Assis par terre, à l'ombre d'une sorte de gros rocher (après t'être assuré que c'était BIEN UN ROCHER), tu fais rouler tes pokeballs sur le sol, invoquant Mysterion et Volt en même temps. Tu les flattes tour à tour d'une caresse sur le haut du crâne accompagné d'un petit sourire. Après quoi, tu leur distribues de quoi manger chacun. Ton dos appuyé contre la paroi presque fraîche, tu les regardes manger précipitamment. Pas de chance, le Dynavolt que tu as attrapé il y a déjà quelques jours s'est avéré aussi gourmand et glouton que ton Fantominus. Mais plus sage aussi, bien qu'hargneux dans ses débuts. Encore méfiant, il semble s'habituer peu à peu à l'affection que tu lui donnes et à sa vie domestique. Tu y es même déjà un peu attaché, chose que tu ne pensais pas possible jusque là, persuadé que tout amour entier irai pour toujours à Mysterion. Bien qu'il restera éternellement ton chouchou. C'est la chose la plus précieuse que tu possèdes pour le moment et rien ne peut l'acheter ou le remplacer.

Leur repas fini, tu leur donnes un peu d'eau et leur en renverse sur le visage pour qu'il puisse correctement se rafraîchir. Tu devines que ça leur plait par leur ronronnement et leur petit sourire béat. Chose faite, tu les câlines une dernière fois avant de les renvoyer dans leur capsule respective. Une minute, peut être deux, s'écoule avant que tu ne te relèves et reprenne ta pénible marche sous le soleil. D'ailleurs, au moment même où tu contournes l'énorme roche, tu aperçois une forme ronde, pourvu d'une énorme mâchoire. Un Kraknoix semble lui aussi profiter de l'ombre rarissime du désert. Tu le regardes un moment avant de te raviser, continuant ta route. Comme d'habitude, tu résistes à la tentation et garde ton objectif précis en tête.

modération:

T'as trouvé un caillou.
C'est fou tout ce qu'on peut faire avec un caillou.
Il était là, tout seul au milieu de tous ces grains de sables identiques, absorbant les rayons de l'astre. Comme une brebis qui a perdu son troupeau. Alors tu l'as ramassé, l'a consolé, l'a cajolé... Et maintenant, tu joues avec lui parce que c'est ton seul ami. Tu le lances en l'air en l'encourageant avant de sauter et de le rattraper, tel un bambin euphorique. Puis tu l'embrasses, le fait tourner en rond à bout de bras et tu crois que ça l'amuse et qu'il rigole. Même s'il a pas de visage. Même si tu peux pas l'entendre. Parce que ça se sent ces choses là. Tu lui as même trouvé un nom : Billy.
Billy, il est gentil. Billy, c'est ton ami. Ton meilleur ami.

Du bout du doigts, tu caresses sa surface lisse et marbrée, striée de rayures plus sombres. Tu le regardes tendrement, avec un amour purement platonique, ne pouvant qu'apprécier sa douceur sans égal. Il est si petit, là, reposant dans la paume creuse de ta main. Si mignon. Tu souris niaisement avant de l'enfourner dans ta poche pour qu'il se repose. Le pauvre, t'as assez abusé de lui comme ça.
Et tu reprends ta route, plus déterminé que jamais. Il faut que, comme tu l'as fait pour Mysterion, tu lui trouves un homologue, pour qu'il se sente moins seul. Tu sais bien que tu ne pourras pas lui apporter tout ce dont il a besoin pour vivre une vie normale de caillou.

Poc. Tu buttes dans quelque chose et perd l'équilibre, finissant à quatre pattes dans le sol. Le sable est bouillant sous ta peau et tu hurles de douleur avant de te relever précipitamment. Coup de pied retourné, NINJA. Tu tombes nez à nez avec un autre caillou. Bien plus imposant. Et doté d'un faciès grotesque. Tu sais qu'il ne fera pas l'affaire pour Billy, trop violent, il a réussi à te tacler au sol. T'exagères peut être un peu mais tu ne veux que du bien pour ton ami alors non, ça ne sera pas celui-là. Tu soupires, lui fait un doigt et te casse en trottinant, genre pour faire le mec qui a pas mal et qui peut courir alors qu'il s'est bouffé le sol trop salement. Tu dois être fort. Pour Billy.
...
Non, t'as absolument rien consommé, putain.

Le soleil, le soleil, le soleil. Toujours le soleil et cette migraine infernale dû à sa chaleur constante et suffocante. Tu vas finir par crever. Dans ta tête, t'organises déjà ton enterrement. Alors voilà, tu veux pas un truc trop triste, genre tu veux voir des gens danser du pogo sur ta tombe sur une bonne musique électro en fond, tirant sur des joints fait avec ta propre conso que tu auras laissé derrière toi. Tu veux aussi un stand d'alcool, même pour les mineurs, ballec. Et ça aura lieu en haut d'une falaise. Un endroit pour toi tout seul, en somme. Et on dira "Kenny, c'était un mec bien, un mec sympa." Ouais, c'est vrai. T'aurais kiffé être quelqu'un d'autre pour pouvoir devenir ton propre pote et constater à quel point t'es fun.
Non, c'est à cause des rayons qui tapent fort sur ton cochi que t'as les chevilles qui gonflent. C'est rien d'autre. Tu le jures sur ta vie, wallah.

Quitte à te donner encore plus chaud, il faut que tu fumes dans l'immédiat, là, maintenant. T'en peux plus et tu dois te détendre, t'offrir ce petit plaisir. Ramenant ton sac à dos devant toi, tu sors un bob que tu poses sur ta tête pour te protéger un peu, avant d'extraire du tabac à rouler, filtres et feuilles. Rapidement, tu roules les filaments d'herbes séchée dans une feuille, coinçant le filtre dedans. Briquet, clac, une flamme. Ça s'embrase, se consume, et finit en fumée dans ta bouche avant d'en ressortir en petits halos blancs, comme des nébulosités descendues du ciel.
Tu louches légèrement pour voir le bout brûler dans un bruit à peine perceptible et regarder les cendres tomber dans le sable. Tes yeux se promènent un peu partout, cherchant quelque chose, un objet, sur lequel se poser. Mais rien, c'est le vide. Parfois, tu croises un cailloux (cc Billy), un rocher ou un cactus. Tu peux aussi voir des dunes gigantesques mais elles te paraissent étrangement loin. Ça te donne une vague impression que tu pourras jamais les atteindre, même en marchant des heures et des heures. Haussement d'épaules, tu poursuis ta route, lançant le mégot au filtre à moitié fumé sur le sol.

Mais t'as soif, plus que jamais, plus encore que tout à l'heure. T'aurais dû prévoir plus. Une bouteille ne te suffira jamais, ayant déjà bu le quart, partagé avec Mysterion et Volt. C'était toi, ou eux, ou tous ensemble. Ils le méritaient aussi, tu peux pas leur en priver. Alors t'essayes d'économiser le plus possible, déglutissant, salivant pour combler cette sensation désagréable. Et tu arrives à résister, tant bien que mal, passant à côté d'un Cacnéa sans faire attention, l'ayant sûrement confondu avec un cactus.

modération:

défi 1 & 2

Cette chaleur assommante, écrasante. Tu vas finir par clamser mais cette mort là te donnera quelques avantages. Tu souffriras, affamé, desséché, bouffé par les Vaututrices, ton corps brûlé par le sable en fusion. Mais... Ouais, parce qu'askip y'a toujours un mais. Ton corps sera peut être découvert dans quelques siècles par des scientifiques et tu seras exposé dans un musée. Ainsi, on t'oubliera jamais, Kenneth le fossile.

Putain, ça sonne vachement bien.

Sympa tes techniques pour te réconforter en tout cas. Mais ça te fait rire, t'es content. Sale mongole putain, mais graille du sable là, ça te fera du bien. T'en serais bien capable en plus, si tu viens à crever la dalle de fou. Ou alors tu traqueras les cactus.
Après ta petite histoire sur Billy le caillou, qui est toujours dans ta poche au passage, et ton avenir incertain en tant que pièce de collection dans les galeries d'un monument quelconque, tu commences à cumuler. Azy, c'est la faute du soleil, c'est ça ? Dédaigneusement, tu craches par terre, défiant avec insolence ta conscience qui s'oppose à toi. Pd, va.

T'es d'ailleurs tellement occupé à t'embrouiller avec toi et toi bis dans ta tête que tu remarques pas la présence d'un pokémon dont tu raffoles. C'est seulement quand ses sortes de mandibules dégueu tâtent ta jambe que tu daignes à baisser la tête.

O...k. Pas de panique. C'est ce que tu te dis à chaque fois. Mais à chaque fois ben ça merde. Cette fois-ci n'y fait pas exception. Coup de pied retourné de ninja dans sa face et tu cours déjà au loin, les bras levés au ciel.

Le Kenneth sauvage prend la fuite.

modération:

Au final, cette course a empiré les choses au centuple. Bravo Morray. Bravo monsieur le monde.
Courbé, mains agrippées à tes genoux tremblants, la sueur gouttant sur le sable depuis le bout de ton nez et de tes mèches de cheveux, t'es au bout de ta vie. Tu sais plus quoi faire. Mais tu songes à faire demi-tour en croisant les doigts. Peut-être que t'auras plus de chance. De toute façon, si tu continues, tu vas rentrer en retard et tu pourras pas grailler. Chose que tu ne peux pas imaginer. Non, jamais. On ne saute pas un repas. Encore moins quand on revient d'une expédition du désert Delamor.

Incapable de te retenir davantage, tu sors ta bouteille d'eau. Quelques gorgées partent dans ta gorge et t'en recueilles un peu dans la paume de ta main pour la plaquer ensuite sur ta nuque. Tu sursautes sous la différence de température et de la sensation des perles froides qui coulent le long de ton dos pour t'arriver au creux des reins. Après quoi, tu retires ton marcel qui te colle à la peau pour le jeter sur tes épaules. Le temps d'une minute ou deux, tu te sens mieux, savoure cette fraîcheur éphémère. De quoi te faire soupirer d'aise.

Tu tournes les talons ensuite, regardant à l'horizon pour tenter de te repérer. Chose faite, tu reprends ta route mais en sens inverse. Bientôt, le soleil coulera lentement dans la voûte aux reflets ocres. Mais t'es vite arraché à ta contemplation. Un bruit de pas, un cri. Tu te retournes et tu le vois enfin. L'objet de ta convoitise, la raison pour laquelle t'es venu ici. UN. PUTAIN. DE. BAGGIGUANE. Comme celui que tu rêves d'avoir depuis toujours. Fous de joie, tu réfléchis pas à deux fois, te saisissant d'une de tes pokéball pour la lancer en l'air. Un halo de lumière, une forme canine et ton Dynavolt prend place devant toi.

Ok, c'est parti.

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