Marchant sur les feuilles automnales pourries, elle avançait dans cette obscure forêt, s'enfonçant un peu plus dans ces ténèbres effrayants. La chaleur ambiante l'étouffait, et sa gorge sèche criait son dû. Sa main se serra sur la bouteille en plastique presque vide, elle ne pouvait se désaltérer, elle s'en était bien trop abreuvé, et le précieux liquide avait fondu comme neige au soleil. L'eau se heurtait aux parois plastifiées dans un bruit sourd, alors qu'elle escaladait un monticule plutôt ardu. Des feuilles mortes étaient collées à ses semelles, et des mottes de terre humide restaient accrochés au tissu de ses chaussures. Elle jeta un regard méprisant envers ce sol humide qui lui causait bien des problèmes, puis reporta son attention sur le terrain escarpée qu'elle s'apprêtait à escalader. Des branches féroces étaient gardiennes de ce passage qui était pourtant son seul moyen de rejoindre ce terrain surélevé. Elle regarda avec une certaine perplexité le short qu'elle portait et les épines qui bordaient ces plantes fleuries. Elle toisa son ennemie avant de grimacer quand elle le poussa du bout des doigts. La protection de ces végétaux s'enfonça dans sa peau, lui arrachant une petite grimace qui fut instantanément remplacée par une arrogance et une fierté de son tour certes facile, mais qui avait porté ses fruits. Elle ramena son annulaire ensanglanté vers sa bouche, et le mordilla légèrement. Elle voulait que la petite plaie se caractérise rapidement, afin de ne pas avoir une cicatrice de cette escapade aussi bête que banale. Elle fit une grande enjambée et remonta le monticule avec plus de facilité cette fois-ci, bien qu'elle dût s'accrocher aux branches du chêne devant elle pour éviter de perdre l'équilibre qu'elle maintenant si fièrement à présent.

Tout autour d'elle semblait avoir évolué pour l'empêcher d'accéder à son salut, les branches écorchaient ses jambes nus avec tant de hargne qu'elle crû pendant un instant qu'elle s'agitait, alors que seul le vent provoquer ce tremblement. Les rayons du soleil filtraient à présent à travers les branches, provoquant des endroits lumineux alors que d'autres étaient plongé dans l'obscurité. Elle ne savait pas réellement dans quelle partie du bois elle s'enfonçait, mais un quelconque instinct enfoui la persuadait qu'elle allait dans la bonne direction. La fragrance de la pluie et l'odeur âcre des fleurs lui donnaient la nausée, et plusieurs fois, elle dut prendre une feuille pour se parfumer de son odeur si douce, contrastant avec celle nauséabonde qui régnait en maître dans cette partie de la forêt. Des cris de pokémons s'élevaient dans la forêt, qui contrastait fort avec le silence perturbant et captivant de cet endroit si vivant et pourtant si mort. Tout se jouait sur un numéro d'équilibriste alors qu'elle marchait sur le terrain sinueux d'un arbre tombé lors d'un violent orage, servant à présent de pont pour relier deux mottes de terre séparaient par un cours d'eau boueus et aujourd'hui desséché. L'écorce gargouillait d'insectes et de bestioles en tous genre, et elle ne voulait pas réellement savoir ce que cachait cette surface ronde qui devait sans doute être l'abri d'un Pokémon. Elle poussa une grimace de dégoût et continua son périple sans fin.

Ses bottines étaient à présent recouvertes de boue, cette dernière avait d'ailleurs séché laissant transparaître une fine croûte parsemée de quelques morceaux de feuilles. Le bois s'ouvrit devant elle, pour ne laisser qu'une petite prairie qui lui sembla emprisonnée dans une cage de troncs et d'écorce. Le soleil bordait de sa couleur vermeil l'herbe fraîche qui s'offrait à elle, faisant resplendir les gouttes qui perlaient sur ces plantes vertes. Elle ramena doucement sa main sur son front, se créant une visière de fortune afin de mieux contempler cette étendue plate et facile d'accès comme de traverser. Bien que l'herbe fût haute, même si ce n'était plus un grand défi pour elle après cette escapade, elle savait qu'elle s'en sortirait avec les jambes trempées dans le pire des cas. Elle déboucha sa bouteille d'eau et but de longues gorgées de ce liquide rafraîchissant. Bien que sa gorge voulût encore s'abreuver, elle éloigna ce récipient et le rangea dans le sac qui était sur son dos, et qui la faisait à présent regretter d'avoir rangé tant d'affaires dans ce morceau de tissu inutile. Pourtant, elle pressa fermement la lanière qui bordait son épaule lorsqu'elle enjamba le ruisseau qui séparait la forêt lugubre de cet espace ensoleillé. Dans un bond plutôt maladroit, elle atterrit dans un bruit sourd sur le sol verdoyant. Le soleil tapait ostensiblement contre son cou dénudé, cou qu'elle massa d'ailleurs avec une certaine douleur provoquée par la surchauffe de cette partie de son corps. Elle continua sa marche jusqu'au centre de cette clairière, où trônait un gigantesque chêne dont les branches s'étendaient sur plusieurs mètres.

Absorbé par la beauté de cette plante, elle sortit machinalement son appareil et prit en photo ce paysage de toute beauté. Lorsque son doigt pressa la détente, un flash lumineux se projeta sur le tronc. Elle cligna plusieurs fois des yeux, avant de reculer d'un unique pas et de s'enfoncer dans la boue derrière elle. L'herbe verte était noyée sous cette terre liquéfiée, et elle poussa une nouvelle grimace de dégoût quand elle sentit la matière se coller à sa peau. Elle secoua légèrement sa bottine, faisant virevolter des gouttelettes noirâtres autour d'elle. Les rayons vermeil et rassurant du soleil disparurent bientôt derrière le voile blanchâtre des nuages, et la clairière fut plongée dans une obscurité peu rassurante. Elle poussa un soupir, et tourna les talons, prenant soin d'éviter d'ailleurs la mare de boue devant elle. Elle s'arrêta, écouta quelques instants. Seul le sifflement du vent lui répondit, mais elle resta plantée là, sans bouger, sans respirer. Sa main se serra à nouveau sur sa lanière, main qui était rougie et couverte de cloques d'ailleurs. Ses cheveux blonds volèrent brusquement, elle tourna la tête en direction d'un buisson derrière elle. Une faible plainte s'en échappait, et des feuilles bougèrent légèrement. D'un bond, elle courut jusqu'à ce qui pouvait être son salut, l'unique raison pour laquelle elle était venue. S'accroupissant devant ce monticule verdoyant, elle poussa les branches pour accéder à l'auteur de ces cris. Elle retint son souffle, et fit disparaître d'un geste sec la branche sur le côté.