Six feet under.

Finalement, après dix bonnes minutes à chercher ardemment cette foutue pokéball, tu finis par te rendre compte que le spectrum la planque derrière lui depuis le début. Tu décides donc de le mettre dans la sienne, histoire qu’il médite sur sa connerie et cesse un peu de t’importuner. Leviathan, lui, a enfin pu se libérer de tous ces grindurs qui l’agressaient à son insu en retournant dans sa confortable petite pokéball. Un tour au centre pokémon, pour lui au moins, ne sera donc pas refus.
Tu décides aussi de changer de compagnon, maintenant que Ghost est « puni ». Tu choisis tout naturellement ton starter qui se cale dans l’ouverture de ta veste.

Sur le chemin, une étincelle attire votre attention. Tu aperçois alors un énorme mygavolt entrain de gratter le sol. Tu hésites. Un mygavolt, c’est un excellent moyen de compenser le défaut principal de ton équipe ; sa lenteur –en dehors de Ghost, évidemment-. Il peut apprendre Toile gluante, ce n’est pas négligeable. Mais étant donné ta petite, ridicule, réserve de pokéballs et d’hyperballs, tu préfères passer ton chemin discrètement.

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Six feet under.

Tu continues d’avancer, te retournant parfois avec l’espoir –un peu fou faut se l’avouer- d’apercevoir la lumière du jour. Après plus d’une heure enfermée sous terre, ton envie de retourner à l’extérieur se fait ressentir. Tu hésites à faire demi-tour mais préfères finalement chasser cette drôle de claustrophobie de ta tête et continuer.
Bug te tient avec ses petites pattes dans le revers de ta veste, se laissant bercer au rythme de tes pas. Il ferme les yeux mais reste attentif aux mouvements alentours. Alors fatalement, lorsqu’il sent la présence d’un pokémon, il s’agite. Tu scrutes rapidement les alentours et aperçoit un kadabra entrain de creuser avec sa cuillère un trou dans le sol pour y poser un œuf. Tu préfères faire demi-tour plutôt que de passer discrètement devant. Une mère qui se sent en danger est bel et bien le pire des ennemis. Bug semble du même avis puisqu’il se cache la tête contre toi, dans une tentative un peu curieuse de se dissimuler.

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Six feet under.

Faut pas se faire d’illusion, s’enfoncer dans les profondeurs d'une grotte ne t’aidera pas pour trouver ce que tu cherches. Ça t’épuise, aussi bien physiquement que mentalement, ça te donne l'envie d'un petit break. Alors tu cherches un coin tranquille dans les galeries pour te poser, tu tournes en rond quelques bonnes minutes dans les couloirs sans rien trouver. Tu renonces donc et t’assois par terre. Ton galekid en profite pour se dégourdir les pattes.

▬ Quand t’évolueras, il faudra vraiment qu’on te trouve un nouveau surnom.

Tu lâches en te grattant le haut du crâne. Un galegon qui s’appelle Bug, c'est pas très coquet, il faut se l’avouer. En même temps, tu te dis que tu t’imagines mal l’appeler autrement. Depuis les quelques mois où vous êtes ensembles, c’est le premier sobriquet qui t’est venu –plus pour le faire chier sur sa taille ridicule qu’autre chose-. Maintenant c’est une appellation affectueuse, c’est ton petit machin mignon-.

▬ T’as faim peut-être ?

L’intéressé relève immédiatement la tête lorsque tu l’interpelles. Il grattais la terre pour trouver une quelconque nourriture, certainement. Tu sors des petites pièces métalliques, les lui tends. Le malheureux les gobe sans demander son reste.
Tu en profites pour te remplir l’estomac aussi. Pas en mangeant, non –impossible dans tous les cas, Ghost a tout bouffé, cette saloperie- mais en buvant, une bouteille d'un litre que tu torches quasiment d’une traite. C’est que ça vous assoiffe un homme, ramper sous terre toute une journée. En espérant que ça vaille tout le mal que tu te donnes pour le trouver, ce satané griknot.


Tu gardes un œil attentif sur les environs, alerte au cas où un pokémon ramènerait sa fraise pour interrompre votre gouter improvisé –quoi que t’as plus trop l’âge pour le gouter-. Le calme plat seul vient s’incruster au casse-croute.


Finalement résolu pour prendre un vrai break –le genre qui se compose du manger, du roupillon et du repos en général-, tu te poses contre la paroi froide, t’étalant sur le sol. Pas confortable, je vous l’accorde mais ça te permet un petit instant repos pour toi et tes guibolles, souffler un peu, c'est bien agréable.
Bug semble approuver puisqu’il se blottit contre toi, entre ton bras et ton flanc.

▬ Je pourrai m’amuser en trouvant des nouveaux des surnoms pour vous tous. C’est pas super tout ça.

Bug ne répond que par un bref soupir.

▬ On va méditer ça. J’demanderai à Crystal. Parce que Ghost, c’est pas très innovant pour un pokémon spectre aha.

Un rire nerveux t’échappe. C’est du même niveau que Leviathan pour un leviator. Désormais tu prendras ça un peu plus au sérieux.
Ouais, non, tu ne veux pas refaire quelque chose d'aussi ridicule qu’avec Noodle. Noodle, sérieusement ?

Ta pensée est interrompue par quelque chose, un souffle te chatouillant l’épaule, remontant jusqu’au niveau du cou, puis s'évanouissant plus haut. Tu lèves les yeux, apercevant un polichombre juste au-dessus. Tu te fais silencieux, te demandant si le pokémon t’a vraiment remarqué. Il fouille dans ton sac, ricane d’une manière curieuse –sauf si un branette se planque pas loin- puis continue sa route.

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Six feet under.

Malgré le passage du polichombre, tu as pu taper un petit roupillon, semblant de sieste pour te requinquer. Dix ou quinze minutes, guère plus, avant que Bug ne te réveille. T’as l’habitude de voir sa trogne au réveil –puisque c’est lui qui se charge de remplacer l’alarme censée remplir ce rôle, inutile petite alarme- donc ça te perturbe pas. Tu te lèves, t’étires, lâches un juron ou deux parce que pioncer comme ça, c’est un coup à vous chopper des courbatures –et oui, même pour dix minutes-.
Sac jeté sur l’épaule, te revoilà dans la course au griknot.

Le galekid marche à tes pieds, tranquillement. Il est déjà bien plus calme que Ghost, plus supportable aussi. Tu te surprends d’ailleurs de ce constat en avançant. Le moutard serait devenu sage ? C’est vrai qu’il n’a rien à voir avec la connerie vivante qu’est ton spectrum mais tout de même, il a toujours eu une petite tendance à aller vers la bêtise. Le temps en ta compagnie l’a sans doute rendu plus sage, moins casse-cou.
Durant tout le chemin, tu as l’impression d’être suivi, aussi. Une présence que tu ressens comme celle du polichombre venu te taxer de la bouffe plus tôt. Peut-être croit-il que te suivre lui apportera davantage de nourriture ? Pas sûr. Mais dans tous les cas, tu ne te retournes pas pour vérifier l’identité du stalker -persuadé qu’il ne s’agit pas d’un griknot rien que par l’absence de bruit de pas- intimant à ton galekid d’accélérer le pas pour le semer.

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Six feet under.

Le polichombre n’a pas suivi longtemps. Du moins, c’est ce que tu supposes tandis que cette sensation d’être observé s’atténue, pour disparaitre. Même Bug semble plus tranquille tandis qu’il se promène, quelques pas devant, tout à fait à l’aise dans cet environnement. Tu te demandes s’il ne vient pas d’ici d’ailleurs. C’est ton père qui t’a offert ton premier pokémon –malgré ses réticences et réserves concernant ton désir de devenir dresseur- et il ne s’agissait pas là d’un œuf. Une question à élucidée plus tard, peut être que ta mère est au courant de quelque chose à ce propos. Inutile de demander à ton paternel, il ne te répondra surement pas.

Sur le chemin, tu croises un nouveau mygavolt. Celui-ci semble plus agressif que le premier, te menaçant de quelques gerbes électriques pour que tu t’écartes de son chemin. Pourtant, lorsque Bug lui grogne dessus, le pokémon insecte rabaisse le caquet vous regarde passer en se cachant derrière une poignée de caillous.

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Six feet under.

Tu continues de progresser tranquillement dans la grotte, sifflotant un air aléatoire, ne faisant guère attention au bordel que tu peux faire. En fait, tu fais surtout du bruit pour attirer du monde –et optionnellement pour combler le silence oppressant de la grotte-. Ça a l’air de fonctionner de toute évidence. Ton galekid, lui, n’y prête pas la moindre attention, il fait simplement des allers-retours en courant, en vérifiant qu’il n’y a pas de pokémon. Il revient plusieurs fois sans se presser, très tranquillement, de toute évidence il n’y a rien. Puis, arrive la fois où il revient pleine bourre, au triple-galop, visiblement paniqué. Tu jettes un œil, apercevant alors un énième grindur prêt à attaquer. Tu décides de suivre ton pokémon et de faire demi-tour pour emprunter la galerie d’à côté en trottinant. Lorsque tu rejoins le galekid, il est tout essoufflé. Tu vérifies qu’il ne soit pas blessé avant de le porter, le temps qu’il reprenne son souffle.

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Six feet under.

Tu t’épuises, malgré ton petit break, trainant des pieds à mesure que tu progresses sur le chemin. Est-ce bien raisonnable de s’attarder autant ? Est-ce que ça ne vaut pas mieux de rebrousser chemin et retenter avec un stock plus confortable d’hyperballs ? C’est vrai qu’à la réflexion, deux c’est léger, très léger. Tu hausses les épaules, encore un peu ça ne te tuera pas. C’est donc ainsi que tu avances, jusqu’à ce que tu tombes dans un cul de sac. Génial. La décision est irrévocable au moment où tu jettes un œil à ton téléphone, histoire de consulter l’heure. Il se fait tard, le temps de rentrer et t’as le couvre-feu dans le baba. Tu décides donc de prendre le chemin du retour. Griknot, ce sera pas pour aujourd’hui.
Tu colles tes écouteurs dans tes oreilles, tu sélectionnes une playlist au hasard avant caler de nouveau ton starter dans ton gilet. T’es tellement absorbé par la musique que tu ne remarques même pas le charpenti à côté duquel du passe, malgré le fait qu’ils se soient littéralement défiés du regard avec ton galekid.

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Six feet under.

Le retour te parait moins agité que l’aller. Il y a moins de pokémons, du moins à ton sens puisque tu n’y prêtes que bien peu attention, plus préoccupé à l’idée de retourner au bercail avant le couvre-feu. T’es pas un féru de toutes ces histoires de règlement mais tu t’essayes à le respecter en général, si c’est possible. Tu n’auras qu’à retenter le week end d’après, à la limite. T’avais dit à ta mère que tu passeras la voir au centre pokémon de Balendorn vite fait, ça te donnera une raison de plus de te motiver à sortir dehors.
Sur le chemin, tu prêtes tout de même une attention toute particulière au sol, regardant tes pieds pendant que tu marches au cas où un grindur viendrait encore t’agresser les orteils. Tu y es quand même un peu attaché, à ces machins-là, tu ne veux donc pas les perdre dans un aussi ridicule accident.

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Six feet under.

Finalement t’arrives vers la sortie de la grotte, un peu déçu de repartir bredouille mais pas mécontent non plus de retrouver la lumière du jour. T’éteins ta lampe, cette dernière n’ayant plus son utilité désormais que la cavité est éclairée par la lumière du soleil. D’ailleurs, tu remarques bien que le jour commence à tomber, t’auras tout juste le temps de rentrer à l’académie pour l’heure du repas.
Pourtant tu t’arrêtes en apercevant un kadabra à l’allure peu commune. Il n’est pas chromatique non, mais il n’a pas l’air sage et sérieux qu’on les autre de son espèce. Il semble plus farouche et au lieu d’une cuillère, il a une pelle entre les mains. Un mouton noir.
Ton occasion de ne pas rentrer bredouille.

Autant le kadabra de tout à l’heure ne t’avait pas inspiré d’intérêt. Autant celui-ci t’intrigue grandement. Tu décides d’envoyer Leviathan. Tu vas le capturer, d’ailleurs tu ne penses pas que tu auras trop de mal à le faire.

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Six feet under.

Le kadabra à la pelle se défend comme il peut avec une attaque psychique assez puissante, un truc du genre Rafale Psy qui fait quelques dégâts chez son adversaire. Mais la contre-attaque de Leviathan est autrement plus dévastatrice. Un coup d’hydroqueue et le pauvre pokémon ne tient même plus sa pelle entre ses pattes. T’en profites donc pour utiliser une pokéball et le capturer. Elle bouge une, deux, trois fois avant de s’immobiliser dans un petit éclair. Tu sais ce que ça veut dire, la capture est une réussite.
Tu t’approches de la pokéball pour l’attraper après avoir rappelé ton leviator. Tu lui trouveras un nom plus tard. En attendant tu dois de te dépêcher pour rentrer si tu ne veux pas avoir à aller te coucher sans rien dans le ventre. Pas que t’as faim mais ça creuse de courir après un griknot tout un après-midi pour finalement repartir avec un kadabra équipé d’une pelle.

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