus de la tête de l'endormi tandis que Mysterion tourne autour de toi frénétiquement comme pour t'encourager. Un sourire en coin, tu calcules le demi-espace qui vous sépare, t'assures qu'il n'y est aucune radioprotection autour de lui parce que ce qu'il va manger SERA ASSEZ FORT POUR ÊTRE DÔTE DE RAYONNEMENTS IONISANTS. Et dans une position digne d'un kinésiste, tu abats ta main sur sa joue avec violence en hurlant.

« MAGNE TOI LE FION J'AI PAS TON TIME ESPECE DE PD allez debout. »

Et non ce n'est pas un choix facultatif sinon je t'encastre dans le mur, Iago d'amour.

« Prépare toi, on va aller se défouler, braver l'interdit, le prohibitif, LE CONCESSIF. »

Tu sais pas pourquoi, au fond de toi t'as le sentiment d'un grand accomplissement (cc miaouss).

Les yeux bleus de Iago s'entrouvrent enfin et tu te sens bondir intérieurement de joie. Comme un gosse à qui on permet de sortir de table pour aller jouer. Ça y est, ça y est ! C'est l'heure ! Tu t'improvises une petite danse pendant qu'il se relève sur son lit, ayant déjà deviné tes attentions. Pas chassé à droite, pas chassé à gauche, rejet de fesses en arrière et tu twerkes, et tu twerkes, et tu twerkes. Révérence exagérée devant ton seul public, Mysterion se remet à tourner autour de toi avant de se blottir au creux de ton cou, en train de fangirliser comme une ado sur l'objet de son adoration ; toi. Heureusement qu'il est là, lui. Lui. LUI. TU ENTENDS IAGO ? Ah, tu t'en bats les couilles, t'es comme ça ? Très bien, Iago. Très bien.

Tu te renfrognes tout seul dans ton coin, retroussant ta lèvre inférieure pour prendre une mine boudeuse. Personne ne te résiste quand tu fais ça avec ta gueule d'ange. Mais de toute évidence, ce pd est plus occupé à s'habiller qu'à te regarder. Snif. Pk t méchan kom sa avk mwa ptin ?

« Crèves charogne de mon cœur. La prochaine fois, je fais grève et je garde Mysterion pour moi toute une journée. »

Tu portes une main sur ta poitrine, au niveau de ton cœur, feignant de t'être fait tiré dessus. Non parce que ce qu'il vient de dire ça t'a FAIT MAL QUAND MÊME. Les yeux exorbités, tu te laisses tomber au sol, ton pokemon se jettant sur toi en geignant tandis que tu l'attrapes pour le serrer fort contre toi dans un geste protecteur.

« T'oserais pas ! » tu t'offusques, dans une voix plaintive.

Bien sûr que non, parce que sinon je te tacle sur 300 mètres. Mais tu prends en considération le fait que t'as le meilleur pokémon du monde et que c'est normal de ressentir cette envie de l'avoir pour soi le temps d'une journée.

Après avoir roulé par terre sur tout le diamètre de la pièce, tu te remets sur tes pieds en te dirigeant vers la porte, Iago ayant presque fini de se préparer. Tu crois qu'il te pose une question mais tu ne vas pas prendre la peine de lui répondre. C'est la surprise, comme d'habitude. Et comme ça, t'évites tout refus de sa part.
Tu le regardes prendre la pokeball de Vasco et venir à ta rencontre avant d'entrouvrir la porte. Il a une démarche pleine d'assurance et un sale sourire mesquin sur les lèvres. Sourire contagieux puisque tu te retrouves à tirer la même gueule maintenant. Voyous.

« Bon, je te suis ? »

Tu hoches la tête pour confirmer et surveille le couloir. Trois... deux... un... Bip. Toutes les lumières s'éteignent dans l'Académie.

22h, dortoirs des Drathem, Académie de Primepoc.
Extinction des feux, début de l'opération.

C'est parti mon kikiiiii.
Tu te glisses par l’entrebâillement de la porte, longeant les murs de l'école en toute discrétion. Tu rabats la capuche de ton sweat sur ta tête, Mysterion et Iago sur tes talons, sautant de cachette en cachette jusqu'à te planquer derrière un meuble dans le couloir. Ok, une porte de chambre juste devant vous, c'est parfait. Installés au premières loges, tu prends le type spectre pour lui indiquer où aller. Il a l'habitude, sait ce qu'il doit faire. C'est pas la première fois que vous le faites. Tant d'ailleurs que pendant deux semaines, plus personne dans l'Académie n'a fermé l’œil, traumatisé par cette mauvaise blague. Mais maintenant que c'est oublié, vous pouvez réitérer une nouvelle fois.

« Go Mysterion, on va voir si tu vas marquer les esprits plus longtemps que la dernière fois. »

Tu recouvres les pokémon d'un petit drap blanc à sa taille, troué juste pour entrapercevoir ses deux yeux luisants et sa bouche aux crocs acérés.

« Fais moi sortir le plus de minettes possibles. »

Et tu t'adosses contre le mur, un large sourire sur les lèvres, donnant un petit coup de coude dans les côtes de Iago pour prouver de quoi est capable ton cher et tendre bébé. La porte s'ouvre dans un grincement et Mysterion disparaît à l'intérieur. Quelques secondes s'écoule avant qu'un cri horrible retentisse en échos contre les murs, suivit d'autres plus humains. Que la fête commence.