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 (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •

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Absynthe Blueberry
Absynthe Blueberry
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MessageSujet: (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •    (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •  1341409873-clock2Jeu 28 Mai - 19:00

Y'a pas à dire, quand on est insomniaque, vivre la nuit c'est classy. Pas un seul môme pour venir plomber l'ambiance avec leurs geignements et leurs " oui mais vous avez quand même aggravé ma blessure, ça se soigne pas avec du café froid, ça pique en plus. " Chochottes. Le plus agréable, c'est d'aller en hauteur. Parce quand on va vers le haut, on peut voir les étoiles. J'ai toujours préféré la nuit au jour - l'ombre à la lumière, les douces ténèbres aux lueurs du soleil. La lune me paraît toujours plus maternelle que son pendant diurne. La voûte étoilée qui s'allume de milliers du lucioles, ça vous pose un homme. Les questions qui défilent à trois mille à l'heure sous l'occiput. La fumée de la cigarette qui s'étiole dans l'air, avec l'odeur caractéristique de ces saletés de clopes goût cerise que j'adore tant, et qui incommode la plupart des gens que je fréquente. Ce qui me pousse à leur souffler ma fumée au visage.

C'est calme, sur les toits. J'suis assis sur le rebord, les pieds dans l'vide. A quelques centimètres de la chute - mais j'suis déjà mort, à quoi ça sert d'avoir peur ? Et puis, l'abîme, ça me connaît. Les abysses qu'on écarte, qu'on repousse, ça m'est tellement familier que c'en est presque chiant. J'aspire une autre bouffée du cylindre de tabac. Le rougeoiement s'estompe dans l'obscurité palpable. Il fait tiède, et le vent s'engouffre dans les arbres pour en tirer une mélopée glaciale comme des crocs. Je frissonne sous mon sweat mais refuse de mettre ma capuche, pas défi, par bravade - envers moi, ce qui est somme tout très sot.

Mes tatouages, sur ma peau, semblent des rivières d'encre alors que mes muscles font bouger ma carnation pâle. Je les distingue - je sais qu'ils sont là, comme je n'ai pas besoin de toucher mon nez ou mes cheveux pour savoir qu'ils se trouvent à leur place. C'est quelque chose d'implacable, comme le temps qui passe. Ma clope s'éteint, je la rallume d'un geste négligent. J'ai faim. J'ai soif. Je songe à ces gamins que j'ai soigné toute cette sainte journée. A ceux qui ont pleurniché et qui se sont plaint. Sales gosses. Un bruit me tire de mes rêveries, alors que je songe que j'y connais quedalle à l'astronomie alors que j'aime ces créatures nébuleuses et lumineuses qui s'accrochent au plafond de nuit. Je me retourne nonchalamment, toujours assis sur le rebord, et m'exclame d'un ton grognon et agacé :

« Retournez vous coucher, z'avez pas l'droit d'être là.

Oh, certes, moi non plus. Mais qui s'en soucie ? Je suis infirmier. J'ai un peu de pouvoir - des bribes, quelques ficelles qui s'effilochent trop rapidement. J'ai jamais eu trop d'envie et de folies de la puissance. C'est pas ça qui m'intéresse. Je pose une main avide sur un bouquin écorné à la couverture passée posé près de moi. Comme on protégerait un gosse lors d'une fusillade. Mon regard cherche dans la nuit celui ou celle qui a interrompu mon insomnie lunaire. Je sais pas qui c'est, mais ça m'emmerde d'avance. Ca va chier pour ton matricule, mon petit. T'as intérêt à aller te recoucher, et me demande pas d'aller te border. J'émets un nouveau grognement, en bon ours que je suis. Du genre de grognement qui monte d'une gorge, et qui se finit dans une autre. Le genre de bruit que ferait un animal en colère.
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Kenneth Ledger
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Maison Namethia
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MessageSujet: Re: (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •    (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •  1341409873-clock2Ven 29 Mai - 21:10

l'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée.
kenneth & absynthe

De ta fenêtre, tu domines ton petit royaume, roi candide, clope aux lèvres. Le crépuscule surplombe ton territoire, sa robe rubescente qui s'enflamme, les cheveux pleins d'étoiles. Lentement, tu entrouvres la bouche, laisse aller un stratus de fumée grise qui vient former une auréole au dessus de ta tête. Ton dos nu collé contre le mur du rebord, tes ailes noires imprimées sur ton épiderme, tu savoures cette vue tout autant que le tabac chaud que tu recraches en vapeur. Soupir, tu t'étires longuement l'échine, comme un félin indolent. Un craquement sinistre se fait entendre, étire tes lèvres un instant. C'est bon. C'est fou comme c'est bon. Dernière latte, tu jettes le mégot dans le vide, le laissant en proie à une chute vertigineuse.

C'est l'heure.

T’attrapes le sweat un peu trop grand pour toi qui traîne négligemment sur une chaise et l'enfile. Vérification des poches. Filtres, check. Tabac à rouler, check. Pochon, check.  Feuilles, check. Paré à sortir couvert, comme d'habitude. Tu choppes ton sac à dos que tu balances sur ton épaule, ton enceinte dedans connectée à ton lecteur de musique.

La porte claque et ton ombre se profile déjà dans le couloir de l'école.

Porte de métal grinçant, un coup dedans et ça s'ouvre. Le toit du bâtiment semble embrasser le ciel sombre et les astres qui commencent à s'allumer comme des bougies. Tu prends soin de refermer le lourd battant derrière toi. Le temps d'arriver en haut, tu t'es construit le patron d'un pet dans lequel t'as déjà mis ta mixture. Roulé, soigneusement cloisonné et désormais coincé entre tes lèvres gercées. Le goût fade du toncar te titille les papilles tout autant que la fragrance, reconnaissable entre toute, de ta résine cuivrée entourée de cellophane. Tu traînes les pieds jusqu'au bord, défiant le vide d'un regard insolent, sourire arrogant flanqué sur ton faciès de sale môme rebelle.

▬ Retournez vous coucher, z'avez pas l'droit d'être là.

Wow. T'as failli perdre. De peu, t'as manqué la chute. L'ultime parmi toutes celles que tu as connu jusque là. Les abîmes des enfers t'auraient bouffé pour de bon. Et tu serais pas revenu, cette fois, Kenny.

Tu tournes la tête vers la voix. Les yeux plissés, tu t'habitues à l'obscurité après quelques secondes et une silhouette te parvient enfin. Un mec, clope au bec, les iris fatiguées, l'air blasé. Tu le rejoins pour te laisser choir à ses côtés. C'est la première fois que tu rencontres quelqu'un ici.

Tes mains fouillent machinalement tes poches pour retrouver ton briquet et, avec un pincement au cœur, tu te rends compte que tu l'as oublié dans ta chambre. Fais chier. Ce sentiment d'échec, d'être qu'une merde quand ce genre de chose t'arrive.

▬ Mec... T'aurais, pas du feu, s'teuplaît ?

Son visage t'es inconnu, c'est la première fois que tu le vois. Ton cône à ta commissure, t'essayes tant bien que mal de mettre un nom, un âge, une maison, n'importe quoi sur cette gueule de déterré. Trop chep' pour supposer qu'il soit du personnel.

▬ Bof, t'as le droit d'être là plus que moi ?

Tu hausses les épaules, la main tendue vers le gars typé émo dans la catégorie ''i'm 2 d4rk 4 u, bitch'', en attente du précieux. Un grognement d'animal s'échappe du quidam et tu arques un sourcil. Ok, alors soit c'gars est en réalité un pokémon pas encore enregistré dans ton pokédex, soit il est la réincarnation d'un Malosse. Soiiit... Il est encore plus mystique que toi. Tu sais pas trop mais dans tous les cas, c'est plutôt flippant.

Emi Burton
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Absynthe Blueberry
Absynthe Blueberry
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MessageSujet: Re: (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •    (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •  1341409873-clock2Ven 29 Mai - 21:46

La silhouette impromptue qui se penche sur le vide, qui vacille sous le bruit de mon imprécation bougonne. Sous les rayons timides des étoiles je distingue l'éclat de l'or dans la chevelure. La peau pâle. Une jeunesse vivace, comme du lierre. L'effluve d'une fumée dissipée qui n'est pas la mienne. Mes narines se pincent. Mon visage s'éclaire d'une grimace. J'espère presque qu'il ait chu, celui-là. La façon dont il m'apostrophe me surprend - habituellement, on me donne du m'sieur ou du vous. Une seconde de confusion. Mes iris qui se consument d'une lueur d'ébahissement. Je pense que mon cerveau est si fortement attaqué par la consternation corrosive de cette situation que je lui lance machinalement mon zippo. Qu'il se calcine avec ce qu'il veut - à chacun ses travers. Je suis pas du genre à faire la morale - enfin, c'est ce que j'veux me faire croire. Si j'savais ce qu'il mâchonne du bout des lèvres, je ferais moins le malin.

« J'suis plus vieux qu'toi. L'âge, ça donne droit à des avantages. J'ai plus le droit d'être là qu'toi. Cette répartie digne d'un maternelle m'agace, et je continue avec un nouveau grondement de gorge, menaçant. Où es-tu, calme nocturne, immobilité impassible et obscure ? Là où disparaissent les chaussettes au lavage, sûrement. « Drôle d'heure pour sortir, gamin. Tu devrais être couché à c't'heure. Ou comment conseiller à quelqu'un de retourner d'où il vient sans y toucher. Y'a pas les pincettes gentillettes qu'on pourrait attendre - j'ai des putains de gants de boxe à la place des mains, la subtilité, je connais pas.

Les spirales fumeuses s'élèvent, semblent briller comme une brume fade dans la luminescence de la lune. Je ferme les yeux, les rouvre - je ne suis pas seul. Hérissement de l'être. Nul abaissement de la carapace épineuse. Comme une bête fauve qui tourne autour d'une proie, je pose mon regard noir sur le gamin. Je le vois un peu mieux, mais à la vérité, j'en ai rien à cirer de son visage. Ni beau ni laid. Un mec, quoi. L'homme n'a rien de beau physiquement. Sous la chair, il y plus intéressant - les idées et les concepts. Quelque chose qu'on lacère avec moins de facilité. Putain, j'aurais pas dû boire ce troisième verre de whisky. Je frotte mon front du plat de la main, dans un nouveau bruit animal - un feulement de chat, un grincement de l'âme. J'aimais pas les gens - ils sont chiants. Ils veulent qu'on leur parle, qu'on fasse attention à eux. Sérieux, mieux vaut prendre une plante. C'est plus indépendant. Et ça cause moins - et c'est plus joli. Moins de doigts, moins de cheveux. Plus de feuilles et de senteurs fleuries. On a tout à y gagner. Puis ça fait moins d'bruit quand ça crève.

« T'as l'air habitué à venir ici. C'est pas une question. Pas tout à fait. Sinon l'Autre pourrait prendre ça pour de l'intérêt - ce que ce n'est pas, bien entendu, en toute mauvaise foi. Je me tourne finalement vers lui ; les jambes repliées dans un lotus qui a plus de la marguerite, je le toise, condescendant. Je tends une main aux longs doigts, afin de récupérer mon briquet si gracieusement prêté - je suis si bon, tout de même, je m'étonne des fois. «  Finis ta clope et va dormir, petit.   Et puis je renifle. Frisson orgasmique.

La résurgence d'une dépendance. Je salive, mon coeur palpite. Rien qui se voit - ou peut-être qui si. J'en ai rien à foutre. Ca fait mal, physiquement. Des bris de verre des souvenirs qui se plantent dans la chair. Les doigts fébriles, débiles, qui caressent les cicatrices sous les tatouages. L'organe qui flanche - qui se souvient de ce moment de flottement, où la vie n'était qu'une immense rivière, aux rameaux disparates. Mes mains se ferment en des poings convulsés. Mon corps se braque intensément - intérieurement. Je me consume d'envie, de ce besoin de goûter comme cet incube tentateur à ce cône qui m'a tant assujetti. Qui m'a tué. J'ai aimé la drogue à en crever.

Je pourrais le frapper pour subtiliser le cylindre qui brûle à ses lèvres. Je voudrais l'envoyer au sol, hurler, crier. Rugissement de l'ancien. Volonté bien lâche du nouveau. Je me contracte, mon être entier est crispé. Il n'a rien fait de mal. Il se tue avec ce qu'il veut - lentement, dans les veines, dans les poumons. Cette joie blanche, liquide, qui faisait le vertige. Qui assassinait chaque réalité pour transpirer ses illusions colorées. Je me tais, mais je sens mes tremblements néfastes. Funèbre rencontre. Ce gosse est fou. Il pourrait avoir été moi.

Je hais les gamins. Le salaire ne paye pas bien, le café est dégeu. Qu'est-ce que je fous là, bon sang ? Je hais les gamins. Mon matelas est bossu. Et l'eau de la douche froide une fois sur deux. Je hais ce gamin. « Eteins ça. Et l'ordre est comme un coup de fouet. Une flagellation d'épine. Du genre à bien faire sentir que je ne suis pas assez patient, et que je suis prêt à le faire pour lui, phalange contre ses lèvres, violence d'une générosité, je suis bien bon, je sais. Je suis debout. Je ne sais pas quand je me suis levé. Je frissonne, je tremble. Je halète. Mon souffle se trouve sûrement hors de moi ; ma colère gronde et gonfle dans ma poitrine. Les échos résonnent. Le froid qui pénètre, qui taillade, qui déchiquète de ses crocs implacables. Ma cigarette est éteinte. Mais toute ma concentration est apposée à ce simple fait - ne pas frapper, ne pas en avoir envie, ne pas désirer ce poison roulé, pas ce besoin ancestral, cet asservissement dévolu et volontaire. D'autrefois.

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Kenneth Ledger
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MessageSujet: Re: (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •    (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •  1341409873-clock2Sam 30 Mai - 19:19

l'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée.
kenneth & absynthe

La nuit impériale vous drape dans la clarté pâle de la lune et les derniers stigmates oxydés du crépuscule s'évanouissent dans son cafetan nimbé d'étoiles. Elle surplombe les abysses qui vous lèchent les pieds, tentent de vous arracher le peu d'équilibre que vous concède le rebord bétonné du bâtiment. Cette sensation du vide, du semi-danger... Tu t'en délectes. Babines retroussées, pourléchées par une langue acérée, tes pieds défient le néant, battent dans le vide alors que tu te vois déjà chuter sans imaginer la fin. Juste le temps de la descente, là où tout se passe, là où tous les ressentis passent. Le cœur qui bat vite, juste au bord des lèvres, la compression de ton estomac rempli de bile et l'adrénaline qui afflux, inexorable, dans tes veines.
Tu adores ça.

Un éclair argenté tranche l'espace entre le type et toi. Ta main s'agite dans le vide jusqu'à attraper le petit objet, cause et source de ta prochaine défonce. Tu coinces le cône entre tes lèvres et ton pouce se pose sur l'écrou de métal dont les dents s'imprègnent dans ta peau. Un coup sec, le bruit de la molette qui frotte, belliqueuse, la pierre du briquet. Le gaz s'infiltre dans la tige de coton et une flamme vacillante, fragile, éclot comme une fleur embrasée. Cierge éphémère, la lueur s'éteint après avoir cramé le bout torsadé du joint. Tu le contemples, coincé entre tes doigts, et souffle sur l'extrémité la vapeur de ta première absorption. C'est tellement bon. L'arôme te monte déjà à la tête. Ça t'a manqué.
Et pourtant ça fait même pas une journée.

▬ J'suis plus vieux qu'toi. L'âge, ça donne droit à des avantages. J'ai plus le droit d'être là qu'toi. Drôle d'heure pour sortir, gamin. Tu devrais être couché à c't'heure.

Soupir las, tes yeux célestes se lèvent vers le ciel, à la quête des rares nébulosités qui se risquent à défier le firmament nocturne. Mais seules les tiennes, factices, nocives, se dissipent dans l'air. Nouvelle latte, tu te couches, ton dos contre le bitume froid. Aussi froid que le regard moucheté d'or du mec. Il t'regarde, te juge. Tu sens qu'il essaye de se vouloir supérieur. Toi, ça t'amuse. Tes prunelles rieuses et insolentes tournées vers lui. Un bras calé derrière ta tête, l'autre porte à tes lèvres ton paradis artificiel que tu consumes dans un crépitement à peine audible.

▬ J'suis majeur, toi aussi. Je suppose. Mêmes avantages, mêmes droits.

Tes yeux roulent dans leur blanc et se perdent dans les astres scintillants qui ponctuent la voûte magistrale.

▬ Dormir, c'est pas une obligation. Juste un besoin. Pourquoi je ferai quelque chose dont j'ai pas besoin dans l'immédiat ?

Tu t'crois petit rebelle. À quoi tu joues, Kenny ?
Dans l'immédiat, ton besoin c'est de finir ton pet, de regarder les étoiles le temps que toutes les tensions de ton corps s'effondre. Chez certains, c'est une option, chez d'autres c'est un truc qui n'existe même pas. Chez toi, c'est devenu vital. L'air que tu nécessites de respirer est différent, mortel. C'est la vapeur qui s'échappe de tes poumons, de tes lèvres abîmées. C'est ça, qui te maintient plus ou moins.

▬ T'as l'air habitué à venir ici. Finis ta clope et va dormir, petit.

Ta clope ?
Un rire silencieux s'évade de ta gorge sèche et maltraitée par la fumée qui l'agresse. Corrosive, elle te fait autant de mal que de bien. Ça sonne pas comme une question. Il semble l'avoir deviné. Sûrement est-ce la première fois qu'il vient. En toute réponse, tu hausses les épaules et tires longuement sur ton pet. Les effets, tu les sens déjà fourmiller au bout de tes doigts. Lentement, ils remontent tes membres, envahissent ta tête. Et comme un con, tu souris, les yeux mi-clos. T'es juste bien, la tête sous les étoiles, juste éclairé par ce phare blanc perché dans le ciel, l'esprit détaché de ton corps cloué au sol. Tu vois même pas le type qui te tend la main pour récupérer son bien que t'as gardé dans ton poing fermé. Au pire, il oubliera. Elles oublient toujours tout. Les grandes personnes.

Tu perçois des bruits de tissu qui se froisse. Des bruits d'une agitation dissimulée sous carapace. C'est l'autre. Tu crois. T'as l'impression que ses mains caressent fébrilement ses bras, son corps qui tressaille. Innocemment, comme un enfant, tu penses que c'est le froid. Pourquoi tu t'en inquiéterais ?

▬ Éteins ça.

C'est cinglant, sec. Comme la tige d'un roseau mort qui se casse sous la brise d'un vent impétueux. Un léger frisson te traverse l'échine et tes yeux s'ouvrent, un peu plus grands. Interrogation passée dans un regard, il a disparut de sa place initiale. Nez à nez avec une paire de longues jambes, tu remontent le long de celles-ci pour trouver son visage. Debout, il a pas l'air bien. Du genre mal au point, mal à l'aise, intimidé par quelque chose. Mais t'sais pas quoi. Son torse se soulève rapidement, donnant la vague impression que son cœur, ses poumons, forcent tout contre ses os pour sortir de ce corps déchaîné. Il souffle fort, ses semelles grattent le sol. Il a l'air d'une de ces bêtes sauvages, retenue captive et confinée dans une rancœur noire depuis longtemps. Vengeance inassouvie. Tu la vois, cette lueur meurtrière qui allume son regard. Il te déchiquette de ses yeux ambrés. Prunelles fauves, échine courbée, soumise au poids de la haine.

▬ T'as pas l'air bien, mon gars. Viens, assieds toi le temps que je finisse, et on parle. On est pas à quelques minutes près.

Tu te redresses lentement pour te mettre en tailleur. Cheveux ébouriffés, visage comme celui d'un cadavre, yeux cernés. Cerveau et conscience déglingués.
Tu retires le filtre d'entre tes lèvres, louche sur ta mine d'or embrasée.

▬ Goûte moi ça, ça ira mieux.

T'en est au stade où tu as assimilé la drogue à un remède. La solution finale. Bravo Kenneth.
Tu viens de tout empirer, rien n'ira plus maintenant.  

Emi Burton
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MessageSujet: Re: (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •    (KENNETH & ABSYNTHE) « L'opium du peuple, c'est cette voûte étoilée •  1341409873-clock2

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