ien à y faire. L'ennui est décidément mortel, n'est-ce pas ? Vous pouvez bien me regarder de cet air inconscient et incompris, je n'y prête pas garde. Je pourrais bien m'amuser d'un rien, tel que je le fais chaque jour, tel que je vous ai habitué. Mais pas cette fois. Cette fois, je suis las, malade, ennuyé. J'ignore d'où vient ce mal, mais l'air frais et humide me fait du bien. Du coin de l’œil, j'aperçois Caïn qui court, s'arrête, arrache une tige d'herbe, et reprend sa course. Il tente de rejoindre mes pieds, escaladant maladroitement quelques roches. Vous ne vous êtes jamais habitué à cette présence, cet intrus qui vous semble curieux et malhabile. Et pourtant, vous avez soif d'autre chose. Quelque chose de nouveau, d'exotique, dirait-on. Vous savez, tout autant que moi, que ces terres sont occupées par des créatures que vous ne connaissez pas, que vous n'avez encore peut-être jamais eu l'occasion de voir dans les plaines de notre enfance. Peut-être que certaines silhouettes vous sembleraient familières, vaguement. Mais au-delà de cela, vous vous demandez sûrement de quoi ce petit être mauve pouvait bien être capable. Et je me le demandais tout autant.

J'ignorais combien de temps cela prendrait. J'ignorais, aussi, quels dangers je pouvais bien encourir. Peut-être n'étais-je pas prêt ? Mais cela me semblait bien impossible. Je soupirais, m'asseyant sur le rebord d'une roche plus plate que d'autres. Caïn était toujours derrière, heureux de cette semi-liberté que l'extérieur des murs de l'Académie lui offrait. Sans doute ne s'était-il pas encore habitué à la captivité, peut-être n'avait-il pas encore pris conscience des devoirs qui l'attendaient. Oui, nous allions combattre ; c'était, je crois, la seule façon de contrer cet ennui. La seule façon, aussi, de forger le petit corps frêle du Nidoran.

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e museau du Nidoran sembla s'agiter soudainement sous mon regard ennuyé. J'observais cette étrange mimique dont je n'avais pas l'habitude, avant d'apercevoir ses longues oreilles aller et venir de l'avant à l'arrière de son crâne. Je me rendis alors compte que son attention s'était posée sur une roche non loin, légèrement camouflée par un buisson de baies. Vous même pouviez constater les quelques feuillages qui s'agitaient sous un vent inexistant, avant d'en distinguer une paire d'yeux curieux. La créature ne semblait pas agressive, elle était simplement là, entre ses quelques feuillages. Je l'observais avec hésitation, essayant d'estimer le potentiel danger que je pouvais encourir. Pourtant, cette chose semblait inoffensive. Et, déjà, Caïn agitait une patte au sol avec hargne.

« Très bien. Caïn, attaque ! »

Le petit Nidoran poussa un couinement, que j'interprétais comme un cri de guerre. Probablement était-il enthousiaste à l'idée de démontrer sa force. Il n'avait, après tout, jamais eu l'occasion de se divertir ainsi, et je savais pourtant à quel point il savait faire preuve de violence. La boule mauve agita une patte en arrière, et fonça alors toutes cornes dehors, tête baissée, prêt à embrocher l'ourson qui lui faisait face. Mon regard attentif observait la scène, tandis que je sentais mes poings crispés et mes ongles marquer la peau de mes mains. Vous pouviez, sans mal, y déceler l'excitation que ce premier combat provoquait en moi ; un combat comme j'en avais tant vu, sans pourtant avoir eu l'occasion d'y prendre part. Mais cette fois, c'était mon tour. Et je comptais bien m'en tirer sans mal !

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