Felix était enfin arrivé dans l'académie. Il était loin de son petit monde « parfait », loin de tout, mais surtout loin de ses parents. Il les aimait, il n'y avait aucun doute. Mais cette amour était encore plus fort lorsqu'ils étaient aussi loin de lui. Toutes ces bonnes manières, ces bienséances, il pouvait enfin y renoncer. Enfin, c'est ce qu'il croyait jusqu'à ce qu'on lui explique qu'il irait étudier à Primepoc. Le nom est étrange, mais cela sonnait plutôt bien. Et puis il découvrit l'incroyable bâtiment. Il crut d'abord à une hallucination, une blague, mais il n'en était rien. Évidemment c'était trop beau pour que ses parents le laisse partir de la maison aussi facilement. Il fallait forcement quelque chose d'aussi prestigieux à l'arriver. Sa sœur par contre semblait bien plus heureuse que lui, ce qui n'avait rien d'étonnant. Le seul bon côté que le jeune homme trouva à tout cela était ce ticket le menant à la liberté. Il pouvait sortir découvrir le monde, vivre les aventures qu'il avait tant rêvé. Fini la vie de Château.

Drathem... Le point positif était qu'il pourrait continuer à porter du jaune, sa couleur fétiche. Ces uniformes n'avait rien de luxueux ce qui le soulagea quelque peu. Alors que le pokémon parlant  donnait les dernières explications, Felix s'éclipsa furtivement en compagnie de Kili, ses affaires en mains. Il n'avait que faire du baratin d'un matou disgracieux. Le garçon avait comprit qu'au moindre écart de conduite la boule de poile serait là pour leur faire la peau. Il avait l'habitude de ces menaces à la maison et il se ferrait un plaisir de contredire le petit Miaouss et enfreindre les lois de l'établissement sans scrupules tout comme il avait le plaisir de faire depuis toujours. En réalité, ce n'est pas d'acte volontaire, mais juste dans son caractère ; il déteste qu'on lui pose des interdits, ce qui le pousse assez souvent à des actes, avouons-le, complètement stupide. Et puis, ses parents l'avait déjà bien assez gonflé avant de partir, inutile de supporter une seconde couche. Il avait tellement hâte de découvrir ce nouvel environnement, mais surtout ce qui se trouvait à l'extérieur. Seulement pour aujourd'hui il décida de se concentrer sur l'académie en elle même, qui allait être son lieu d'habitation pendant plusieurs années maintenant.

Valises en main et Kilian à ses trousses, il grimpa les marches une à une jusqu'au quatrième étage où se trouvait le quartier de sa maison. Il croisa quelques élèves alors qu'il cherchait du regard sa chambre. Beaucoup n'étaient pas de sa maison, se dirigeant sûrement dans la salle de jeu. Il se demanda alors comment il pourrait bien réussir à s'intégrer au milieu de toute cette populace venant sans doute de milieux plutôt modeste. Allait-il être rejeter ? Car il ne pouvait faire semblant. Bien qu'il n'était pas aussi « pête-cul » que le reste de sa famille, il avait tout de même des manières et un langage que l'on pourrait appeler de « sophistiqué ». Inutile de se prendre la tête maintenant... se disait-il. I avait tout le temps de le découvrir. Et puis, ce n'est pas comme si la solitude le dérangeait réellement. Après-tout, il n'avait jamais aucun amis en-dehors de ceux imposés par sa « race » et n'était jamais allé au-delà de la forêt de son manoir. Il avait donc tout à gagner et rien à perdre.

Le blondinet entra dans la salle commune où se trouvait quelques étudiants de sa maisons. Il les salua de la tête avant de rejoindre les dortoirs à la recherche de la chambre numéro une. Le petit Zorua au pelage blanc qui l'accompagnait fut le premier à la trouver et aboyait pour attirer l'attention de son maître qui le retrouva aussitôt. Felix souffla, non pas par angoisse mais plus pas exaspération, persuadé d'être déçu de ce qu'il trouverait derrière cette porte. En l'ouvrant, il eut la surprise de découvrir une chambre relativement grande, pouvant accueillir quatre personnes comme laissait ces lits dans chaque coin. Il fit deux pas et resta captivé par les lits. Qu'est ce que cela ?! Pensa-t-il. C'était dont dans ces « machins » qu'il devait dormir ? Bien... C'était le prix à payer pour l'aventure. Il devait se ressaisir. Évidemment que la vie en extérieur n'était pas si luxueuse que pouvait le laisser penser ses parents bercés par l'argent depuis toujours.

Felix poussa un petit soupir et s'avança un peu plus pour ranger dans un placard ses affaires. Il déposa seulement ses valises, pensant avoir le temps plus tard de les ranger comme il se devait. D'ailleurs, il constata qu'elles étaient relativement petites, ses armoires. Ce n'était pas réellement un problème pour lui, mais il ne put s'empêcher d'étouffer un petit rire en imaginant la réaction de sa tendre sœur. Kili lui était déjà en train de tester l'un des lits et grognant légèrement, insatisfait de la qualité du logis. C'était donc là qu'ils allaient vivre ? « Dis-toi au moins que c'est parfaitement propre. » soupira Felix à son Zorua pour le consoler tant bien que mal. C'était déjà ça.

Au même moment, Kili sursauta. Felix le regarda, surprit, avant d'apercevoir une ombre et tourner la tête. Un Monorpale. Il lui rappelait celui de son grand-père, ce qui le fit sourire. Celui-ci semblait particulièrement amicale. Attendait-il là depuis longtemps à vouloir sympathiser avec lui ? Soudainement il s'en voulait de l'avoir fait attendre et le caressa tendrement tout en souriant comme pour se faire pardonner. Felix releva ensuite la tête suite à l'entente d'un bruit de grincement désagréable. Un homme était là. Un jeune homme. Était-ce un domestique ? Non, dit pas de connerie, il n'aurait pas l'uniforme des Drathem autrement. Le jeune aristocrate se redressa légèrement en ajustant son costume. « Bien le bonjour. » dit-il simplement. Et le garçon ne semblait pas apprécier cette salutation. Bien trop formelle ? Felix se tassa un peu et lâcha un « Bonjour. » un peu plus dépité. Il commençait déjà mal.

Un silence pesant s'installa. Que faire ? Que dire ? Il était resté planté là, fixant l'inconnu alors que Kili reniflait le Monorpale avant de finalement jouer avec lui. « Je me présente ; Felix Harold O'Malley. » dit-il finalement en s'inclinant légèrement. N'importe qui à cet instant dirait que tu es bien ridicule, jeune bourgeois.

(c) Lenou

« Appelle-moi simplement Lieven.
- Enchanté. »

Il avait répondu de la plus simple des manières, se redressant alors. La socialisation n'étant pas son fort, il ne savait donc que dire de plus. Il continua de regarder son opposant avant de finalement tourner son regard vers leurs pokémons jouant joyeusement ensemble. Inutile d'insister avec l'inconnu, car aux vus du regard qu'il lui jetait, Felix comprenait bien que sa présence l'importunait. Ce qui ne le préoccupa pas plus que cela. A vrai dire, il avait l'habitude de décevoir ou de gêner son entourage, alors un de plus ne changerait pas la donne. Se focalisant donc sur les petites bêtes domestiquées il ne put s'empêcher de sourire. Voir son cher Zorua s'amuser l'emplissait de joie, bien que ce fut de courte durée. Sans prier garde, le Monorpale tourna le dos à son nouvel ami, se réfugiant dans un coin. Kilian se tourna vers son maître, dubitatif. Pourtant Felix ne comprenait pas plus que lui ce qui s'était passer. Que valait ce changement de comportement si soudain ? « Tu devrais te détendre, je ne vais pas te mordre. » Le blondinet regarda à nouveau son colocataire suite à ses mots. Son regard était encore plus meurtrier que la première fois. Il était donc le coupable. Felix haussa un sourcil et le fixa d'un air méprisant. C'était la sa réponse. Il ne jugeait pas utile de lui répondre et n'en avait de toute façon aucune envie. Pour qui se prenait-il pour lui parler ainsi ?

Il soupira et lui tourna le dos pour s'avancer face à son armoire, se débarrassant de ses chaussures, ainsi que de son blaser qu'il jeta sur son lit avant de s'y asseoir, desserrant légèrement sa cravate et replongeant à nouveau son regard dans celui de son interlocuteur. « Alors... Cela fait longtemps que tu es arrivé ici ? » souffla-t-il. Après-tout, cela faisait déjà quelques semaines que l'école était ouverte, il se pouvait qu'il soit là depuis le premier jour, comme il pouvait être arrivé ce matin tout comme lui. « As-tu eu vent de qui occupait les deux couches restantes ? » car lui l'ignorait et aimerait bien le savoir. Car jusque là le résultat était plutôt inquiétant. C'était là sa première rencontre et elle semblait déjà le détester. Kilian le rejoignit sur le lit, s'asseyant à ses côtés comme pour participer à la conversation. Felix lui tourna un instant le regard vers la fenêtre pour observer ce qui pouvait se passer dehors. Cette cohabitation ne s'annonçait pas de tout repos...

(c) Lenou