Une forêt interdite ? Quelle meilleure façon d'encourager les gens à aller quelque part que celle d'y apposer le mot "interdit" ? Les mains dans les poches, je marchais tranquillement à travers les troncs. Je sentais la présence de Moriarty derrière moi - l'ombre insectoïde, pas vraiment cachée, pas vraiment dévoilée non plus. Dangereux et méfiant.

« Sors de là, on craint rien ici. Quand bien même, les pokémons sont moins chiants que les élèves - et au moins, eux, on peut les frapper. Dans un duel, s'entend. Je n'étais pas violent avec les pokémons. Combien de fois n'avais-je pas rêvé de balancer Moriarty sur une gamine qui pleurnichait que son petit ami venait de la larguer pour une autre, que c'était l'homme de sa vie, et trois jours plus tard, la voir souriante et pimpante avec un nouvel héros ? C'était pathétique.

Moriarty se dressa à côté de moi. Nous avions tous deux maintes cicatrices sur le corps - nous avions un passé commun, celui de l'abîme et de la chute mortelle. Nous avions tous deux failli mourir, pour des raisons différentes et pourtant semblables dans ce fait que ce décès était en rapport avec une dépendance. L'amour, la drogue, la passion, l'ardeur, le bonheur en poudre, l'illusion blanche. J'eus un grognement et nous continuâmes d'avancer.

« Pour le moment, j'vois pas trop en quoi elle est interdite. Par contre, si j'y croise un élève, j'me ferais une joie de le foutre en colle. Petit rire goguenard. Ce serait plutôt drôle, comme situation. J'adorais me mettre dans les ennuis jusqu'au cou, mais ceux qui suivaient mes pas étaient tancés vertement. Faites ce que je dis, pas ce que je fais - incroyable dicton qui reflétait bien des réalités. En attendant, j'étais bien curieux de savoir quelles bestioles se terraient par ici. Je sentais Moriarty avec l'envie d'en découdre. Je caressais du bout des doigts les pokéballs vides à ma ceinture, et mon sourire s'accentua, figeant mes traits dans une grimace malhabile.

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Les troncs semblaient couverts d'une mousse verte étincelante. Je poussais un nouveau soupir et finis par m'asseoir sur un rocher tout aussi moussu. Le lichen était somme toute confortable - faudrait p'téte que j'conseille à l'école d'en mettre dans les matelas, vu le niveau de confort de ces derniers, on pourrait dormir à terre que ça serait moins pire. Je m'étirais délicatement et observais autour de moi. Silencieux, la forêt sembla s'adapter à ma présence, et quelques pokémons sortirent de leur cachette, quelques roucools et rattatas. Moriarty les toisait de haut, ombre dangereuse et mortelle. Je savais que ses bras en faux pouvaient être létaux. Mais je ne souhaitais pas spécialement combattre. Oh, certes, si je trouvais un pokémon intéressant ... Mais j'avais des conditions. J'aimais les pokémons martiaux, sachant se battre, à l'allure effrayante, ou combattive.

Dans un bruissement, Moriarty glissa sur le côté pour empêcher une petite silhouette frêle de s'approcher de moi. Mon regard coula vers le bas, l'encre de mes iris se fendit d'une lueur appréciative. Un petit tarsal ! Il leva son visage vers nous et pencha la tête sur le côté, d'une façon attendrissante - enfin, pour toute personne normale. Je ne trouvais pas ça mignon. Mais je songeais aux compétences de ce pokémon, et je sentis qu'un bon combat ferait du bien à Mori.

« Petit, on va combattre.

Ce n'était pas une proposition. Mori leva son museau en l'air et poussa un cri guttural, le son d'un être qui s'apprêtait à se défendre, à se battre de toute sa vivacité. Je restais assis tandis que le petit Tarsal en face de nous se mettait en position, de toute évidence décidé à ne pas se laisser faire. Bien. J'aimais quand les pokémons se montraient indociles et farouches. Sauvages. Les pokémons domestiqués, de façon à ressembler à des jouets plus qu'à des êtres, me soulevaient le coeur.

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Moriarty n'attendait que cela - la violence d'un combat, le déchaînement des sens. Il frotta ses grands bras en forme de faux l'un contre l'autre dans un crissement qui me laissa indifférent mais qui sembla intimider le tarsal face à nous. Puis, je lui permis de débuter d'un hochement de tête. Rapide comme un éclair vert, Moriarty bondit - un glissement de l'être, et il percute l'adversaire qui roule en arrière, et riposte d'un Rugissement. Un cri qui s'élève, dans le brouhaha forestier. Un hurlement qui fait s'ébrouer l'insécateur, qui durant quelques secondes, a l'air incertain.

« Encore une fois. Je l'encourage doucement, et mon regard se pose de nouveau sur le tarsal. L'une de ses évolutions les plus intéressantes reste le gallame. Un pokémon à l'allure chevaleresque et combattive. De nouveau, Moriarty s'élance, dans un bond rapide et agile. Et cette fois, c'est la dernière. Le tarsal roule sur lui-même, et se laisse tomber au sol. Il gémit, se débat une seconde, puis retombe. Le combat est fini. D'un geste de la main, je fais comprendre à Moriarty de se mettre sur le côté. Il se tient debout, le regard dédaigneux envers la petite créature qui ne l'a guère mis en difficulté. « C'était intéressant. Mais tu ne faisais pas le poids. Néanmoins, je te propose ceci - rejoins moi et je ferais de toi mon ami et un grand combattant. Qu'en dis-tu ?

Je sors de ma ceinture une pokéball. La sphère bicolore roule dans ma main, froide et métallique. Puis, j'appuie de l'index sur le bouton déclencheur et la lance. Dans un éclair rouge, la pokéball fait disparaître le tarsal. Je lève le menton, bravache - comme pour mettre au défi le petit pokémon de refuser mon offre.

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